Le déclic par le graff

Le déclic par le graff

12 août 2016

Santé et social Jeunesse et sports

L’un des panneaux représente un casse-tête brisant le mot ACCRO.

L’un des panneaux représente un casse-tête brisant le mot ACCRO.

Dans le cadre d’un projet initié par l’Agence sanitaire et sociale (ASS-NC) et mené en partenariat avec le service Vie des quartiers de la Ville de Nouméa, six jeunes consommateurs de cannabis et d’alcool ont réalisé un chantier graff. Leurs œuvres sont aujourd’hui exposées sur les murs du centre « Déclic » de l’ASS-NC.

Intimidé devant tant d’adultes réunis pour le « vernissage » de l’exposition, Tony résume la symbolique du banian en un terme : « l’accueil », à l’image de celui réservé par les personnels de « Déclic » aux jeunes consommateurs de substances psychoactives comme l’alcool et le cannabis. Sur les racines aériennes du banian “pendent” les mots rencontre, soutien, écoute, respect, regard et secret…

Un autre panneau. Y sont peintes les quilles kava, cannabis, alcool, jeux et tabac, qu’une boule rouge fait valser ! Plus loin, près de la porte d’entrée, un autre tableau, choc, sur lequel un casse-tête à la lame de jade pulvérise le mot ACCRO.

Durant deux semaines en juin, accompagnés par Loan le graffeur, Tony, Herman, Thierry, Antonio, Issé et Rémy ont réalisé sept panneaux destinés à décorer les couloirs de Déclic. Le chantier d’insertion  s’est déroulé en contrebas de la maison de quartier de Tindu, dans un local prêté par la commune. Originaires de Magenta, Tindu et Normandie, les six jeunes ont été recrutés par le service Vie des quartiers (SVQ) de la Ville en raison de leur comportement face au cannabis et à l’alcool et de leur méconnaissance de l’aide proposée en la matière par Déclic, dispositif de l’Agence sanitaire et sociale de la Nouvelle-Calédonie (ASS-NC).

S’approprier le dispositif Déclic

Au programme, du dessin et de la peinture, mais aussi des temps d’échanges avec Aurélie et Lorraine, éducatrices du programme de prévention et de soins en addictologie de l’ASS-NC, à l’initiative du projet, et avec Raphaël et William, animateurs du SVQ. « Il a vite fallu redéfinir le cadre par rapport au cannabis, mais ensuite tout a été nickel, témoigne Lorraine. Il y avait une belle osmose dans l’équipe, ce qui n’était pas évident, les jeunes venant de quartiers différents. Nous avons pris beaucoup de plaisir à travailler avec eux. Souvent on traînait le soir, personne ne voulait rentrer à la maison ! ».

Les objectifs de ce chantier graff étaient multiples. D’abord, « faire connaître Déclic, puis inciter les jeunes et leurs familles à se l’approprier en le rendant plus accueillant ». Ensuite, « valoriser leur travail et, en contribuant à faire baisser leur consommation, favoriser leur insertion ». Depuis la fin du chantier, Tony suit une formation à l’Association calédonienne pour le travail et l'insertion vers l'emploi (Active). Et deux de ses copains graffeurs ont à nouveau participé à des chantiers mairie.…

Ténacité et estime de soi

Autre volonté affichée, créer du lien entre le public et les institutions agissant en faveur de la jeunesse, mais aussi entre acteurs du social, de la santé et de l’insertion. Matérialisée par une convention entre l’ASS-NC et la Ville de Nouméa, cette opération constitue d’ailleurs leur tout premier partenariat.

Les œuvres, qui s’inspirent donc de notions telles que l’accueil, les conduites addictives et le changement de comportement, sont désormais exposées sur les murs de Déclic. « On a l’habitude de critiquer les jeunes, mais leurs talents ne sont pas assez souvent mis en avant », indique Valentine Eurisouké, membre du gouvernement en charge notamment de la jeunesse. « Alors, félicitations pour votre ténacité, votre estime de soi, merci de montrer ainsi aux petits frères qu’on peut s’en sortir, lance-t-elle aux artistes. Les institutions seront toujours là pour accompagner ce genre d’initiative ».

 

L’équipe de graffeurs avec Aurélie et Lorraine, les éducatrices de l’ASS-NC.

L’équipe de graffeurs avec Aurélie et Lorraine, les éducatrices de l’ASS-NC.

 

 

 

Valentine Eurisouké a proposé aux graffeurs que leurs œuvres soient exposées au parc Fayard, ce vendredi, pour la Journée internationale de la jeunesse.

Valentine Eurisouké a proposé aux graffeurs que leurs œuvres soient exposées au parc Fayard, ce vendredi, pour la Journée internationale de la jeunesse.

 

 

 

Entretiens confidentiels et gratuits

Psychologues, infirmières, éducatrices et assistance sociale constituent l’équipe de Déclic, un dispositif de l’ASS-NC qui accueille les 12-25 ans consommateurs occasionnels ou réguliers de produits psychoactifs (et leur famille), évalue leur situation et peut les aider à modifier leurs comportements. Les entretiens sont confidentiels et gratuits. Outre les bureaux de Nouméa, il existe huit autres points de consultation : à Koné et Poindimié (depuis 2010), Bourail et Païta (2011), Mont-Dore et La Foa (2014), Houaïlou et Koumac (2015). En 2015, cet espace d’écoute, de parole, d'information et de conseils personnalisés a reçu 833 jeunes, à raison de 3,2 séances en moyenne par jeune. La fréquentation augmente d’environ 10 % par an.

Déclic : 7 ter, rue de la République – Tél. : 25 50 78 – declic@ass-addictologie.nc