La recherche, un enjeu stratégique pour la Nouvelle-Calédonie

La recherche, un enjeu stratégique pour la Nouvelle-Calédonie

30 avril 2025

Éducation et formation Innovation Environnement

Les axes stratégiques ont été présentés lors d'une conférence de presse au gouvernement.

Les axes stratégiques ont été présentés lors d'une conférence de presse au gouvernement.

Samuel Hnepeune, membre du gouvernement chargé de la recherche, a présenté mercredi 30 avril, les axes de développement afin d’élaborer une feuille de route autour du secteur de la recherche et de la valorisation des ressources naturelles. Un domaine qui a vocation à devenir un pilier du développement économique, social et environnemental, ainsi qu’un levier de rayonnement pour la Nouvelle-Calédonie.

En Nouvelle-Calédonie, la recherche scientifique et l’enseignement supérieur relèvent de la compétence de l’État. Cependant, conscients des enjeux majeurs associés à ces domaines, les institutions locales (communes, provinces et gouvernement de la Nouvelle-Calédonie) ont depuis longtemps soutenu diverses initiatives de recherche, pour soutenir l'action publique.

Malgré un ecosystème « recherche » fourni et une dynamique existante, la Nouvelle-Calédonie ne dispose pas encore d'un document stratégique global pour cadrer son action en matière de recherche. Seules deux provinces se sont dotées d’outils structurants tels qu’un livre blanc de la recherche pour le Nord et les îles Loyauté.

Les différents échanges avec les principaux acteurs de la recherche - membres du consortium pour la recherche, l’enseignement supérieur et l’innovation en Nouvelle-Calédonie (CRESICA),  l’ADECAL Technopole et le CRNTEC, ont mis en lumière la richesse de l’écosystème calédonien.

Néanmoins, un besoin majeur a été unanimement exprimé : la création d’une feuille de route stratégique, portée par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie.

Six axes structurants articuleront l'action du gouvernement :

1. Élaboration d'une stratégie de recherche

2. Mise en place d'un cadre juridique sur la protection des ressources naturelles (APA)

3. Redéfinition de la prime d’encouragement à la recherche

4. Valorisation du statut des chercheurs

5. Animation et coordination renforcées de la politique de recherche

6. Développement du rayonnement régional de la recherche calédonienne

Élaboration d'une stratégie de recherche pour le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie

En réponse aux attentes exprimées, il a été acté de lancer l'élaboration d'un "Livre blanc de la recherche", dont la méthode et les objectifs ont été  présentés au Comité de site élargi du CRESICA le 24 avril 2025.

La démarche, participative sera co-pilotée par le gouvernement via le cabinet du membre et le CRESICA. Elle se déroulera selon les étapes suivantes :

  • État des lieux de la recherche : recensement des programmes financés, analyse des thématiques de recherche, cartographie des compétences scientifiques locales et des bailleurs de fonds ;
  • Organisation d’un séminaire de la recherche : identification des axes stratégiques et définition des priorités ;
  • Rédaction et validation de la stratégie : consultation large des acteurs (provinces, Sénat coutumier...), validation institutionnelle (CCR, CRESICA, gouvernement, Congrès).

Un coordinateur technique et opérationnel sera chargé de piloter les travaux, avec un objectif de finalisation de la stratégie pour novembre 2025.

« Nous allons ouvrir un chantier ambitieux puisque la volonté du gouvernement est de pouvoir mettre en place une réelle stratégie de la recherche en Nouvelle-Calédonie. Nous avons un véritable potentiel, des acteurs qui travaillent de concert et un écosystème de haute qualité », a indiqué Samuel Hnepeune.

Mise en place d'un cadre juridique sur la protection des ressources naturelles

La ratification de la Convention sur la diversité biologique et du protocole de Nagoya impose l’élaboration d’un dispositif juridique spécifique pour la Nouvelle-Calédonie pour l’accès et le partage des avantages (APA).

« C’est un sujet sur lequel un certain nombre de pays ont déjà travaillé. Nous devons le faire nous aussi pour arriver à garantir la protection et la préservation de nos ressources », a affirmé le membre du gouvernement.

Ce travail est d’autant plus complexe qu’il mobilise plusieurs compétences :

  • Protection des ressources (provinces et gouvernement) ;
  • Propriété intellectuelle (gouvernement) ;
  • Savoirs traditionnels (gouvernement).

