Un outil pour suivre la qualité des rivières

Un outil pour suivre la qualité des rivières

25 octobre 2017

Environnement et énergie

Matthieu Juncker (OEIL), Nathalie Mary, auteur du guide, et Valérie Gentien (Davar).

Matthieu Juncker (OEIL), Nathalie Mary, auteur du guide, et Valérie Gentien (Davar).

En partenariat avec l’OEIL, la Davar a présenté ce 24 octobre la version révisée du Guide d’identification des macro-invertébrés des cours d’eau de Nouvelle-Calédonie. Des organismes réputés pour constituer de bons indicateurs de la qualité des rivières. L’ouvrage a été financé par le gouvernement.

Coléoptères, diptères, éphéméroptères, hétéroptères, trichoptères, mollusques, vous saurez tout sur ces macro-invertébrés benthiques qui vivent au fond des cours d’eau calédoniens, auxquels la direction des Affaires vétérinaires, alimentaires et rurales de Nouvelle-Calédonie (Davar) a décidé de consacrer un ouvrage. Plus exactement, il s’agit de la version révisée d’un guide datant de 2000. Commandée il y a deux ans à Nathalie Mary, docteur en hydrobiologie du bureau d’études Ethyco, elle vient accompagner tout un travail de réactualisation des méthodes d’évaluation de la santé des rivières, initié à l’issue d’un atelier sur les indicateurs de l’état des milieux d’eau douce qui s’est tenu en 2010.

« Lors de cet atelier, tous les spécialistes ont fait le constat qu’il était nécessaire de mettre à jour les outils de diagnostic du milieu dulçaquicole, ceux dont on disposait à l’époque montrant certaines limites », explique Matthieu Juncker, directeur de l’Observatoire de l’environnement en Nouvelle-Calédonie (ŒIL), partenaire technique de la Davar sur l’édition du guide, tout comme le CNRT Nickel & et son environnement.

La mémoire des événements

Alors, de 2010 à 2015, Nathalie Mary qui étudie depuis vingt ans cette faune benthique – en majorité des larves d’insectes, mais aussi d’autres organismes comme des vers, crevettes, coquillages… –, a actualisé des méthodes « un peu obsolètes » et les a compilées dans un guide édité par la Davar en 2015 (lire second encadré).

Par leur présence ou leur absence, les macro-invertébrés expriment la mémoire des événements qui se sont passés quelques semaines ou mois avant le prélèvement, les espèces sensibles aux perturbations (pollutions organiques, matières en suspension, substances chimiques…) disparaissant lorsque la qualité du milieu se dégrade. Ainsi, ils constituent de bons indicateurs de la qualité des cours d’eau douce.

1 200 espèces recensées

Parallèlement à la méthodologie, Nathalie Mary a travaillé sur l’identification des espèces. « En 2006, une étude demandée par le WWF a fourni une grosse base de données faunistiques, et a permis d’arriver à 800 espèces », indique celle qui, à chaque nouvelle publication, incrémentait la base, poursuivant sa collecte de données auprès des scientifiques, participant elle-même à plusieurs publications, inspectant les cours d’eau du Mont Panié ou des Bois du Sud, ou se rendant sur des sites où l’échantillonnage datait d’il y a quarante ans. « Si bien qu’aujourd’hui nous avons recensé 1 200 espèces de macrofaune benthique. Mais on est encore loin du compte ! »

Le fruit de son travail se trouve dans les 180 pages du Guide d’identification des macro-invertébrés des cours d’eau de Nouvelle-Calédonie, présenté ce 24 octobre par la Davar. « Un outil pour les personnes impliquées dans la gestion et le suivi de la qualité de l’eau et des milieux aquatiques, précise Valérie Gentien, chef du pôle protection de la ressource en eau, à la Davar. La première édition avait presque vingt ans, elle concernait une centaine de taxons* et rassemblait 80 références bibliographiques. Depuis, on a acquis de la connaissance, puisque le présent ouvrage a été amendé de 25 taxons et d’une centaine de références supplémentaires ». Pour Matthieu Juncker, « ce guide représentera désormais l’ouvrage de référence, notre dictionnaire de la faune benthique d’eau douce ».

 
* Un taxon correspond à une entité d'êtres vivants regroupés parce qu'ils possèdent des caractères en commun du fait de leur parenté

 

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Les acteurs concernés

Cet ouvrage, tiré pour le moment à 80 exemplaires, intègre notamment les avancées taxonomiques importantes, la précision des critères pour certains taxons, la modification des critères d’identification pour certains groupes (odonates), la création de nouvelles clefs d’identification (nymphes de diptères) et l’ajout de taxons rares et/ou nouveaux. Il sera distribué à tous les acteurs concernés : bureaux d’études spécialisés qui pratiquent les prélèvements, organismes de recherche, sociétés minières, associations, institutions, directions comme la Denv (Province Sud) ou la Dimenc (Nouvelle-Calédonie) qui, dans leurs arrêtés, exigent des suivis environnementaux prenant en compte les indices biologiques, etc.

 

Deux méthodes indicielles

Actualisé en 2015 dans le cadre d’une étude multi-partenariale financée par la Davar, l’OEIL et le CNRT, le Guide méthodologique et technique de mise en œuvre des indices biotiques reprend deux méthodes destinées à définir la qualité biologique des rivières à partir de l’étude des macro-invertébrés benthiques. L’IBNC (Indice biotique de la Nouvelle-Calédonie, 1999), sensible aux pollutions de type organique – rejets domestiques, contaminations d’origine agricole… Et l’IBS (Indice bio-sédimentaire, 2007), qui réagit aux perturbations de type sédimentaire pour les rivières sur terrain ultramafique : exploitations minières anciennes et/ou actuelles, travaux de décapage et de terrassement…

Comme le Guide d’identification des macro-invertébrés, l’ouvrage est téléchargeable sur les sites de la Davar, de l’ŒIL et du CNRT Nickel & son environnement.

 

 

 

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