La réinsertion au bout du poste à souder

La réinsertion au bout du poste à souder

13 août 2018

Éducation et formation Emploi et travail

Les huit stagiaires ont accueilli les initiateurs du projet dans « leur » atelier, au Camp-Est.

Les huit stagiaires ont accueilli les initiateurs du projet dans « leur » atelier, au Camp-Est.

C’est une première. Une formation soudure a démarré dans l’enceinte du Camp-Est, lundi 13 août. Impulsé par Jean-Louis d’Anglebermes, vice-président et membre du gouvernement en charge de la formation professionnelle, ce stage de deux mois permettra à huit personnes incarcérées d’acquérir les bases du métier de soudeur. Objectif : les aider à s’insérer à leur sortie de prison.

 

 

La formation professionnelle prend ses quartiers au Camp-Est. Pour marquer cette première expérience intra muros, tous les acteurs qui ont permis l’aboutissement du projet étaient réunis lundi matin 13 août dans les ateliers du service technique. Huit stagiaires volontaires ont été sélectionnés par la direction du Camp-Est et le Service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) pour suivre une formation PNE soudure (premier niveau employabilité soudure), pendant deux mois.

Un vrai plateau technique

« Si cette formation a pu se concrétiser, c’est grâce à tous les gens qui se sont mobilisés et qui sont présents aujourd’hui », lance Jean-Louis d’Anglebermes. Financé par la direction de la Formation professionnelle continue (DFPC) pour 4,255 millions de francs, ce stage est dispensé par l’Établissement de formation professionnelle des adultes (EFPA). Jean-Christophe Cardeilhac, son directeur, précise : « L’EFPA met à disposition un formateur et du matériel : huit postes à soudure et le système d’aspiration ont été acheminés depuis le pôle de Bourail, pour les deux mois de formation. C’est un vrai plateau technique. »

Huit cabines de soudage ont été aménagées par les détenus travaillant au service technique.

Huit cabines de soudage ont été aménagées par les détenus travaillant au service technique.

 

« Nous positionner à l’extérieur »

Marc Lamotte, formateur depuis 17 ans, donnera sa première formation dans une enceinte pénitentiaire. « Ce public n’est pas différent de celui de l’EFPA. C’est un groupe très homogène, de tous âges et ethnies. La formation est surtout pratique, pour obtenir une licence soudure à l’arc. Les plus vieux vont driver les plus jeunes. » Car quatre des huit stagiaires travaillaient déjà au service technique du Camp-Est pour l’entretien du site – réparations, espaces verts, etc. Ils ont entièrement installé l’atelier, avec huit cabines de soudage. Pour l’un d’eux, « on est un peu les parrains pour ceux qui rejoignent l’atelier. Cette formation, elle va nous positionner à l’extérieur. Ça ne peut être que bénéfique pour plus tard. »

« L’administration pénitentiaire a apporté 6 millions de francs dans ce projet, ajoute Régis Baudoin, directeur du centre pénitentiaire. Mais le plus important, c’est le côté humain. J’espère que ces huit stagiaires pourront, à leur sortie, trouver un emploi et ne plus revenir en prison. »

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Vers une formation qualifiante

« Le SPIP est engagé dans les politiques d’insertion, appuie son directeur, Jean-Claude Eliac. Et la formation professionnelle est importante, parallèlement à l’accès à la culture ou au droit. Notre objectif est de faire en sorte que les personnes sortent dans des conditions meilleures que lorsqu’elles sont entrées. »

Les huit bénéficiaires de la formation, en fin de peine, ont été sélectionnés parmi de nombreuses candidatures. En plus de manifester un intérêt pour la soudure, il fallait « s’inscrire dans la dynamique de groupe et, comme dans une entreprise, respecter la sécurité, le formateur, l’environnement de travail... » précise Régis Baudoin, qui « remercie le gouvernement » en lançant à son représentant « on compte sur vous pour réitérer l’opération en 2019. »

Jean-Louis d’Anglebermes compte bien répondre présent, mais souhaite « veiller à ce que ce début de formation soit suivi d’une formation qualifiante jusqu’à l’insertion. Le GIP formation sera missionné pour assurer un suivi. » Et en s’adressant aux huit hommes en combinaison bleue, il conclut : « Vous allez donner de l’espoir aux autres ! »

315 heures de formation

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La formation PNE soudure se déroule sur un total de 315 heures, à raison de 35 heures par semaine. Elle se compose de deux modules : un module d’accueil d’une semaine consacré à l’évaluation des stagiaires et à la présentation des règles de sécurité ; et un module de 280 heures au cours duquel les stagiaires apprendront à souder à plat des ouvrages métalliques.

Les détenus qui suivent cette formation bénéficient, pendant la durée de celle-ci, d’une indemnité de 15 414 francs par stagiaire et par mois.

 

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