En coordination entre l’État (comité APA de la direction du service de l’Etat, de l’Agriculture, de la forêt et de l’environnement) et le gouvernement (service du Parc naturel de la mer de Corail, le service de la pêche et la direction des Affaires juridiques), un travail d’harmonisation sera engagé afin d’adapter et compléter le cadre existant dans une logique de cohérence réglementaire et de respect des compétences locales.

Redéfinition de la prime d’encouragement à la recherche

L’encouragement à la formation doctorale est un levier essentiel du développement scientifique local.

La prime d’encouragement à la recherche sera repensée pour :

  • faciliter la formation de docteurs calédoniens ;
  • cibler les priorités identifiées dans le Livre blanc ;
  • soutenir l’Université de la Nouvelle-Calédonie (UNC) pour faciliter la mise en place de contrats doctoraux plus attractifs.

La nouvelle formule du dispositif prendra en compte les priorités identifiées dans la stratégie, au regard des besoins de la Nouvelle Calédonie en terme de compétences de haut niveau. « Nous voulons, au travers de cet axe, inciter plus de jeunes Calédoniens à s’investir dans la recherche et à s’inscrire dans les orientations qui seront définies par le futur Livre blanc », a ajouté Samuel Hnepeune.

Valorisation du statut des chercheurs

Afin de soutenir l’ambition scientifique de la Nouvelle-Calédonie, le gouvernement souhaite valoriser les parcours d’excellence et conforter le statut des chercheurs en :

  • travaillant à la reconnaissance du diplôme de docteur dans les grilles de rémunération et d’accès aux concours ;
  • favorisant l’intégration de docteurs calédoniens dans l’UNC et les organismes de recherche membres du CRESICA.

« Aujourd’hui, les huit années d’études d’un chercheur calédonien ne sont pas valorisées. Elles ne sont par exemple pas prises en compte dans la grille de rémunération de la fonction publique. Il faut donc changer cela », a confié le membre du gouvernement.

Animation et coordination renforcées de la politique de recherche

Disposer d'une stratégie ambitieuse implique aussi d'organiser son animation et son suivi.

Plutôt que de créer de nouvelles instances, il s'agira de mieux articuler les deux structures existantes :

  • Le comité de site élargi du CRESICA (à dominante scientifique) ;
  • La commission consultative de la recherche (CCR) du Congrès (à dominante institutionnelle et politique).

Le gouvernement travaillera à une meilleure synergie entre ces instances pour assurer :

  • La cohérence des politiques publiques en matière de recherche ;
  • La valorisation des résultats scientifiques ;
  • Le transfert des résultats de la recherche à des fins d’innovation et de valorisation industrielle ;
  • L'aide à la décision pour les institutions.

Développement du rayonnement régional de la recherche calédonienne

Avec un écosystème scientifique aussi riche, la Nouvelle-Calédonie doit inscrire pleinement sa recherche dans son environnement régional. Le rayonnement scientifique calédonien est un enjeu stratégique majeur.

Aujourd'hui, plusieurs programmes régionaux et internationaux sont conduits par des organismes tels que l’IRD, l’IFREMER, le CNRS, le CIRAD et l’Université de la Nouvelle-Calédonie. Leur succès illustre :

  • la capacité de nos chercheurs à monter, à diriger et à coordonner des projets de recherche ambitieux ;
  • leur savoir-faire dans l’obtention de financements compétitifs ;
  • leur aptitude à s’inscrire dans les grandes dynamiques scientifiques du Pacifique et au-delà.

Ce rayonnement témoigne également du prestige et de la notoriété des institutions de recherche présentes sur le territoire.

En dotant la Nouvelle-Calédonie d'une stratégie de recherche, le gouvernement entend affirmer ses ambitions et clarifier ses domaines d’excellence, renforçant ainsi la position du territoire dans les coopérations régionales et l'appui aux politiques publiques.

Cette dynamique s’illustre également dans les projets d'infrastructures stratégiques tels que le futur port scientifique intégré à la stratégie de développement du Port autonome de Nouméa, qui sera une vitrine du savoir scientifique calédonien et un véritable levier d’exportation des connaissances, en lien direct avec l’espace maritime qui unit la Nouvelle-Calédonie au reste du monde.

Liens utiles