L'IDNC, un indicateur très compétent

L'IDNC, un indicateur très compétent

08 avril 2019

Environnement et énergie

L’IDNC, un indicateur fiable pour la caractérisation des cours d’eau de la Grande Terre.© M. Juncker/OEIL 2017

L’IDNC, un indicateur fiable pour la caractérisation des cours d’eau de la Grande Terre.© M. Juncker/OEIL 2017

Fin mars, l’Observatoire de l’environnement (OEIL) et le gouvernement ont présenté le fruit de deux études. L’une concernait la standardisation des méthodes de suivi des peuplements de poissons et crustacés dans les rivières. L’autre portait sur la publication d’un nouvel indicateur de l’état écologique des cours d’eau : l’Indice diatomique de Nouvelle-Calédonie (IDNC), qui a nécessité pas moins de sept ans de travaux.

 

Sept années de recherches, des études menées sur l’ensemble de la Grande-Terre du mont Panié jusqu’au Grand Sud, 45 millions de francs de budget*, une demi-douzaine de partenaires, l’établissement de l’Indice diatomique de Nouvelle-Calédonie (IDNC) n’aura pas été une mince affaire. En 2012, l’OEIL et le CNRT (Centre national de recherche technique) décident de soutenir un programme de recherche sur les diatomées benthiques, en vue de proposer un nouvel indice, complémentaire de l’Indice biotique de la Nouvelle-Calédonie (IBNC) et de l’Indice bio-sédimentaire (IBS), lesquels exploitent les capacités bio-indicatrices des macro-invertébrés. Après avoir dressé un atlas taxinomique des diatomées locales et analysé les données récoltées, les scientifiques vont lentement développer ce nouvel outil de suivi biologique de l’état du milieu aquatique.

Ne pas laisser le cheval à l'écurie !

À ne pas confondre avec l’IDC-NC (…), l’IDNC a été notamment conçu pour répondre aux attentes des gestionnaires et industriels en matière d’impacts des pressions anthropiques domestiques et minières. Si des indices diatomiques existaient au niveau national et mondial, il s’agit ici d’une nouveauté intégrale. « En l’adaptant aux spécificités calédoniennes afin d’avoir une vision encore plus fine et approfondie de l’état de nos rivières, on ajoute une corde à l’arc des observateurs de l’environnement », se réjouit Anne Lataste, responsable communication scientifique à l'OEIL. « Quand tu t'offres un cheval à 45 millions, ce n’est pas pour le laisser à l’écurie, lance en souriant Matthieu Juncker, le directeur de l’observatoire. Concrètement, il faut absolument que les pouvoirs publics, la sphère privée et les opérateurs miniers puissent mobiliser cet outil pour avoir une idée beaucoup plus fidèle et précise de la réalité des milieux impactés ».

Un nouvel outil pour la PEP

Accompagnateur technique du projet, la direction des Affaires vétérinaires, alimentaires et rurales (Davar) de la Nouvelle-Calédonie l’a aussi cofinancé. Son service de l’eau a participé à l’élaboration des cahiers des charges, au choix des experts, à la définition des attentes… « Ces suivis biologiques vont de pair avec les suivis physico-chimiques que la Davar effectue, explique Geoffroy Wotling, chef du service de l’eau. Pour nous, il est très intéressant de s’appuyer sur une association comme l'OEIL qui fédère un certain nombre d’acteurs privés et publics autour d’une préoccupation commune : des indicateurs fiables pour caractériser notre ressource ».

À terme, ils constitueront également les indicateurs de la Politique de l’eau partagée (PEP-NC) portée par le gouvernement depuis plusieurs années et qui vient d’être adoptée par le Congrès. « Les travaux présentés aujourd’hui permettent d’améliorer les compétences et la connaissance, poursuit Geoffroy Wotling. Dans l’objectif de pouvoir piloter demain une véritable politique publique de l’eau, après avoir légiféré et mis en place une réglementation – très attendue – de nature à fiabiliser des mesures qui échappent encore à des normes suffisamment contraignantes ».

* Dont 18 millions financés par l’OEIL
Début avril, l'OEIL a organisé sur la Dumbéa une démonstration de la méthode de prélèvement des diatomées.© OEIL

Début avril, l'OEIL a organisé sur la Dumbéa une démonstration de la méthode de prélèvement des diatomées.© OEIL

 

Une brosse à dents et une bassine

À la base de la chaîne alimentaire, les diatomées (466 espèces actuellement recensées en Nouvelle-Calédonie, dont 40 % endémiques) sont des algues microscopiques à la durée de vie très courte, dont certaines se montrent particulièrement sensibles aux perturbations naturelles ou anthropiques et se déforment ou disparaissent à la moindre altération s’exerçant sur le milieu aquatique. Pour savoir ce qu’il s’y est passé au cours des jours précédents, rien de plus simple : il suffit de se rendre sur une station et de gratter avec une brosse à dents la surface d'une dizaine de galets afin de prélever les diatomées et de les recueillir au fond d’une bassine. L’IDNC est en fait une note de 0 (mauvais) à 1 (très bon), et correspond à un nuancier allant du rouge au bleu.

© OEIL

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La même pêche électrique pour tous

La “pêche” électrique consiste à soumettre le poisson, à l’aide d’une perche, à un faible champ électrique qui l’étourdit momentanément, le temps de le capturer à l’épuisette, de l’identifier/mesurer/peser… et de le relâcher. Mais difficile d’effectuer un suivi efficace des populations de poissons et crustacés dans les cours d’eau quand tous les opérateurs ne pratiquent pas cette pêche selon les mêmes protocoles. Dans un souci d’harmonisation, l'OEIL a décidé de confier une mission d'expertise à l’Agence française pour la biodiversité (AFB), anciennement Agence des aires marines protégées. Venus deux semaines sur le Caillou en mai 2018, trois spécialistes ont ainsi audité l’ensemble des utilisateurs de cette pêche scientifique, appréhendé les nombreuses spécificités des cours d’eau calédoniens (ici sur le creek de la Baie Nord) et en ont tiré des recommandations. Celles-ci ont fait l’objet d’un guide méthodologique et technique de standardisation des protocoles. Un bon moyen de rendre la donnée homogène et exploitable à l’échelle du pays.

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