Une nouvelle trajectoire commune pour la Nouvelle-Calédonie et la SLN

Une nouvelle trajectoire commune pour la Nouvelle-Calédonie et la SLN

16 février 2022

Environnement et énergie

Louis Mapou, président du gouvernement chargé de la stratégie minière, et Guillaume Verschaeve, directeur général de la SLN, ont apposé leur signature en présence de Gilbert Tyuienon, membre chargé du suivi des affaires minières et du Fonds nickel.

Louis Mapou, président du gouvernement chargé de la stratégie minière, et Guillaume Verschaeve, directeur général de la SLN, ont apposé leur signature en présence de Gilbert Tyuienon, membre chargé du suivi des affaires minières et du Fonds nickel.

Le gouvernement et la SLN ont signé ce mardi 15 février une convention formalisant une vision stratégique commune sur presque vingt ans. Résultat de trois mois d’échanges, ce plan en trois phases doit permettre à la SLN de retrouver sa juste place à travers une valorisation modernisée du minerai dans son appareil de production.

La convention intitulée « Nouvelle trajectoire pour la SLN » marque une nouvelle étape dans la vision stratégique commune au pays et à l’entreprise. « L’activité nickel est intimement liée à l’histoire de la Nouvelle-Calédonie, à son économie et à toutes les communautés du pays », a souligné Louis Mapou, président du gouvernement, à l’occasion de cette signature. « Cette convention est une étape fondamentale dans l’évolution des relations entre la Nouvelle-Calédonie et la SLN ». La « vieille dame » occupe, en effet, une place particulière depuis plus de 140 ans dans le paysage calédonien : premier employeur privé, elle a grandi avec la ville et reste un acteur industriel majeur du pays, malgré une situation des plus préoccupantes et un contexte international extrêmement tendu. Confrontée depuis dix ans à l’aggravation de ses difficultés financières structurelles – malgré les efforts entrepris pour maîtriser ses coûts et améliorer sa performance opérationnelle –, cette filiale d’Eramet a entrepris depuis trois ans une refonte de son modèle économique, social et sociétal, « dont les effets commencent à porter leurs fruits, sans pour autant être suffisants ».

 

Une trajectoire en trois phases

 

Les discussions engagées en octobre 2021 ont permis de définir les bases d’un accord fructueux, comme l’affirme Guillaume Verschaeve, directeur général de la SLN : « C’est l’aboutissement d’échanges et de co-construction pour retrouver une confiance mutuelle qui permet d’inscrire la SLN dans sa nouvelle trajectoire. Une trajectoire qui se veut lisible, responsable, partagée et surtout durable pour l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie. »

 

Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et la SLN se sont donc accordés sur les étapes à franchir en listant les conditions et engagements mutuels nécessaires à leur mise en œuvre, dans le respect des compétences de chacun. Cette trajectoire en trois phases de 2022 à 2040 (voir encadré) doit permettre de positionner la SLN comme un des leaders du ferronickel premium, premier au monde à être adossé au standard « Mine responsable » (IRMA), de mettre en œuvre un plan d’action « Doniambo en harmonie avec la ville » et d’amener la SLN à épouser plus que jamais le destin de la Nouvelle-Calédonie à travers une démarche de responsabilité sociétale d’entreprise (RSE) renforcée et une implication de premier plan dans le projet d’École des Mines de la Nouvelle-Calédonie nécessaire à son essor économique et humain.

 

« La mise en œuvre de cette trajectoire n’est possible que si, à chaque étape, les engagements des parties sont respectés et les objectifs fixés atteints. En particulier, compte tenu de l’endettement actuel de la SLN, la réussite de la première phase nécessite l’adoption des décisions, leur mise en œuvre rapide et l’atteinte par SLN de ses objectifs opérationnels dès 2022 » souligne l’annexe de la convention.

