Le plan Polmar-terre activé

Le plan Polmar-terre activé

01 décembre 2017

Sécurité et prévention Environnement et énergie

Philippe Germain et Thierry Lataste ont fait le point sur la pollution aux hydrocarbures le 30 novembre, entourés des services compétents dont la Marine nationale, la DSCGR, la DASS et la DAVAR.

Philippe Germain et Thierry Lataste ont fait le point sur la pollution aux hydrocarbures le 30 novembre, entourés des services compétents dont la Marine nationale, la DSCGR, la DASS et la DAVAR.

En raison du nombre de communes touchées par une pollution aux hydrocarbures, le plan Polmar-terre a été activé le 29 novembre par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Son président et le haut-commissaire de la République ont dressé un point de la situation.

Lifou le 22 novembre, puis Ponérihouen, Yaté, Houaïlou, Touho, Poindimié et Ouvéa quelques jours plus tard. La découverte de boulettes d'hydrocarbures sur plusieurs communes de la Nouvelle-Calédonie a conduit le gouvernement, à travers sa direction de la Sécurité civile et de la gestion des risques (DSCGR), « à prendre la main sur la gestion de cette pollution », a indiqué Philippe Germain, résumant ainsi la vocation du plan d'intervention Polmar-Terre.

Le premier objectif est de coordonner l'action des différents intervenants et de veiller à la sécurité des personnes sur les chantiers de dépollution. Ceux-ci ont déjà commencé à Lifou, d'abord sous la conduite de la mairie, avec le soutien des services de l’État et du gouvernement. « Près de 72 kilos de boulettes ont été ramassés à ce jour. Concernant Ponérihouen, d'après les premières estimations visuelles, nous sommes sur des proportions moindres, a précisé Éric Backès, le directeur de la Sécurité civile. Quatre postes de commandement (PC) ont été organisés : à Ponérihouen pour le secteur Poindimié-Touho, à Houaïlou pour couvrir la zone Canala-Kouaoua, à Lifou et à Ouvéa. Il n'y a pas de PC sur Yaté où une seule boulette a été retrouvée ».

Chantiers de dépollution

Pour les agents de la DSCGR déployés sur le terrain, la journée du 30 novembre a été consacrée à des travaux de reconnaissance et aux prises de contact avec les autorités locales avant le début des opérations de nettoyage. Neuf chantiers de 20 personnes peuvent être répartis en fonction des besoins. Par ailleurs, une formation est assurée pour les chefs d'équipe de ramassage des polluants sur l’utilisation des équipements de protection individuels. Le matériel a été fourni par l'armateur du Kea Trader. Le porte-conteneurs, échoué depuis le 12 juillet sur le récif Durand, au large de Maré, est en effet pointé du doigt dans cette affaire (lire l'encadré). Alors que des analyses sont en cours pour confirmer l'origine de la pollution, l'armateur a d'ores et déjà pris ses responsabilités en assumant la prise en charge financière du ramassage des produits polluants.

Mesures préventives

La DSCGR, en lien avec la direction des Affaires sanitaires et sociales (Dass) et la Direction des Affaires vétérinaires, alimentaires et rurales (Davar), accompagnera les communes afin qu’elles puissent prendre les mesures nécessaires en fonction de leur situation (interdiction de pêche, de pêche à pied, de baignade, de fréquentation du littoral, etc). Au vu de la pollution, les risques sanitaires sont faibles, mais il convient de ne pas les négliger en attendant le résultat des différentes analyses : eaux de baignade pour la Dass et échantillons de produits de la mer pour la Davar qui seront envoyés au laboratoire national de référence, le LABERCA à Nantes.

En dehors de ces mesures préventives, les mairies concernées sont invitées à informer les habitants. « Le principal message est de ne pas toucher ou ramasser les boulettes qu'ils peuvent être susceptibles de trouver, mais d'informer la gendarmerie ou les pompiers de leur commune », a insisté le directeur de la Sécurité civile.

 

Les polluants concernés sont des amalgames de résidus d’hydrocarbures. De 1 à 10 cm, ils sont nommés "boulettes", au-delà jusqu'à 1 mètre, il s'agit de "galettes".

Les polluants concernés sont des amalgames de résidus d’hydrocarbures. De 1 à 10 cm, ils sont nommés "boulettes", au-delà jusqu'à 1 mètre, il s'agit de "galettes".

 

 

Le Kea Trader sous haute surveillance

 

La situation du porte-conteneurs échoué au large de Maré a largement été évoquée pendant le point établi par les autorités. « L’accident a été pris très au sérieux dès le départ. Notre priorité, avec l’État, a été de se soucier des questions de pollution », a souligné Philippe Germain. Dès le 12 juillet, tout a été mis en œuvre pour organiser la dépollution du navire – notamment le pompage de plus de 700 tonnes de fioul lourd –, le retrait des conteneurs et la tentative de renflouement. Mais c’était sans compter qu’il se brise en deux quatre mois plus tard. C'est à ce moment que du fioul lourd "impompable", situé au fond des cales du navire, s’est échappé en petite quantité. Le Centre d’expertises pratiques de lutte antipollution (Ceppol) l’estime à quelques centaines de litres. « Une procédure judiciaire est en cours et des échantillons ont été transmis en Métropole pour analyse afin de déterminer si les boulettes sont similaires au fioul utilisé par le Kea Trader », a précisé Thierry Lataste qui a rappelé que l’armateur a été mis en demeure par l’État afin de trouver une solution pour démanteler l’épave sur place. Un chantier qui devrait durer de neuf à dix-huit mois.  

 

Le Kea Trader s’est coupé en deux le 12 novembre.

Le Kea Trader s’est coupé en deux le 12 novembre.