Petit poisson, dis-moi ton nom
À l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, le 22 mars, la direction des Affaires vétérinaires, alimentaires et rurales (Davar) publie le Guide des poissons d’eau douce de Nouvelle-Calédonie. Un ouvrage qui répertorie pas moins de 124 espèces pour mieux connaître et protéger la faune qui peuple nos rivières.
Propriétaire des cours d’eau de la Nouvelle-Calédonie, le gouvernement réalise depuis 2011 des inventaires piscicoles exhaustifs dans les principales rivières de la Grande Terre. « Le Guide des poissons d’eau douce est la compilation de ce travail, explique Valérie Gentien, chef adjoint du service de l’eau de la Davar. Il s’inscrit également dans la continuité des actions de sensibilisation que nous avons organisées à l’occasion de chacun de ces inventaires, en conviant les scolaires et les équipes municipales à assister à l’inventaire du cours d’eau de leur commune. » Des animations pédagogiques qui ont vu l’édition de posters et de fiches répertoriant les espèces des bassins versants de la La-Foa et de la Dumbéa : « Des documents dont le succès nous a donné l’idée d’aller plus loin, avec ce guide. »
Mieux connaître la ressource pour évaluer sa vulnérabilité
Destiné au plus grand nombre (scolaires, riverains des cours d’eau, administrations, bureaux d’études, élus, etc.), ce guide richement illustré aidera chacun à identifier les poissons présents dans les rivières du pays. « Pour le réaliser, nous avons capturé tous les poissons présents sur plusieurs tronçons de rivière, détaille Typhaine Quéré du service de l’eau de la Davar. Pour cela, nous utilisons la technique de la pêche électrique qui consiste à soumettre les poissons à un faible champ électrique qui les tétanise temporairement. Cet état permet aux techniciens de les capturer à l’épuisette, le temps de réaliser une biométrie (longueur, poids), avant de les relâcher. » L’opération est réalisée sur un tronçon de 100 à 200 mètres de long, selon la largeur du cours d’eau, et à deux reprises : en saison humide, puis en étiage (basses eaux).
« Les inventaires permettent de faire un état "zéro" de la population de poissons présente dans le cours d’eau, puis d’évaluer l’impact de la pollution et des travaux ˗ notamment les radiers empêchant le déplacement des poissons pendant leur cycle de reproduction ˗ qui constituent les principales menaces auxquelles les poissons sont exposés en Nouvelle-Calédonie. »
Hippocampe d’eau douce ?
Le Guide des poissons d’eau douce de Nouvelle-Calédonie présente les 124 espèces qui peuplent nos rivières, à travers des fiches détaillant l’anatomie, l’alimentation, la répartition géographique et la réglementation en vigueur pour chacune d’elles. On y apprend, par exemple, qu’il existe des hippocampes d’eau douce, des espèces endémiques et une dizaine qualifiées d’exotiques envahissantes « particulièrement présentes dans certains cours d’eau, au détriment d’espèces plus sensibles. »
Réalisé en partenariat avec Erbio, un bureau d’études mandaté par la Davar, cet ouvrage vient enrichir les connaissances en la matière, jusqu’alors répertoriées uniquement au sein de l’Atlas des poissons et des crustacés d’eau douce de Nouvelle-Calédonie du Muséum national d’Histoire naturelle, paru en 2003.
Le guide sera distribué aux scolaires, mairies, associations environnementales et institutions. Il est aussi téléchargeable gratuitement sur le site internet de la Davar.
Il y a de l’électricité dans… l’eau !
« La pêche électrique est considérée comme la méthode la moins destructrice, explique l’hydrobiologiste Nicolas Charpin. Elle nécessite une tenue isolante et un matériel spécifique qui comprend un boîtier ressemblant à un gros sac à dos dans lequel se trouvent une batterie et les instruments de réglages. À ce boîtier sont reliés une perche à l’extrémité de laquelle est placée l’anode (un anneau métallique), ainsi qu’un câble métallique qui trempe dans l’eau, jouant le rôle de la cathode. L’opérateur actionne l’appareil pour faire circuler un courant électrique de 350 à 450 volts entre l’anode et la cathode. Les poissons, attirés ou tétanisés, sont alors capturés à l’épuisette, ou dans les filets maintenus par les autres opérateurs, quelques mètres en amont. »
Les sites inventoriés
Les inventaires ont été menés de façon prioritaire sur les rivières autour desquelles se sont organisés des Conseils de l’eau.
- 2011 : bassin versant de la La-Foa,
- 2012 : bassin versant de la Néra,
- 2012-2013 : bassin versant de la Dumbéa,
- 2013-2014 : bassin versant de la Koné et de la Pouembout,
- 2015-2016 : bassin versant de la Voh et de la Moindou,
- fin 2016 : bassin de la La-Foa,
- 2017 : Thio et la côte oubliée.