 

Des engagements mutuels

 

La SLN devra investir 30 milliards de francs d’ici 2025 pour remplir ses engagements. Ces investissements seront financés grâce aux recettes tirées de la hausse des exportations autorisée par le gouvernement. Près de 200 emplois directs et indirects pourraient être créés dans le cadre de ces investissements qui seront en priorité consacrés à l’usine métallurgique de Doniambo et au développement des sites miniers.

En contrepartie, la Nouvelle-Calédonie fera le nécessaire pour que la SLN puisse bénéficier d’une énergie à un prix avantageux.

« C’est un moment fort et chargé de symbolique qui permet d’inscrire la SLN dans une ambition partagée avec la Nouvelle-Calédonie et de faire de notre pays une référence mondiale d’un nickel premium, vert et décarboné » se félicite Dominique Katrawa, président du conseil d’administration de la SLN. L’entreprise s’est engagée à tripler son budget annuel de RSE en faveur d’actions liées à l’environnement ou à la transition économique des régions minières.      .

 

Cette convention et la trajectoire qu’elle décrit ouvrent une nouvelle étape majeure entre le pays et la Société Le Nickel.

Cette convention et la trajectoire qu’elle décrit ouvrent une nouvelle étape majeure entre le pays et la Société Le Nickel.

 

 

LES TROIS GRANDES PHASES DE LA « TRAJECTOIRE D’AVENIR »

 

Cette trajectoire d’avenir qui doit se traduire sous la forme d’actions et d’engagements du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et de la SLN, se décompose en trois grandes périodes, de 2022 à 2040.

 

Phase 1 (2022-2025) : la transition décisive et la préparation de l’avenir

cette période transitoire et préparatoire est décisive pour la SLN qui devra lancer les études et les projets pour la suite envisagée. À ces fins, le 2 février 2022, le gouvernement a autorisé la SLN à exporter 2 millions de tonnes de minerai supplémentaires chaque année. Cela devrait lui permettre de retrouver une marge de manœuvre financière suffisante pour assurer son équilibre financier et surtout sa capacité d’investissement. En contrepartie, la SLN devra poursuivre le développement de ses coopérations avec des partenaires locaux via des contrats d’achat ou de vente de minerai, toutes formes d’optimisations opérationnelles, de développement de technologies, la mutualisation de moyens, ou des programmes de formation.

  • la SLN arrête la centrale B et la remplace par une structure temporaire qui n’améliore pas son coût énergétique qui est de 15 F/kWh sur cette première phase ;
  • le gouvernement investigue sur les technologies énergétiques, les financements et partenariats nécessaires pour développer une énergie électrique verte et compétitive (prix inférieur à 8F/kWh, et idéalement 5F/kWh) pour une disponibilité énergétique décarbonée à l’horizon 2026 ;
  • la SLN s’engage à effectuer les investissements nécessaires pour assurer la pérennité de son outil industriel et minier et surtout à préparer les phases suivantes ;
  • concrètement cela implique de doubler le montant annuel des investissements (qui passent de 4 à 8 milliards de francs environ) ;
  • cela représente sur la période :
  • 15 à 20 milliards de francs d’investissements sur Doniambo axés sur le renouvellement des équipements majeurs (manutention minerai, voutes des fours) ;
  • 12 milliards de francs d’investissements pour le développement minier (hors engins) ;
  • 200 emplois supplémentaires, sous-traitance comprise (en plus de 360 emplois déjà créés sur la période 2019-2020).
  • La SLN s’engage à préparer les phases suivantes en démarrant les études suivantes dès 2022 :
  • études technico-économiques pour faire émerger les procédés de ferronickel décarboné (en supposant la décarbonation du mix électrique par ailleurs) ;
  • étude d’impact technico-économique, sur Doniambo « une usine pyrométallurgique en pleine ville » ;
  • réanalyse complète de son domaine minier pour y intégrer une stratégie de vente de minerai à destination d’unités hydrométallurgiques (existantes ou futures) ;
  • étude visant à spécifier les technologies et les investissements nécessaires à l’évolution à long terme du procédé de production pour être capable de s’adapter à la baisse mécanique des teneurs Ni et hausse des teneurs Fe au cours du temps.
  • En matière de Responsabilité sociétale des entreprises (RSE), la SLN s’engage à :
  • tripler son budget annuel (soit1 à 1,5 milliard de francs) ;
  • confirmer son implication dans la création d’une École des Mines de Nouvelle-Calédonie.

