Du musée de Nouvelle-Calédonie au MUZ

Du musée de Nouvelle-Calédonie au MUZ

13 juillet 2018

Culture

Une vue du futur MUZ, le musée de Nouvelle-Calédonie, à l’horizon 2021. (© Visuels Gaëlle Henry Architecte et Why Architecture).

Une vue du futur MUZ, le musée de Nouvelle-Calédonie, à l’horizon 2021. (© Visuels Gaëlle Henry Architecte et Why Architecture).

Le musée de Nouvelle-Calédonie va faire peau neuve. Les travaux d’extension et de réaménagement – d’après le projet conçu par le groupement calédonien Gaëlle Henry Architecte et Why Architecture – vont démarrer en septembre 2019 pour une durée de deux ans. L’établissement géré par le service des musées et du patrimoine du gouvernement sera rebaptisé MUZ.

Pour le musée de Nouvelle-Calédonie, créé il y a un peu plus d’un siècle et demi, le moment est important. Cette rénovation, portée par le gouvernement et en particulier par Déwé Gorodey, membre chargé de la culture, était attendue depuis douze ans. « C’est sans doute le plus beau projet culturel calédonien depuis la construction du centre culturel Tjibaou. Pour le développement touristique de la Ville de Nouméa, ce sera une magnifique figure de proue », souligne Alain Marc, secrétaire général du gouvernement. Le 13 juillet, l’ensemble des partenaires – la Nouvelle-Calédonie et ses services*, l’État et la mairie de Nouméa – étaient rassemblés afin de dévoiler à la presse le projet lauréat du concours d’architecture lancé le 1er mars 2017. « Le fruit des réflexions, pour l’essentiel, d’équipes calédoniennes », s’est félicité Alain Marc.

La conférence de presse s’est déroulée au musée de Nouvelle-Calédonie en présence des architectes.

La conférence de presse s’est déroulée au musée de Nouvelle-Calédonie en présence des architectes.

 

L’image du serpent

Parmi les quatre groupements présélectionnés, celui mené par Gaëlle Henry Architecte et Why architecture a été retenu par le jury composé de représentants des institutions calédoniennes. La maire de Nouméa Sonia Lagarde, qui en faisait partie, met en avant « un geste architectural qui va enfin caractériser cette Océanie dans laquelle nous vivons ».

L’intention des architectes a été « d’inscrire cette construction dans la ville avec un bâtiment qui vient s’enrouler en spirale, comme un serpent, autour de l’existant, de manière respectueuse, tout en lui donnant une image forte et attractive », précise Marielle Challier, architecte collaboratrice de Gaëlle Henry. Le bâtiment d’origine, construit dans les années 1970 et réaménagé en 1984, sera lui-même rénové.

L’extension, d’une surface totale d’environ 2 500 m2, se décompose en quatre entités implantées à chaque angle. Cette construction conçue de manière bio-climatique abritera l’accueil, un café, de nouveaux espaces d’exposition, mais aussi un pôle pédagogique et enfin le service administratif du musée.

L’équipe a continué à filer la métaphore du serpent en imaginant des façades recouvertes d’écailles, telles la peau d’un tricot rayé. « Il s’agit de la meilleure réponse pour obtenir un bâtiment courbe. Ce procédé, simple visuellement, mais techniquement complexe, nous permet également de travailler à une échelle artisanale », détaille Julien Vincent de Why architecture. La partie basse de la façade sera constituée d’écailles en acier Corten, un alliage métallique très récent, solide, durable et facile à entretenir, tandis que celles de la partie haute seront fabriquées localement, à partir de bois issus de Nouvelle-Calédonie ou de la région Pacifique.

 

Le MUZ, c’est aussi une nouvelle identité visuelle qui pourra être déclinée sur différents supports.

Le MUZ, c’est aussi une nouvelle identité visuelle qui pourra être déclinée sur différents supports.

 

Un jardin ouvert sur la ville

Le musée, qui accueille en moyenne 25 000 visiteurs par an, compte aujourd’hui près de 8 000 œuvres, dont un fonds kanak sans équivalent au monde (plus de 2 300 objets). Cette rénovation est aussi l’occasion de repenser la muséographie (lire l’encadré) et de la moderniser en « donnant la part belle à l’immersion numérique », précise Diane Cholley, la scénographe de l’équipe. Par ailleurs, de nouveaux espaces vont permettre de « retracer toute l’histoire de la Nouvelle-Calédonie, et aux différentes communautés, de pouvoir s’exprimer », indique Astrid Gopoea, cheffe de cabinet de Déwé Gorodey.

Les différents espaces du musée seront décloisonnés, afin que le visiteur passe des jardins aux expositions, du pôle pédagogique au café plus facilement. Les aménagements paysagers seront là pour accueillir les visiteurs, proposer des zones d’agrément, mais aussi éduquer avec des jardins ethnobotaniques. Donnant sur le Quartier latin, le parc du MUZ, qui constituera une allée traversante, sera accessible gratuitement aux heures d’ouverture et sera par ailleurs complètement connecté.

Associer la population

« Un fort ancrage local caractérise ce projet qui va associer la population calédonienne », mentionne le secrétaire général du gouvernement. Choix de matériaux locaux, appel à des artistes calédoniens pour la réalisation des œuvres d’art (sculptures, pétroglyphes des jardins, écailles de bois sculptés sur les façades), fabrication du mobilier du café par des jeunes en suivi judiciaire sont autant d’exemples de cette volonté.

Les deux années de travaux et de fermeture du musée au public seront mises à profit pour que la population s’approprie le futur MUZ. Les palissades du chantier comporteront des panneaux d’information portant sur le projet comme sur les artistes sollicités, tandis que des journées portes ouvertes pourraient avoir lieu une à deux fois par an pour suivre l’avancement de la construction.  Enfin, l’équipe du musée poursuivra ses missions de collecte, de conservation et de valorisation à travers une exposition itinérante des pièces les plus remarquables et du projet du MUZ, qui circulera sur tout le territoire. Un événement qui permettra d’informer les Calédoniens sur le devenir du musée qui est avant tout le leur.

* Direction de la Culture, de la condition féminine et de la citoyenneté (DCCFC), service des musées et du patrimoine, direction des Achats, du patrimoine et des moyens (DAPM)

Du nouveau pour la muséo

Le nouveau parcours muséographique ancre le projet de rénovation et d’extension du musée de Nouvelle-Calédonie dans l’esprit de l’Accord de Nouméa. Il structure l'idée du destin commun, qui rassemble toutes les communautés.

L’exposition permanente (1 630 m2) sera découpée en sept séquences :

  • L'épopée du Pacifique
  • Les origines (l’art de la navigation, les peuples Lapita, etc.)
  • La civilisation kanak 
  • Les explorateurs et la prise de possession
  • L’évolution d’un terroir kanak
  • La chronique d’un pays en devenir
  • L’espace semi-permanent sur la communauté de destin

Un espace d’exposition temporaire de 500 m2 sera également créé.

Le financement

Le budget global du projet de rénovation s’élève à 2 milliards de francs. Inscrit au contrat de développement État-Nouvelle-Calédonie 2017-2021, il est réparti à 70 % pour la Nouvelle-Calédonie et 30 % pour l’État. Le projet inclut également la construction des réserves externalisées du musée pour un montant de 245 millions de francs.  Il est actuellement en phase d’achèvement. L’installation des mobiliers est prévue au deuxième semestre 2018 et sera suivie du transfert des collections du musée.

 

 

Sur le même sujet