À l'écoute de ses reins
Organisée par le Réseau de l’insuffisance rénale en Nouvelle-Calédonie, la 8e Journée mondiale du rein s'est déroulée le jeudi 10 mars sous le thème « Prendre soin de ses reins, c’est vital… dès l’enfance ! ». Objectif principal, sensibiliser à la prévention, la détection précoce et le don d'organe, pas encore entré dans les mœurs.
Avec pour invité principal Didier Borniche, président de l'Association française des infirmiers de dialyse, transplantation et néphrologie, la journée s'est tenue à la mairie de Nouméa. Au programme, la présentation par des professionnels des traitements de suppléance de l’insuffisance rénale, et des animations proposées par une promotion d'étudiants infirmiers de 2e année : conseils, jeux éducatifs, ateliers nutrition, etc.
L’insuffisance rénale chronique (IRC) est habituellement la complication d’un trouble de santé grave, notamment le diabète, l'obésité ou l'hypertension artérielle. La progression est si lente que la maladie, sans signes précurseurs ni symptômes apparents, peut rester longtemps silencieuse. Elle s’installe graduellement à mesure que le fonctionnement des reins diminue, et mène à l’insuffisance rénale terminale (IRT). Les traitements de suppléance consistent en des techniques d’épuration extra-rénales (dialyse) ou en une greffe de rein.
Une charge lourde pour la collectivité
En Nouvelle-Calédonie et à Wallis-et-Futuna, l'IRC constitue un problème majeur de santé publique. Les spécialistes estiment que 10 % pourraient être évitées et 30 % retardées sous réserve d’une détection précoce et d’une prise en charge adaptée. « Les efforts engagés pour assurer l'organisation de l'offre de dialyse, pour garantir son financement et celui des évacuations sanitaires et des greffes rénales, représentent une charge lourde assumée par la collectivité et les organismes de protection sociale », rappelle Valentine Eurisouké, membre du gouvernement en charge de la santé.
Malgré les dispositions règlementaires autorisant le prélèvement sur donneur vivant ou décédé, la collaboration avec une équipe néphrologique australienne depuis avril 2013 pour le prélèvement en Nouvelle-Calédonie et les transplantations à Sydney, et la campagne* en faveur du don d'organes engagée depuis quatre ans, la proportion de personnes transplantées reste faible, du fait de 71,4 % d’opposition au prélèvement.
Face à ce constat, « il s’agit de nous concentrer sur les stades précoces de l'IRC, en agissant de façon coordonnée sur plusieurs fronts, afin d’améliorer les comportements de prévention, de dépistage précoce et de recours à la greffe rénale, conclut Mme Eurisouké. Seule, une démarche volontaire et partagée par tous les acteurs permettra d’atténuer, sinon d’inverser, les tendances actuelles, et ainsi de limiter les coûts élevés qui en résultent ».
Des chiffres inquiétants
- L’hypertension artérielle et le diabète sont les 2 principaux facteurs de risque de l'IRC.
- Le risque d'IRC est multiplié par 9 en cas de diabète, par 2 en cas d’obésité.
- En 2013, il y avait en Nouvelle-Calédonie et à Wallis-et-Futuna presque 3 fois plus de patients dialysés et transplantés qu’en France métropolitaine.
- L’âge médian des patients dialysés se situe entre 45 et 64 ans (70,4 ans pour l’ensemble des régions françaises).
- Le coût de la suppléance rénale par hémodialyse s’élevait à 2,5 milliards de francs en 2012 (sans compter les dépenses liées au transport des patients).