L’aérogare de Magenta en grand fret

L’aérogare de Magenta en grand fret

02 février 2018

Aménagement du territoire Économie

Le comptoir départs de la nouvelle aérogare de fret.

Le comptoir départs de la nouvelle aérogare de fret.

La nouvelle aérogare de fret de Nouméa-Magenta a ouvert ses portes le 22 janvier. À la demande du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, l’opération a été conduite par le service d’ingénierie de la direction de l’Aviation civile. Objectif pour Air Calédonie : doubler son volume de fret d’ici à 2020, en passant de 1 800 à 3 600 tonnes de marchandises embarquées.

Un bâtiment situé en zone sûreté, entre ville et piste. Une superficie de 620 m2, qui permet de passer du simple au triple en termes de capacité de surfaces au sol, de stockage, notamment de produits périssables. D’un côté, la salle départs, bien plus grande que la salle arrivées, le fret au départ, en particulier vers les îles, représentant 70 % du total, et quatre chambres froides en zone départs, contre deux en zone arrivées.

En concertation avec la Chambre de commerce et d’industrie et Air Calédonie, la Nouvelle-Calédonie a investi dans ce nouvel équipement afin de soutenir l’augmentation des volumes traités et de pallier le sous-dimensionnement des espaces dédiés jusqu’alors au sein de l’aéroport de Nouméa-Magenta. « Auparavant, le fret au départ et celui à l’arrivée partageaient un même lieu très exigu et complètement saturé, explique Sébastien Chêne, directeur de l’Aviation civile (DAC). Aujourd’hui, on revient sur des surfaces préconisées par rapport aux besoins, aux normes et aux conditions de travail ».

Une nouvelle stratégie commerciale pour Aircal

Pas d’innovation majeure « par rapport à ce qu’on peut trouver ailleurs dans le monde, mais eu égard aux installations précédentes, c’est tout à fait moderne, poursuit  Sébastien Chêne. Au niveau des surfaces, des rayonnages disponibles, des volumes de chambres froides, cette nouvelle aérogare offre beaucoup plus de possibilités, dont celle, pour la compagnie, de développer une politique de fret ».

Confirmation de Samuel Hnepeune, président directeur général d’Air Calédonie : « On ambitionne très vite de doubler notre volume de fret et de passer à 3 600 tonnes d’ici à 2020. Un objectif pas irréaliste, puisque aujourd’hui on ne fait que traiter le tout-venant, sans stratégie commerciale offensive, tout en étant persuadés qu’il y a un business à aller chercher ». Le pdg d’Aircal se montre enchanté de l’aboutissement du chantier : « Par le passé, le sujet de l’aérogare est revenu plusieurs fois sur le devant de la scène, et de temps en temps il disparaissait. On a retravaillé sur le dossier depuis environ deux ans et demi, et cette fois on l’a mené jusqu’au bout ! ».

En discussions avec Air Loyauté

Principale nouveauté de la zone de fret, la séparation des flux entre arrivées et départs. « Jusqu’ici, il était très difficile de gérer un volume de 1 800 tonnes, marchandises à l’arrivée et au départ se traitant au même endroit, avec des risques de confusion. Désormais, l’aérogare offre une sécurité renforcée pour le traitement des colis et une amélioration de la qualité du service ». Quant aux employés d’Aircal, ils travaillent dans de meilleures conditions depuis que les Tracma dans lesquels la compagnie a investi se chargent de tracter à leur place les chariots jusqu’aux avions et de les ramener à l’intérieur de l’aérogare.

Si Aircal est aujourd’hui la seule compagnie à utiliser l’aérogare de fret, Air Loyauté, qui bénéficie elle aussi d’une autorisation temporaire d’occupation (AOT), pourrait également louer une partie du rez-de-chaussée à la CCI, gestionnaire des infrastructures de la plate-forme aéroportuaire pour le compte de la Nouvelle-Calédonie. « Nous sommes en phase de discussions », indique Laure Aubin, directrice des aéroports domestiques et de la gare maritime de Nouméa.

La construction de la nouvelle aérogare permettra par ailleurs d’agrandir les salles de départ et d’arrivée de l’aérogare passagers, grâce aux surfaces récupérées sur l’ancien espace fret, une fois les études sécurité et de diagnostic amiante finalisées, courant 2019.

Un aérodrome étendu et mis aux normes

Ces travaux s’inscrivent en effet dans un programme plus large de modernisation de la plate-forme, visant  à accompagner le développement du trafic domestique. L’objectif est d’augmenter la qualité de service du transport aérien, tout en maintenant un niveau de sécurité optimum pour l’ensemble des usagers. Dès cette année, l’aérogare passagers intégrera la création d’un espace inspection-filtrage à l’entrée de la salle de départs. Viendra ensuite l’élargissement de la bande de dégagement latérale de la piste, afin de respecter les distances de sécurité réglementaires, travaux qui impliquent la déviation de la Route provinciale 14, d’ici à 2019.

Restera enfin à résoudre la question épineuse du stationnement et de la saturation du parking passagers. Des études ont été lancées sur l’ensemble des zones potentiellement aménageables, notamment certains espaces qui seront libérés une fois la route déviée.

 

La nouvelle aérogare offre de meilleures conditions de travail aux employés d’Aircal.

La nouvelle aérogare offre de meilleures conditions de travail aux employés d’Aircal.

 

 

 Samuel Hnepeune (Aircal), Laure Aubin (CCI) et Sébastien Chêne (DAC).

Samuel Hnepeune (Aircal), Laure Aubin (CCI) et Sébastien Chêne (DAC).

 

 

En chiffres

- Montant de l’opération : 600 millions de francs (540 millions de travaux et 60 millions d’études)

- Superficies : 620 m2 au rez-de-chaussée pour l’activité fret (photo) ; 600 m2 à l’étage pour des bureaux ouverts et modulables. Location des bureaux : 1 200 F le m2 en brut ou 2 500 F en aménagé.

- Parking : 40 places au sous-sol pour les usagers de la plate-forme

- Calendrier : validation du programme fin 2010, concours d’architectes en 2011 remporté par Archipel, travaux lancés début 2016

- Volume de fret : 1 800 tonnes par an en moyenne ces dernières années, transportées à partir de Nouméa-Magenta

 

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Des bureaux au premier étage

Le premier étage de l’aérogare de fret est un plateau-bureaux de 600 m2 nus, qui devrait rapidement trouver preneur auprès de la CCI. Il s’adresse à des sociétés impliquées dans le transport domestique et l’aéronautique, comme Air Loyauté ou, pourquoi pas, des loueurs de voitures. Des pourparlers sont actuellement en cours avec la chambre consulaire. « Initialement, la construction était prévue sur un seul niveau pour le fret, mais, pour un prix guère plus élevé, nous avons eu la possibilité d’ajouter un étage, précise François-Xavier Rauzières, directeur du service d’ingénierie à la DAC. Ce qui donne plus de volume au bâtiment ». Et promet un retour sur investissement…