Réunis à l’appel du général

Réunis à l’appel du général

19 juin 2018

Société

Recueillement en souvenir du général de Gaulle et de la Seconde Guerre mondiale.

Recueillement en souvenir du général de Gaulle et de la Seconde Guerre mondiale.

Les autorités militaires et civiles du pays ont commémoré ce 18 juin, au pied de la Croix de Lorraine, le 78e anniversaire de l’appel du général de Gaulle sur les ondes de la BBC. Une cérémonie présidée par Michel Mourguet, délégué de la Fondation de la France Libre, à laquelle participait Cynthia Ligeard pour le gouvernement.

Les jeunes militaires de la Base aérienne 186 répètent leur entrée. Représentant le chef de cabinet du général Thierry Marchand, le patron des Fanc, le commandant Gaëlle Rolland s’apprête à guider le rang protocolaire d’une cérémonie dont Michel Mourguet, délégué de la Fondation de la France Libre, est ce soir le maître. Face à la Croix de Lorraine, les marins de la Moqueuse, qui assurent le peloton d’honneur, fourbissent leurs armes. Au micro, Michel Mourguet rappelle les circonstances du célèbre appel du 18 juin 1940. L’appel à la poursuite des combats et à la résistance, suite à cet « armistice infâmant ». Un appel qui, rassemblant les patriotes contre le fléau nazi, donna naissance à la France Libre. Le délégué rend également hommage aux 1 038 Compagnons de la Libération, cet ordre national créé par le général de Gaulle le 16 novembre 1940 et destiné à « récompenser les personnes ou les collectivités militaires et civiles qui se seront signalées dans l'œuvre de libération de la France et de son Empire ». Cinq d’entre eux seraient encore vivants. Huit étaient Calédoniens, dont cinq tombèrent sous les balles allemandes.

L’espoir ranimé, l’honneur retrouvé, la France libérée

Michel Mourguet célèbre ensuite la mémoire du Calédonien d’origine bastiaise, José Casaroli, engagé dans les Forces navales de la France Libre (FNFL). Un Gaulliste de la première heure, décédé à 90 ans le 17 janvier 2013. « C’est, en partie, grâce à sa capacité de persuasion, son opiniâtreté, et au soutien sans faille du maire honoraire de Nouméa Jean Lèques, que fut érigée cette majestueuse Croix de Lorraine. »

Au tour de Laurent Cabrera, secrétaire général du haut-commissariat, de faire une brève exégèse de l’appel du général. Cet instant où « il parle haut, il parle clair, il parle vrai ». Ce message à l’issue duquel « l’espoir sera ranimé, l’honneur retrouvé, la France libérée ». Ce cri de mobilisation devenu « une référence essentielle de notre mémoire collective, qui incarne les valeurs d’une France dont il nous faut sans relâche continuer d’être dignes ».

« Chant des partisans » et « Marseillaise »

La cérémonie se poursuit par l’écoute d’une bande-son des interventions radiodiffusées du général de Gaulle depuis Londres. Il exhorte ceux qui ont dit non à l’asservissement, tous les militaires français, les chefs, les soldats, les marins, les aviateurs, les forces terrestres, où qu’ils se trouvent, à prendre les armes et à le rejoindre. Ses derniers mots : « Vive la France libre, dans l’honneur et l’indépendance ! ».

Pour les CM2 de l’école Paul-Boyer, tous vêtus d’un tee-shirt noir aux couleurs des FNFL de José Casaroli, l’heure a sonné d’entamer l’hymne de la Résistance française durant l'occupation : « Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?... » Le Chant des partisans incite autorités militaires et civiles à aller déposer, une à une, une gerbe au pied de la croix. Députés, sénateur, président du Congrès, vice-président de la province Sud, adjoint au maire et Cynthia Ligeard, pour le président du gouvernement Philippe Germain. Sans oublier une poignée de conseillers municipaux juniors qui, participant au devoir de mémoire, vont glisser une fleur de l’espoir entre deux gerbes officielles.

La cérémonie s’achève par la traditionnelle sonnerie aux morts, une minute de silence puis, dans la nuit qui est tombée sur la colline du Mont Coffyn, les couplets vengeurs de la Marseillaise.

La voix de la résistance

La voix qui résonne ce 18 juin 1940 sur les ondes de la BBC est celle d’un quasi inconnu. À 49 ans, Charles de Gaulle, général de brigade à titre temporaire, a été nommé le 5 juin  sous-secrétaire d’État à la Défense nationale et à la Guerre du gouvernement présidé par Paul Reynaud. En France, des millions de civils fuient sur les routes face à la débâcle militaire, les troupes allemandes ont envahi Paris quatre jours plus tôt. Le gouvernement français s’est installé à Bordeaux et le général de Gaulle est envoyé le 16 juin en mission à Londres pour demander au Premier ministre britannique des renforts maritimes et aériens. Winston Churchill accepte le principe d’une union franco-britannique. Mais de retour à Bordeaux, de Gaulle apprend la démission de Paul Reynaud, remplacé par le maréchal Pétain. Le « vainqueur de Verdun » s’apprête en fait à négocier les conditions d’un armistice avec l’Allemagne. Refusant la défaite, de Gaulle retourne à Londres. Grâce à l’appui de Churchill, il est autorisé à intervenir à la radio britannique. Le 18 juin au soir, il s’adresse à la population française et lance un appel à ne pas renoncer, aujourd’hui considéré comme l’acte fondateur de la France Libre. Le général réitère son appel à plusieurs reprises au cours du mois de juin et constitue, avec le soutien des Britanniques, une organisation de résistance extérieure, la France Libre. Dès l’été 1940, des milliers de volontaires rejoignent les rangs des Forces Françaises Libres (FFL) qui poursuivent le combat contre le nazisme aux côtés des Alliés.

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