Familles d’accueil, familles de cœur
Le gouvernement dispose d’une vingtaine de familles d’accueil sur l’ensemble du territoire pour le placement de mineurs en difficulté à partir de 13 ans. Il s’agit d’un maillon essentiel du schéma de protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse.
Les familles d’accueil qui relèvent de la collectivité Nouvelle-Calédonie prennent en charge des mineurs, filles et garçons, âgés de 13 ans à 18 ans. Ces jeunes ont été orientés vers la direction de la Protection judiciaire de la jeunesse et de l’enfance (DPJEJ) soit après un signalement par les services de protection de l’enfance, soit après une décision de justice parce qu’ils ont commis un acte de délinquance. « À la différence des familles d’accueil suivies par les provinces qui reçoivent uniquement des enfants dans le cadre de l’enfance en danger », précise Dominique Molé, responsable de l’unité éducative d’hébergement diversifié qui gère ce dispositif au sein de la DPJEJ. L’orientation vers une famille d’accueil est décidée en fonction d'un projet éducatif précis : rescolarisation, rupture avec l’environnement, apprentissage... « Quand un jeune est accueilli, la première des choses est de penser à sa sortie », souligne le chef de service.
Un recrutement rigoureux
Le recrutement des familles d’accueil suit un processus rigoureux autant pour le bien-être du mineur que pour la famille. Les personnes qui souhaitent remplir cette mission doivent adresser leur demande à la DPJEJ. La prise de contact est assurée par un éducateur qui se déplace à domicile avant une série d’entretiens, un au minimum, plusieurs si nécessaires, organisés avec l’assistante sociale, puis le psychologue du service. « L’objectif est d’évaluer les conditions d’accueil du jeune, l’habitat, la situation familiale… Ces entretiens sont aussi l’occasion de poser toutes les questions, explique Dominique Molé. Une commission se réunit ensuite au sein de la DPJEJ pour valider le dossier de candidature. Nous recherchons en permanence de nouvelles familles d’accueil, une vingtaine ce n'est pas suffisant. ».
Un rôle de "béquilles"
Rémunérées par le gouvernement, les familles d'accueil assurent des placements de six mois à un an pendant lesquels les mineurs sont suivis en permanence par un éducateur référent. Leur rôle est délicat : « On leur demande de donner une nouvelle image de la famille, sans remplacer les parents biologiques. Ils sont comme une béquille à un moment de la vie de ces mineurs », compare Élodie Vanbuckhave, la psychologue. Pour mieux les accompagner, la DPJEJ a décidé d’organiser des regroupements par grande zone, sur l’ensemble du territoire, afin d’aborder des sujets liés à la prise en charge des jeunes. Ainsi, les familles d’accueil du secteur Sud ont été conviées le 18 août à une journée d’information. Au programme, rencontre avec un pédopsychiatre sur le thème de l'adolescence et une intervention du centre médico-psychologique pour parler d'addictions. « Ces réunions sont aussi des espaces d’échanges et de partage d’expériences », indique Dominique Molé. La prochaine aura lieu aux Loyauté. En 2021, il est envisagé de renouveler l’opération deux fois par an. « J’encourage les personnes à devenir familles d’accueil. Les problèmes de la jeunesse ne sont pas uniquement du ressort des collectivités. Il faut que l’ensemble des partenaires s’implique », poursuit Dominique Molé. Un projet de loi du pays est également en construction. L’objectif est de donner un véritable cadre juridique à cette mission d’intérêt général et d’homogénéiser les conditions d’exercice (formation, rémunération, etc.).
Témoignage
Louise et Soustelly, parents de six enfants, se sont occupés de cinq mineurs en tant que famille d'accueil.
« Ces enfants, nous les accueillons comme les nôtres, sans faire de différence. Nous sommes des parents au sens large, c’est notre rôle dans la société. Nous essayons d’apporter à ces jeunes ce qu’ils n’ont pas eu dans leur propre famille, de combler les manques, de les ouvrir à la vie et de les responsabiliser. En leur donnant un cadre normal, beaucoup de choses changent, ils évoluent. Nous leur répétons qu’ils ont un avenir devant eux. Au départ, c’était un peu l’aventure ! Nous avons une expérience avec nos enfants, mais nous ne sommes peut-être pas toujours suffisamment armés pour recevoir ces jeunes qui sont dans des situations difficiles. C’est le but de la réunion d’information que nous avons suivie aujourd’hui, mais il faudrait que cela aille plus loin avec une formation qui aboutisse à une certification. Nous avons constitué une association des familles d’accueil, "La deuxième chance" et nous demandons que ces compétences et notre statut soient reconnus. »