Le chômage stable en 2018

Le chômage stable en 2018

16 mai 2019

Économie Emploi et travail

Le taux de chômage chez les moins de 30 ans est passé à 28 % en 2018.

Le taux de chômage chez les moins de 30 ans est passé à 28 % en 2018.

Fruit d’une convention entre l’Institut de la statistique et des études économiques (ISEE) et le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, la deuxième enquête sur les forces de travail (EFT) en Nouvelle-Calédonie a livré son verdict. Principale information, le taux de chômage reste stable en 2018, à près de 12 %.

 

 

Cette enquête sur les forces de travail répond à une demande du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. « Entre les données de l’enquête administrative de l’IDC-NC qui donnait un taux de chômage de 7 à 8 % et le dernier recensement de la population annonçant un chiffre autour des 15 %, du simple au double, le gouvernement souhaitait disposer d’un outil plus fiable pour pouvoir mieux suivre l’évolution du marché de l’emploi, indique Magda Bonal-Turaud, directrice du Travail et de l’emploi. La fréquence annuelle de cette enquête permet en outre d’évaluer plus finement les effets que produisent, ou pas, les différentes mesures prises ».

En 2018, la population active en Nouvelle-Calédonie représente 126 000 personnes, âgées de 15 ans ou plus. Elle se compose de 111 000 actifs occupés, salariés ou non, et de 15 000 chômeurs. On dénombre par ailleurs 92 800 inactifs (retraités, personnes au foyer, étudiants), soit 35 % de la population en âge de travailler.

6 000 inactifs supplémentaires

85 % des Calédoniens travaillent à temps complet, 15 % à temps partiel. « On constate que 6 personnes sur 10 vivent un temps partiel subi – loin de l’image où il correspondrait à un choix – dont 2/3 de femmes qui aimeraient travailler davantage, tout comme de nombreux jeunes », précise Olivier Fagnot, directeur de l’ISEE.

De 2017 à 2018, le taux d’activité des 15-64 ans s’établit à 65 %, en recul de deux points, alors que le taux d’emploi baisse lui aussi de deux points. Si on note 2 000 inactifs en moins en un an, on déplore dans le même temps une augmentation du nombre d’inactifs de 6 000.

Un “halo” autour du chômage

Le taux de chômage, lui, s’élève à 11,9 %, stable par rapport à 2017 (11,6 %). Il concerne 15 000 personnes auxquelles s’ajoutent 10 300 inactifs qui souhaiteraient travailler, soit au total 25 300 personnes sans emploi (13 % des 15-64 ans). « Dans 8 cas sur 10, les personnes inactives se déclarent disponibles mais ne mènent pas de recherche active (petites annonces, sites internet, bouche à oreille, inscriptions sur les listes de placement…), car elles sont en formation, en arrêt maladie, en attente de résultats à un concours, etc., poursuit Olivier Fagnot. Elles forment ce qu’on appelle le “halo” autour du chômage ». 

Néanmoins, une personne sur quatre classée dans ce halo avoue avoir cédé au découragement et abandonné les recherches. Et l’idée de pouvoir être insérée professionnellement. « Remettre le pied à l’étrier à des personnes très éloignées de l’emploi reste fondamental, explique Philippe Martin, directeur de la Formation professionnelle. Il y a un vrai travail de remobilisation et de remise en confiance à mener, comme nous le faisons avec le dispositif Spot, notamment à travers l’acquisition des savoir-être nécessaires à une vie de salarié en entreprise ».

Augmenter le volume des formations

Supérieur à la moyenne nationale (9 %), le niveau de chômage reste néanmoins bien inférieur à celui en vigueur dans les autres territoires et départements français d’outre-mer : 15 % en Polynésie française, 18 % en Martinique, 19 % en Guyane, 23 % en Guadeloupe, 25 % à La Réunion et… 35 % à Mayotte ! Avec un écart entre hommes et femmes quasiment réduit à néant (3 points d’écart en 2017) mais aussi un taux de chômage passé de 25 à 28 % chez les moins de 30 ans. Répondant à des demandes exprimées par certains syndicats et partis indépendantistes, l’enquête s’est d’autre part penchée sur les spécificités de la communauté kanak en termes d’emploi. Confrontée à un niveau de qualification moins élevé (le diplôme demeure « un rempart contre le chômage ») et à la jeunesse de sa population, elle enregistre un taux d’activité de 59 %, en retrait de 6 points de 2017 à 2018, un taux d’emploi qui recule de 9 points et un taux de chômage de 18 %, proche de l’année précédente et moins élevé chez les femmes.

« Nous devons continuer l’effort de qualification et de diplomation, reprend Philippe Martin, en particulier en direction de la population kanak. Si le taux de chômage des jeunes progresse alors même que nous concentrons nos efforts sur ce public cible, cela signifie aussi que notre capacité à répondre à ce défi est insuffisante. Nous devons donc nous poser des questions sur les moyens nécessaires et les volumes de formations et de diplômes à mettre en œuvre pour corriger ces résultats ».

De gauche à droite, Philippe Martin (DFPC), Olivier Fagnot (ISEE) et Magda Bonal-Turaud (DTE).

De gauche à droite, Philippe Martin (DFPC), Olivier Fagnot (ISEE) et Magda Bonal-Turaud (DTE).

 

Plus de 7 000 personnes interrogées

Également appelée « enquête emploi », l’enquête sur les forces de travail a pour objectif  de produire des indicateurs annuels de mesure du chômage et de l’emploi. Financée par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, elle s’appuie sur les normes du Bureau international du Travail (BIT), ce qui garantit la comparabilité des résultats entre les différents territoires français et européens. Elle est prévue sur un cycle de trois ans, avec renouvellement d’un tiers de l’échantillon chaque année. De juin à décembre 2018, et menée par 18 enquêteurs sur les trois provinces, la deuxième édition concernait 3 379 ménages et 7 178 répondants, âgés de 15 ans ou plus, interrogés en vis-à-vis. Un gros échantillon à l’échelle du pays. La troisième enquête du cycle est déjà en cours de collecte.

Un chômeur, c’est quoi ?

 

Dans le cadre de cette EFT, un chômeur est une personne de 15 ans et plus qui :

- a recherché activement un emploi durant les quatre semaines qui ont précédé l’enquête ou qui en a trouvé un commençant dans moins de trois mois ;

- n’a pas du tout travaillé au cours de la dernière semaine ;

- est disponible pour prendre un poste dans les 15 jours.

Si la personne ne réunit pas ces trois conditions, alors elle est considérée comme inactive, pas comme un chômeur.

Définitions

 

- Le taux d’activité est le rapport entre le nombre de personnes en activité et la population totale en âge de travailler.

- Le taux d’emploi est le rapport entre la population active occupée et la population totale en âge de travailler.

- Le taux de chômage est la proportion du nombre de chômeurs parmi la population active.

Le recensement pour bientôt

Opération phare de l’ISEE en 2019, le prochain recensement général de la population se déroulera du 10 septembre au 7 octobre 2019. Il est confié par l’INSEE à l’ISEE. Venu de Métropole pour quatre mois, un chef de mission encadrera seize superviseurs, lesquels manageront 73 contrôleurs qui auront 870 agents recenseurs sous leur responsabilité, tous recrutés localement comme les contrôleurs. Durant cette période, le taux de chômage en Nouvelle-Calédonie diminuera de façon importante… mais ponctuelle. Comme tous les cinq ans pendant un mois.

 

 

 

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