Le PANC : modernité, ambition et attractivité pour une ouverture sur le monde
Le PANC : modernité, ambition et attractivité pour une ouverture sur le monde
16 avril 2025

Samuel Hnepeune, membre du gouvernement chargé du transport maritime, a présenté mercredi 16 avril, les axes de développement constituant la stratégie de modernisation de port autonome de Nouvelle-Calédonie (PANC). Véritable pilier économique, cette structure entend renforcer son rôle central dans le commerce, la croisière, l’innovation maritime et l’aménagement urbain.
Le port dispose d’un potentiel de développement inégalé dans le Pacifique, notamment en lien avec sa situation géographique, ses infrastructures, ses deux rades et son domaine terrestre de plus de 80 hectares. Pourtant, plusieurs segments restent sous-exploités : la grande croisière, l’accueil de porte-conteneurs plus imposants ou les chantiers navals.
Dans le but d’accélérer sa transformation, cinq axes de développement stratégiques ont été actés :
1. Moderniser le terminal de commerce pour sécuriser et fluidifier les échanges ;
2. Développer la croisière pour renforcer l’attractivité touristique ;
3. Créer un pôle scientifique et technique à vocation régionale ;
4. Renforcer la filière de maintenance et de déconstruction des navires ;
5. Penser le port avec la ville : vers une vision urbaine intégrée et durable.
« Nous voulons travailler sur un concept de hub régional, a affirmé le membre du gouvernement Samuel Hnepeune. Aujourd’hui, Singapour est considérée comme la porte d’entrée de l’Asie. Pourquoi Nouméa ne pourrait-elle pas devenir la porte d’entrée du Pacifique ? Le président de la République insiste depuis plusieurs années sur le développement de l’axe indopacifique. La Nouvelle-Calédonie pourrait en profiter et se positionner comme une plateforme dotée d’infrastructures et de services adaptés, et ainsi bénéficier d’un rayonnement au niveau régional ».
Moderniser le terminal de commerce pour sécuriser et fluidifier les échanges
Premier point d’entrée des marchandises en Nouvelle-Calédonie, le terminal de commerce accueille 95 % des produits importés, dont 75 % de denrées alimentaires. Face aux enjeux d’approvisionnement et de compétitivité, le port lance une vaste modernisation :
- Construction du poste 8, un quai de 250 mètres, pour augmenter la capacité d’accueil de navires de commerce. Coût : 1,5 milliard de francs injectés entre 2025 et 2026 pour achever l’ouvrage ;
- Étude d’un nouvel espace logistique de 20 000 m² destiné à accueillir deux quais supplémentaires et une plateforme dédiée. Un appel à manifestation d’intérêt (AMI) sera étudié dès cette année 2025 ;
- Réorganisation des flux : automatisation du comptage des conteneurs, séparation des flux d’entrée/sortie, contrôle automatisé. Coût : 150 millions de francs seront nécessaires pour cette modernisation et automatisation ;
- Renforcement de la sécurité, conformément au statut d’opérateur d’importance vitale (OIV) déclaré par les services de l’État, avec une enveloppe de 300 millions de francs dédiée à cette mise à niveau.
Développer la croisière pour renforcer l’attractivité touristique
Le marché de la croisière génère plus de 2,6 milliards de francs de retombées économiques annuelles avec 130 navires qui font escale, malgré des infrastructures encore limitées. « Cette partie nécessite que l’on révolutionne presque totalement l’organisation du port, puisque 80 % du trafic se fait en grande rade et 20 % en petite rade. Nous voulons inverser la tendance pour permettre un accueil des croisiéristes dans de meilleures conditions », a détaillé Samuel Hnepeune.
Le port souhaite donc consolider cette filière stratégique en deux temps :
- D’ici 2026, amélioration de l’existant : réaménagement de la Gare maritime Ferry (GMF) et extension des quais, pour mieux accueillir les croisiéristes dans des conditions optimales. Coût : 400 millions de francs ;
- À l’horizon 2028, mise en service d’un terminal de croisière moderne en petite rade, pour fidéliser les grandes compagnies, renforcer la compétitivité et augmenter la fréquentation du port.
Créer un pôle scientifique et technique à vocation régionale
Le PANC entend se positionner comme un hub de la recherche maritime dans le Pacifique, en accueillant régulièrement des navires scientifiques (recherche océanographique, surveillance environnementale) et techniques (câbliers sous-marins).
« Nous avons une forte demande de faire de Nouméa le port de base ou simplement de passage de certains navires scientifiques et nous avons les infrastructures et les services portuaires qui s’y prêtent », a assuré le membre du gouvernement.
Ce pôle favorisera :
- la collaboration entre acteurs publics et privés ;
- le développement de la Bluetech (technologies maritimes innovantes) ;
- l’implantation durable d’activités à forte valeur ajoutée pour les jeunes calédoniens.
Renforcer la filière de maintenance et de déconstruction des navires
Grâce à ses cales de halage de 200 et 1 000 tonnes, le port dispose d’un fort potentiel de développement dans la maintenance et le démantèlement de navires, avec un impact positif sur l’emploi et l’économie locale. « C’est un sujet sur lequel la Nouvelle-Calédonie travaille depuis longtemps. Il y a un volume de bateaux à traiter conséquent et des discutions sont bien engagées avec la Marine nationale pour la déconstruction, par exemple, de deux de ses P400, qui pourrait très bien se faire ici, avec des infrastructures adaptées », a indiqué Samuel Hnepeune.
- En 2024, début de la mise aux normes ICPE (installations classées pour l’environnement) de la cale 1 000 tonnes, pour accueillir les démantèlements réglementaires (comme ceux des patrouilleurs P400 de la Marine nationale) ;
- En septembre 2025, ouverture d’une plateforme de traitement de 1 000 m², financée en partie par l’État. Coût : 200 millions de francs ;
- Lancement en 2025 d’un service de nettoyage de coques, indispensable pour répondre aux exigences de pays voisins (Australie, Nouvelle-Zélande), et source de nouvelles escales commerciales.
Penser le port avec la ville : vers une vision urbaine intégrée et durable
Les projets du PANC sont menés en partenariat avec la Ville de Nouméa pour bâtir une interface ville-port cohérente, fonctionnelle et accueillante :
- Réaménagement des flux passagers autour de la Gare maritime Ferry (GMF) et optimisation de la gestion des espaces. Coût : 35 millions de francs dès 2025 ;
- Mutualisation des infrastructures pour éviter les surcoûts (croisière, grande plaisance, navires scientifiques) ;
- Lancement du RENAQ (raccordement électrique des navires à quai) : projet d’envergure visant à réduire l’usage des moteurs en escale et donc les émissions polluantes. Coût : 1,5 milliard de francs.
Avec ces projets structurants, le port autonome s’inscrit dans une dynamique de croissance durable, au service de l’économie calédonienne, de l’emploi local et de la transition écologique. Il affirme son ambition : devenir un port de référence dans le Pacifique Sud, innovant, performant et intégré à son territoire.
Le PANC en quelques chiffres
- 5 installations portuaires
- 2 cales de halage
- 3 gares maritimes
- 70 bâtiments (docks et bureaux)
- 1700 mètres linéaires de quai
- 45 hectares de terre‐pleins
- 1 500 hectares de plan d'eau (petite rade et grande rade)
- 1 039 emplois directs (secteur du transport maritime et de la logistique)
- 2ème port ultramarin en volume de trafic avec 5 milliards de tonnes de manipulés (dont 3 milliards de tonnes de minerais) et 100 000 containers