Mobilisation réussie contre l’illettrisme

Une soixantaine d’actions de sensibilisation à l’illettrisme s’est déployée du nord au sud du territoire du 8 au 15 septembre dans le cadre des JNAI. La dernière enquête de l'Institut de la statistique et des études économiques (ISEE) de 2013, indique que 29 000 Calédoniens sont concernés. Les données récoltées par l'armée lors des Journées défense et citoyenneté (JDC) et les chiffres basés sur les évaluations scolaires montrent qu’entre 18 % et 30 % de la population éprouve de grandes difficultés dans le domaine de la lecture.

Prendre conscience

Coordonnées par la cellule composée de Yolande Verlaguet, chargée de mission Enseignement  au gouvernement, l’institut de formation à l’administration publique (IFAP), la Croix-Rouge française, l’École de la réussite, le vice-rectorat - direction générale des Enseignements et le fonds interprofessionnel d’assurance formation (FIAF), ces JNAI ont atteint leurs objectifs. « Nombreux sont les participants qui se sont questionnés sur les chiffres de l’illettrisme en Nouvelle-Calédonie et sur ce qu’est vraiment l’illettrisme. On constate qu’il y a une réelle prise de conscience et une envie de faire bouger les choses », a indiqué la chargée de mission.

À l’Espace jeunes de la province Sud, plusieurs classes du lycée professionnel Saint-Joseph de Cluny ont participé aux ateliers organisés durant la semaine. Sylvana Koroma, chargée de mission, a expliqué l’importance de la sensibilisation auprès des jeunes : « Au début, ils sont plutôt dans la moquerie quand on évoque les personnes en situation d’illettrisme. Quand ils comprennent vraiment, ils se sentent concernés. Certains réalisent qu’ils en connaissent dans leur entourage ».

L’association Lire en Calédonie a animé un atelier de reliure japonaise à l’Espace jeunes de la province Sud.

Donner le goût de lire

Destinées aux enfants, aux adolescents, aux salariés, aux responsables, aux formateurs, les animations ont abordé la problématique de l’illettrisme sous des angles variés. La lecture, au cœur de l’action fil rouge des JNAI a été l’occasion de créer des instants de partage et d’évasion, une pause dans le quotidien. « Du plaisir à lire mais aussi à écouter », a témoigné Mireille Cassin, chargée de communication interne à la direction de la Formation professionnelle continue (DFPC). En partenariat avec la direction du Travail et de l’emploi (DTE), elle a organisé durant toute la semaine, un quart d’heure lecture à voix haute auquel les agents étaient conviés et ont participé avec enthousiasme, à tel point que l’action doit se prolonger.

Mêmes retours positifs du côté du Régiment du service militaire adapté (RSMA) de Koumac, Koné, Bourail et Nouméa. Si l’ensemble des cadres a été sensibilisé à l’illettrisme, les stagiaires ont, quant à eux, stoppé leur formation quinze minutes, le temps d’ouvrir un livre le jour du lancement de l’opération.

Les stagiaires du RSMA ont arrêté leurs activités le temps du quart d’heure lecture. © Guillaume Gnusetta

 À Montravel, le marathon de lecture du 8 septembre a vu se succéder au micro des bénéficiaires de l’Association des parents d’enfants handicapés (APEH), des bénévoles de la Croix-Rouge, des élèves du groupe scolaire Noell-Mouchet de Montravel, des membres de l’école de la réussite ravis de partager leurs lectures.  

Les jeunes lecteurs n’ont pas hésité à prendre le micro lors du marathon de lecture organisé par la cellule de coordination pour la semaine de l’illettrisme, l’APEH-NC et la ville de Nouméa.

Illettrisme au travail

Cette année, les JNAI étaient placées sous le signe de l’illettrisme dans un contexte professionnel. Plus de la moitié des personnes en situation d’illettrisme occupent en effet un emploi. L’IFAP, en partenariat avec le FIAF, a organisé une matinée créative destinée aux personnes formées au titre de « référent en compétences essentielles », issues du secteur privé et public. L’objectif était notamment de s’approprier l’offre de formation existante pour mieux communiquer, orienter et accompagner leurs collègues.

Les référents en compétences essentielles sont les relais de l’information auprès de leurs collègues.

Yolande Verlaguet souhaite « poursuivre les actions pour aller au plus près des besoins des entreprises et des salariés ». Rendez-vous est pris pour l’année prochaine.