Une charte pour améliorer l’accès aux soins des personnes en situation de handicap

Après un séjour à la rencontre des acteurs du handicap aux quatre coins de la Nouvelle-Calédonie, le président de l’association Handidactique Pascal Jacob a signé la charte Romain Jacob avec Thierry Santa, membre du gouvernement chargé du handicap et l’ensemble des acteurs de la santé présents ce 8 décembre au Médipôle. Elle vise à promouvoir une collaboration entre les professionnels de la santé, les établissements de soins et les autorités sanitaires, mais aussi le tissu associatif, les familles et les aidants ou encore les organismes de formation professionnelle continue, pour un meilleur accès aux soins des personnes handicapées.

Les principes fondamentaux de la charte

Comme l’a rappelé Thierry Santa, « cette signature est l’aboutissement d’un travail conjoint lancé en 2022 entre le gouvernement et le Médipôle. Il a pour principal objectif d’améliorer l’accueil des personnes en situation de handicap dans les établissements de soins, mais aussi de répondre à l’ensemble des acteurs du soin et de l’accompagnement souvent démunis face au manque de sensibilisation, de formation et de moyens dédiés », a-t-il expliqué.

La charte Romain Jacob, rédigée en 2014 par et pour les personnes vivant avec un handicap avec des représentants des administrations sous l’égide de l’association Handidactique, repose sur douze principes fondamentaux :

1. L’égalité de traitement et de prise en charge des personnes vivant avec un handicap
2. L’accessibilité aux soins de l’ensemble des structures sanitaires et médico-sociales
3. L’attention portée aux spécificités des différents types de handicap
4. La sensibilisation et la formation continue des professionnels de santé
5. L’accueil personnalisé du patient vivant avec un handicap
6. L’information claire et précise sur les soins à prodiguer
7. L’adaptation des examens et des traitements aux besoins spécifiques de chaque personne
8. Le respect de l’intimité et de la dignité de la personne vivant avec un handicap
9. La présence et l’écoute de l’aidant familial et/ou personnel
10. La mise en place de relations de confiance entre le patient vivant avec un handicap et le personnel soignant
11. La prise en compte du parcours de vie de la personne vivant avec un handicap
12. La promotion de la recherche sur l’accès aux soins et à la santé des personnes vivant avec un handicap

La charte Romain Jacob a été signée dans 21 pays par plus de 7 000 personnes, dont de nombreux professionnels de la santé, des organisations de défense des droits des personnes en situation de handicap, des ministres et des dirigeants d'établissements de santé.

Son caractère fédérateur et la notion d’engagement que recouvre cette charte apparaissent essentiels dans sa mise en œuvre en Nouvelle-Calédonie. Pour Thierry Santa, « cette démarche volontariste paraît beaucoup plus appropriée que l’édiction de nouveaux textes législatifs ».

Yannick Slamet, membre du gouvernement chargé de la santé, était présent à la signature de la charte, aux côtés des représentants des établissements de santé et des associations concernés.

Des mesures concrètes applicables en Nouvelle-Calédonie

S’il existe déjà des initiatives en Nouvelle-Calédonie, telles que les permanences de dentistes dans les maisons de retraite, la charte a pour ambition d’étendre ces différents dispositifs le plus largement possible afin d'améliorer l'accueil des personnes en situation de handicap.

Plusieurs mesures concrètes seront mises en œuvre sur le territoire, telles que la création d’un comité Romain Jacob qui portera les valeurs de cette charte et en suivra la mise en œuvre des mesures effectives. D’autre part des formations continues pour accompagner les personnels concernés seront mises en place. C’est d’ailleurs un point fondamental selon le professeur Emmanuel Touzé, doyen de la faculté de médecine de Caen.  Il a notamment évoqué le principe des consultations blanches qui permettent aux personnes vivant avec un handicap de se familiariser avec l’environnement médical et les professionnels de santé avant l’examen clinique final afin de les rassurer. Il est envisagé de lancer cette pratique en Nouvelle-Calédonie en associant les étudiants de l’Institut de formation aux professions sanitaires et sociales (IFPSS), pour qu’ils soient sensibilisés au handicap.

De plus, il est prévu de mettre en place le dispositif handisoins, c’est-à-dire la coordination des services de soins pour éviter de multiplier les déplacements des personnes en situation de handicap. Afin de pallier le manque et les difficultés de transport des personnes handicapées pour se rendre à leurs rendez-vous médicaux, le dispositif « blablasoins », qui permet de faire appel à l’entourage, sera également instauré.

À terme, toutes les mesures mises en place pour faciliter ou améliorer l'accueil des handicapés seront évaluées par une application mobile et par les usagers eux-mêmes, à l’aide du dispositif Handifaction.

Pour Pascal Jacob, à l’origine de la charte, « la Nouvelle-Calédonie n’a pas fait l’erreur de mettre à l’écart les personnes vivant avec un handicap. La société calédonienne n’est pas discrimante, l’inclusion, elle est de fait. Cependant, a-t-il précisé, il y a beaucoup de choses à faire encore, ne serait-ce que d’améliorer la possibilité pour une personne handicapée de passer une mammographie ».

« Les objectifs de la charte ne pourront être atteints qu’avec l’engagement et la fédération de l’ensemble des acteurs concernés », a conclu Thierry Santa.