Une oreille pour les patrons en souffrance

Une oreille pour les patrons en souffrance

15 mars 2017

Société

Les fondateurs de l’Apesa France ont présenté leur dispositif, mardi 14 mars à la CCI, en présence des membres du gouvernement, Isabelle Champmoreau et Philippe Dunoyer.

Les fondateurs de l’Apesa France ont présenté leur dispositif, mardi 14 mars à la CCI, en présence des membres du gouvernement, Isabelle Champmoreau et Philippe Dunoyer.

L’association Aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aigüe (Apesa-NC) vient d’être créée en Nouvelle-Calédonie avec l’aide de nombreux partenaires privés, sociaux et institutionnels, dont le gouvernement. Comme son homologue métropolitaine, elle repose sur un dispositif de repérage et de prise en charge des patrons en détresse. Pour les soutenir et éviter le pire.

« Née sur un coin de table en 2013 », l’idée de Marc Binnié, greffier du tribunal de commerce de Saintes, et de Jean-Luc Douillard, psychologue clinicien dans la même ville, a séduit 20 juridictions avant de traverser les océans pour rejoindre nos rivages. L’initiative a été importée par Betty Levanqué, juge consulaire au tribunal mixte de commerce de Nouméa pendant plus de 15 ans et marquée par le suicide d’un chef d’entreprise. «  Insupportable. »

« Les textes de loi ne nous indiquent pas comment aider des chefs d’entreprise assaillis par des idées noires, explique Marc Binnié qui préside l’Apesa France. Dans les tribunaux de commerce, on utilise les mots "débiteurs" et "justiciables" et on parle des difficultés des entreprises. Jamais des soucis de leurs dirigeants, des divorces, des pertes de domicile, etc. La souffrance de certains chefs d’entreprise est bien réelle, elle ne doit plus être niée. »

Lanceurs d’alerte

Pour venir en aide à ces patrons, l’Apesa s’appuie sur un réseau de sentinelles constitué de professionnels au contact quotidien des chefs d'entreprise : « Experts comptables, mandataires judiciaires, banquiers, huissiers, agents des collectivités, etc. », détaille Jean-Luc Douillard. Après une formation de quelques heures, les sentinelles sont capables de détecter les situations de mal-être profond et d’alerter le psychologue coordinateur de l’association par l’envoi d’une simple fiche informatisée. Dans les heures qui suivent, celui-ci contacte l’entrepreneur signalé pour lui proposer un soutien avec cinq consultations chez un psychologue proche de chez lui, financées par l’Apesa.

Ne pas ignorer la souffrance

« Ce fonctionnement repose sur trois principes fondateurs, résume le psychologue clinicien. Un dispositif rapide, une démarche proactive l’aide vient à la rencontre du dirigeant et des consultations gratuites pour ne pas affecter les capacités financières souvent déjà affaiblies des chefs d’entreprise en souffrance. »

En Nouvelle-Calédonie, le déploiement de l’association commence cette semaine avec plusieurs cycles de formation à Nouméa et à Koné pour 80 sentinelles et près de 25 psychologues qui se sont déjà portés volontaires pour faire vivre le dispositif. Un succès salué par la membre du gouvernement notamment en charge de la solidarité, Isabelle Champmoreau, qui soutient cette initiative locale depuis ses balbutiements il y a un an. « Nous devons rester attentifs aussi aux parcours de ceux qui construisent la Calédonie », a-t-elle rappelé. Pour accompagner sa mise en place, le gouvernement a attribué une subvention de 500 000 francs à de l’Apesa-NC.

 

De nombreux représentants des institutions ont assisté à la conférence de l’Apesa-NC.

De nombreux représentants des institutions ont assisté à la conférence de l’Apesa-NC.

 

 

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