Triste saison pour nos forêts
La saison administrative des feux de forêts (SAFF), qui a démarré le 15 septembre, s’est achevée le 15 décembre 2017. Entre les écobuages mal maîtrisés, les incendies volontaires, la sécheresse, la force et la récurrence des vents, le bilan est lourd. Le triste record de 2015 (11 849 hectares détruits) a été battu, avec 12 979 hectares partis en fumée.
Les départs de feux (432 au total) ont été les plus importants en province Sud (65 %) : 282, contre 372 en 2015, mais pour une surface brûlée de 6 364 hectares, contre “seulement” 4 911 ha il y a deux ans. Mais c’est la province Nord qui a été la plus impactée, avec 6 602 ha détruits (pour 142 départs de feux). Avec, à la clé, des conséquences environnementales catastrophiques.
En trois mois, le plan ORSEC de niveau 2 a été activé à neuf reprises par le président du gouvernement. Trois fois en province Nord : Karembe (Koumac) du 14 au 16 octobre, 562 ha impactés ; Kaala-Gomen, les 17 et 18 novembre, 770 ha ; et Poya, du 1er au 4 décembre, 260 ha. Six fois en province Sud : Pic aux Chèvres (Dumbéa) ; Tamoa et Tontouta (Païta) ; Saint-Louis (Mont-Dore) ; mais surtout sur la zone Bangou-Koumédio, où il a été déclenché du 19 au 24 octobre puis du 30 octobre au 4 novembre. Un incendie géant qui a mobilisé l’ensemble des moyens de secours disponibles en Nouvelle-Calédonie (près de 250 personnes), encadrés par la direction de la Sécurité civile et de la gestion des risques (DSCGR). Ils ont lutté au péril de leur vie afin de venir à bout des flammes, lesquelles auront détruit plus de 2 000 hectares de végétation. Trois des jeunes incendiaires, après avoir avoué leur forfait, ont écopé de peines d’un an et deux ans d’emprisonnement.
Des hommes éprouvés
« Ce fut le feu le plus compliqué à maîtriser, celui qui a engagé le plus de moyens, tant terrestres qu’aériens, confirme le capitaine Danilo Guépy, directeur adjoint de la DSCGR. Un feu d’autant plus délicat qu’il a fallu héliporter les personnels sur la zone inaccessible de Koumédio ». Le découragement face à l’inconscience d’une partie de la population ne respectant pas les interdictions au cours d’une période à risques, et le sentiment de révolte suscité par la bêtise de quelques pyromanes ont entamé le moral des hommes. « La saison avait démarré depuis longtemps, les sapeurs-pompiers étaient fatigués, parfois à bout de forces. Ce feu aura permis de voir que l’on touchait les limites en termes de potentiel humain. »
Deux nouveaux camions citernes
Raison pour laquelle Philippe Germain a décidé d’en appeler à la solidarité nationale en réclamant des renforts à l’État. Très vite, un détachement spécialisé d’intervention, composé de 27 sapeurs-sauveteurs, tous issus des formations militaires de la sécurité civile et spécialement entraînés aux missions de secours, débarquait sur le sol calédonien. Aussitôt déployés sur Koné et Païta, ils sont intervenus sur une vingtaine de feux et sont restés un mois.
Pour l’année prochaine, la DSCGR continue de s’équiper. Un nouveau camion citerne feux de forêt moyens (CCFFM) d’une capacité de 4 000 litres a été réceptionné ces jours-ci. Un engin du même type est annoncé pour début 2018. Ce qui portera à sept le nombre de véhicules adaptés à la lutte contre les feux de forêts en Nouvelle-Calédonie. Espérons que la SAFF 2018 sera moins dramatique.
Le PC de l’Union d’intervention de la Sécurité civile, le 19 octobre lors des feux à Tontouta.
D’autres chiffres
- 432 départs de feux dont 65 % en province Sud, 33 % dans le Nord et 2 % aux Loyauté. Soit une baisse de 16 % par rapport à 2016 et de 44 % par rapport à 2015.
- Une superficie brûlée de 12 979 ha, en augmentation de 49 % par rapport à 2016 et de 9 % par rapport à 2015.
- 67 % des feux inférieurs à 4 ha chacun (soit 279 feux).
- 31 feux supérieurs à 100 ha chacun, qui représentent 76 % de la superficie brûlée totale (9 805 ha).
