La dengue gagne du terrain

La dengue gagne du terrain

06 mars 2017

Santé et social

Le moustique Aedes Aegypti est le seul à pouvoir transmettre la dengue, le zika et le chikungunya à l’homme. On le reconnaît à ses rayures et à son vol discret. Il est actif la journée et pond dans de l’eau propre et claire.

Le moustique Aedes Aegypti est le seul à pouvoir transmettre la dengue, le zika et le chikungunya à l’homme. On le reconnaît à ses rayures et à son vol discret. Il est actif la journée et pond dans de l’eau propre et claire.

Avec près de 1 000 cas déclarés et une troisième victime cette semaine, l’épidémie de dengue qui touche la Nouvelle-Calédonie depuis le début de l’année continue de progresser. Alors que le gouvernement et la province Sud lancent un plan d’action d’envergure, les services hospitaliers s’organisent et les chercheurs entament de nouvelles investigations. Plus que jamais, la population est appelée à la vigilance.

« Cette épidémie semble assez grave : il y a déjà trois décès alors que nous n’en sommes qu’au début. Le taux d’hospitalisation s’élève à presque 8 %, ce qui est nettement supérieur aux années précédentes et à la moyenne de l’OMS qui se situe autour d’1 % », a déclaré à la presse Jean-Paul Grangeon, le directeur adjoint de la direction des Affaires sanitaires et sociales (DASS).

Face à cette virulence, le corps médical s’interroge. « Les autorités sanitaires et les praticiens du CHT travaillent en partenariat avec la Polynésie française pour comprendre les raisons d’une telle gravité. Serait-elle due à une infection à zika préalable ? Existerait-il un phénomène d’immunité croisée ? Nous émettons des hypothèses qui devront être étayées par une étude clinique précise et les bilans biologiques des patients », explique Jean-Paul Grangeon.

Une unité dédiée au Médipôle

Dans l’immédiat, pour faire face aux nombreuses hospitalisations (15 patients en continu depuis un mois), le Médipôle a ouvert depuis une semaine une unité dédiée aux malades touchés par la dengue. Dotée de moyens supplémentaires, elle permet d'absorber le surcroît de travail et d’éviter une saturation de l’infrastructure qui est toujours en phase de rodage. Sans compter que l’épidémie progressera encore très certainement dans les mois à venir, jusqu’au retour de températures plus fraîches, espérées pour juin. D’ici là, 100 000 personnes pourraient contracter la dengue, d’après la DASS.

Citoyens, médecins, collectivités, tous concernés !

 « Pour éviter cette explosion, la mobilisation de tous est nécessaire, martèle le directeur adjoint. Chacun doit se protéger des piqûres et empêcher la prolifération des moustiques. En cas de fièvre, courbatures, éruptions cutanées, maux de tête, il faut se protéger des piqûres pour ne pas propager la maladie autour de soi et il faut consulter un médecin pour s’assurer de l’absence de complication et permettre ainsi aux autorités de déclencher des épandages qui servent à tuer les moustiques porteurs du virus. »

Des médecins qui sont aussi appelés à prendre leurs responsabilités, la dengue étant une « maladie à déclaration obligatoire » : « Ils doivent transmettre à la DASS, par mail ou par téléphone, le nom, l’adresse, le numéro de téléphone et la date des premiers signes cliniques du patient. Ces informations permettent de mettre à jour les données épidémiologiques et d’alerter immédiatement les communes pour qu’elles interviennent sur le terrain. » Le non-respect de cette obligation légale pourrait donner lieu à une sanction pénale, civile, administrative ou ordinale.

 

Le directeur adjoint de la DASS a animé une conférence de presse au gouvernement, jeudi 2 mars.

Le directeur adjoint de la DASS a animé une conférence de presse au gouvernement, jeudi 2 mars.

 

 

 

À savoir

  • Le moustique Aedes Aegypti, aussi appelé moustique-tigre en raison de ses pattes noires rayées de blanc (voir photo ci-dessus), est le seul moustique qui peut transmettre la dengue, le chikungunya et le zika : les trois arboviroses présentes en Nouvelle-Calédonie.
  • Le moustique Aedes Aegypti pique la journée, principalement au lever et à la tombée du jour. Il ne pique pas la nuit et son vol est silencieux.
  • Les moustiques présents dans les mangroves, les arroyos, etc. ne sont pas des Aedes Aegytpi, mais d’autres espèces de moustiques qui ne transmettent pas de maladie.

 

 

60 millions de francs pour lutter contre la dengue 

Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a lancé, en partenariat avec la province Sud, un programme d’envergure pour lutter contre l’épidémie de dengue. Présenté vendredi 24 février, ce plan d’actions prévoit notamment :

  • 85 agents supplémentaires pour renforcer les équipes de terrain pour la lutte anti-vectorielle ;
  • la constitution d’un stock de produits répulsifs cutanés ;
  • une mise à disposition, par la province Sud, de répulsifs corporels (soumis à autorisation parentale) dans les écoles, les foyers et les internats ;
  • la diffusion de mallettes pédagogiques dans les établissements scolaires ;
  • une étude pour contrôler les marges des dispositifs muraux (prises et plaquettes), à l’image des répulsifs corporels et des insecticides déjà réglementés, et pour suspendre les taxes à l’importation pour tous ces produits ;
  • une circulaire du gouvernement adressée aux pharmaciens pour les sensibiliser à leur rôle de conseil quant au choix des répulsifs corporels, et aux médecins, pour leur rappeler la conduite à tenir en situation épidémique.

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