Mieux comprendre le changement climatique

Mieux comprendre le changement climatique

04 juillet 2019

Environnement et énergie Francophonie Relations extérieures

David Wilgenbus a dispensé au Creipac une formation de 18 heures à des enseignants du 1er degré.

David Wilgenbus a dispensé au Creipac une formation de 18 heures à des enseignants du 1er degré.

En collaboration avec le Creipac*, le gouvernement a invité David Wilgenbus en Nouvelle-Calédonie du 1er au 13 juillet pour animer des ateliers, sur le Grand Nouméa et à Lifou, autour du thème “Océan et changement climatique”. Astrophysicien de formation et ancien élève d’Hubert Reeves, ce scientifique est le délégué exécutif de la fondation « Office for Climate Education » qui œuvre à l’éducation au changement climatique.

À quoi est due l’acidification des océans ? A. aux déchets plastiques ; B. à la hausse des températures ; C. à la prolifération des algues ; D. au fait que l’océan est un puits de carbone. La bonne réponse est naturellement la dernière, et la quinzaine d’enseignants du 1er degré qui suivent ce matin au Creipac la formation de trois fois six heures dispensée par David Wilgenbus ne se sont pas trompés ! Ils viennent des écoles Ernest-Risbec, Marie-Havet, Michel-Amiot… ou autre Marguerite-Arsapin. Et même d’Auckland comme cette conseillère pédagogique. Le public visé, à travers eux : leurs élèves, en classe de CM1, CM2 ou 6e.

Directrice du Creipac, Valérie Meunier avait entendu parler de David Wilgenbus, une “tronche” qui maîtrise parfaitement son sujet tout autant que les difficultés des professeurs à proposer des apprentissages au changement climatique simples. Alors, en septembre 2018, lors du 11e Forum francophone du Pacifique, il est venu animer deux ateliers à destination des enseignants : l’un à Nouméa, l’autre à Port-Vila. Rebelote cette année, à Nouméa, au Mont-Dore, à Auteuil et Lifou. Depuis deux ans, David Wilgenbus est délégué exécutif d’une fondation, « Office for Climate Education », basée à Paris et qui intervient aux quatre coins de la planète sur l’apprentissage du changement climatique à l’école primaire, au collège et au lycée, établit des ressources pédagogiques pour les enseignants, les forme et les accompagne.

Les larmes de la mer…

C’est la raison du retour du formateur en Nouvelle-Calédonie, financé en grande partie par le gouvernement, autour du thème « Océan et changement climatique ».  « Comme disait le Cardinal de Richelieu il y a près de quatre siècles, “les larmes de nos souverains ont le goût salé de la mer qu’ils ont ignorée”, souligne Bernard Deladrière, membre du 15e gouvernement, notamment en charge de la francophonie. Les pays insulaires du Pacifique Sud et la Nouvelle-Calédonie sont désormais touchés par les effets du changement climatique et ces évolutions nécessitent dès à présent de renforcer la résilience et l’éducation des plus jeunes à ces problématiques ».

« Cette formation a un double objectif, explique David Wilgenbus. Donner aux enseignants des bases solides sur le thème du changement climatique qu’en général ils connaissent très peu, et les familiariser avec les pédagogies actives. L’idée est de leur montrer concrètement comment mettre en place des activités centrées sur les initiatives des élèves et leur autonomie, comment les guider vers un apprentissage efficace ».

Des erreurs dans les livres !

L’an dernier, la plupart des “stagiaires” découvraient totalement la thématique. Les deux tiers de la “promotion” 2019 en sont issus. Comme Xavier Anselot, enseignant en CM2 à l’école Yvonne-Dupont, qui cette année approfondit ses connaissances, notamment en matière de biodiversité. « Cette formation qui nous aide à monter des projets en classe est pour nous une chance inouïe. Depuis l’an dernier, notre compréhension des mécanismes qui amènent au réchauffement climatique a évolué, maintenant on a une compréhension fine qui nous évite de raconter des bêtises aux élèves. On se rend compte que les livres comportent parfois des erreurs. » Un exemple ? « Le rayonnement infrarouge. Chaque fois, on représente les rayons du soleil qui arrivent sur la Terre et repartent en rebondissant sur l’atmosphère. C’est complètement faux ! Ils chauffent le sol et c’est le sol qui émet des infrarouges arrêtés par l’atmosphère… »

« Au-delà de la sensibilisation et de l’éducation qui sont primordiales pour faire évoluer nos comportements, nos équipes – et notamment quatre professeurs qui ont travaillé d’arrache-pied sur le projet – sont en train de créer des ressources pédagogiques en Français langue étrangère (FLE) sur le thème “Océan et changement climatique” », indique Valérie Meunier. Jeux de rôle sur l’érosion des côtes, vidéos destinées à provoquer la prise de conscience et à apporter des solutions, seront présentés au prochain Forum francophone du Pacifique, à Nouméa du 5 au 7 septembre prochain. Ces ressources pédagogiques seront ensuite partagées avec les professeurs de FLE de la région et avec le réseau des Alliances françaises d’Asie-Pacifique.

* Centre de rencontres et d’échanges internationaux du Pacifique

« Plus on souffle dans l’eau et plus son pH diminue »
Le formateur raconte une des expériences réalisées ce mercredi matin dans les murs du Creipac. « On a pris des verres d’eau, on a soufflé dedans avec des pailles pour injecter du CO2, et on s’est aperçu que plus on soufflait plus le pH diminuait. Ensuite on a pris des plantes qui servent à décorer les aquariums, on les a mises dans l’eau acidifiée et, pour certaines, installées au soleil. Au bout de quelques heures, les plantes exposées avaient absorbé le CO2 présent dans l’eau et donc réduit son acidité. C’est une expérience très parlante car les enseignants mesurent à la fois les conséquences des émissions de CO2 d’origine humaine sur l’acidification des océans, et l’importance de préserver certains écosystèmes comme les mangroves qui piègent le CO2 de l’atmosphère et réduisent ainsi cette acidification. »

Durant trois jours, le formateur et ses “élèves” enseignants ont multiplié les expériences.

le formateur et ses “élèves” enseignants ont multiplié les expériences.

 

Les objectifs des ateliers
Après le Creipac du 1er au 3 juillet, David Wilgenbus animera le 4 juillet des ateliers au lycée du Mont-Dore (élèves de terminale S) et au collège catholique de la Conception (classe de 5e), le 8 juillet au collège d’Auteuil (élèves de 5e à nouveau) puis du 10 au 12 juillet au collège Boula de Wé à Lifou. Les objectifs de ces ateliers sont de promouvoir et renforcer une culture scientifique autour des effets du changement climatique en Nouvelle-Calédonie, de sensibiliser les professeurs aux risques actuels et futurs sur les environnements naturels et humains, d’informer les jeunes sur les enjeux environnementaux et en particulier les bons gestes à  adopter, ou encore de réaliser des expériences que les enseignants pourront facilement reproduire en classe.