 

Phase 2 (2026-2030) : le renouveau de la SLN et le nouveau visage de Doniambo

Le point fort de cette période consistera en un plan d’action pour moderniser Doniambo avec, notamment le remplacement du four FD11 (un investissement estimé à plus de 12 milliards de francs), et donner un nouveau visage au site, plus en harmonie avec la ville, tout en limitant les poussières et les polluants de l’air.

  • Fort des fondamentaux consolidés en phase 1, la SLN concrétise en phase 2 le remplacement complet du four FD11, une stratégie « Ferronickel fortement décarbonée, une stratégie « Doniambo en harmonie dans la ville » ;
  • cette phase n° 2 se caractérise par des engagements conditionnés par la disponibilité d’une fourniture électrique verte et compétitive (prix inférieur à 8F/kWh, et idéalement 5F/kWh) ;
  • la SLN déclenche les investissements nécessaires (qui auront été identifiés dans l’étude en phase 1) pour produire un ferronickel de plus en plus décarboné visant à éliminer progressivement les 800 000 tonnes de CO2 émises chaque année par le processus de production de Doniambo en lui-même ;
  • les investissements nécessaires, qui n’ont pas encore été quantifiés financièrement, permettront de réduire de presque 50 % les émissions de CO2 en phase 2 (100 % en phase 3). Il pourrait s’agir :
  • du remplacement du combustible charbon-fioul par du gaz naturel ;
  • du remplacement du réducteur charbon-anthracite par des bioréducteurs.
  • la SLN déclenchera un plan d’action « Doniambo en harmonie avec la ville » visant à complètement transformer la perception des habitants de l’usine pyrométallurgique de la SLN :
  • diminuer de 75 % environ les poussières canalisées émises par le site pyrométallurgique ;
  • diminuer de 100 % les émissions de SO2 émises par le site pyrométallurgique ;
  • atteindre un niveau d’émission de poussières en ligne avec les meilleures pratiques de l’industrie, notamment par de la captation de poussières diffuses supplémentaire ;
  • Travailler sur l’impact visuel ;
  • adapter l’emprise géographique de l’usine, via notamment la réutilisation de l’espace laissé par la fermeture de la centrale B.

 

Phase 3 (2030-2040) : la neutralité carbone et l’adaptation aux basses teneurs

La période finale de l’accord est une phase de modification des procédés, avec un objectif de neutralité carbone dès 2040.

  • Afin d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2040, la SLN réalise des modifications de ses procédés. Avec le niveau de visibilité actuel, ce pourrait par exemple, être en développant le remplacement du combustible gaz par de l’hydrogène, qui serait produit de manière décarbonée par des fermes photovoltaïques dédiées ;
  • la SLN modifie le processus de production pour l’adapter à la baisse mécanique des teneurs Ni et la hausse des teneurs Fe. Cela pourrait impliquer de passer de 5 à 6 fours rotatifs, ou à un autre type de réacteur. Ces options seront étudiées pendant la phase 1, et testées en phase 2.

 

Les trois phases de la convention ont été définies sur la base des informations connues à ce jour… par conséquent, les périodes indiquées pourront être modifiées en fonction des réalisations et délais effectifs de chacune. De plus, les conditions de marché, les technologies disponibles vont immanquablement évoluer de façon substantielle sur une aussi longue période, raison pour laquelle plusieurs études technico-économiques seront lancées par la SLN dès 2022.

 

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