La Calédonie au feu rouge
Responsabilité, vigilance et prévention étaient les trois mots clés de la conférence de presse qui a suivi ce matin une réunion d’urgence entre toutes les forces impliquées dans la lutte contre les incendies : gouvernement, Sécurité civile, haut-commissariat, pompiers, gendarmerie, armée, parquet… Une campagne de presse destinée à sensibiliser davantage les Calédoniens a été lancée.
La Nouvelle-Calédonie a décidé de se constituer partie civile, suite aux incendies de Voh, et une plainte contre X a été déposée. Le bilan est très lourd : deux personnes décédées, 105 hectares brûlés, 177 pompiers mobilisés en six jours de lutte contre les flammes. Et un coût de 10 millions de francs pour la collectivité. Depuis le 15 septembre, début de la saison administrative des feux de forêts, on recense déjà 161 départs de feux, pour un peu plus de 1 600 hectares brûlés (dont 75 % en province Nord), soit, en un seul mois, 57 % de la surface partie en fumée du 15 septembre au 15 décembre 2014 (2 800 ha).
Face à ces chiffres inquiétants, Philippe Germain en a une fois de plus appelé à l’extrême vigilance et au civisme de la population. « Il est interdit de faire du feu sur l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie, de procéder à l’écobuage, de jeter les mégots de cigarettes n’importe où, de faire des feux de camping », a-t-il martelé.
Protéger son habitation en nettoyant les alentours, ne pas hésiter à sensibiliser les personnes qui adoptent des conduites à risques, prévenir les forces de gendarmerie ou de police ou appeler le 18 au moindre départ de feu, le président du gouvernement a lancé quelques consignes citoyennes, expliquant que chacun était « responsable de sa maison, de son quartier, de sa tribu, de son environnement ». « De nombreux incendies peuvent être évités, ils ne sont pas une fatalité mais presque toujours d’origine humaine », a-t-il précisé. Ajoutant que, s’ils portent atteinte aux personnes et mettent en danger la vie des sauveteurs, ils détruisent également notre biodiversité, avec un coût écologique important.
Alexis Bouroz, procureur de la République, a ensuite abordé le volet des sanctions. Sur le plan de la responsabilité civile, que l’incendie soit volontaire ou pas, la personne responsable peut être condamnée à payer les dégâts, voire le coût des moyens engagés par la collectivité. Pour les mineurs, la responsabilité en incombe aux parents qui devront s’acquitter des dommages et intérêts. En matière de responsabilité pénale, un incendie volontaire est passible de dix ans de prison. Quinze ans si une personne est blessée, voire une peine pouvant aller jusqu’à la perpétuité en cas de décès.
Autre question : comment la Nouvelle-Calédonie, qui assure la compétence Sécurité civile pour la deuxième année, peut-elle améliorer le dispositif de lutte contre les feux ? Quelques pistes ont été évoquées : renforcer les moyens des communes, réactiver le réseau des guetteurs pour prévenir tout départ de feu, mobiliser les stagiaires du RSMA, en particulier pour soutenir les communes du Nord… Rappelons qu’une nouvelle convention liant le gouvernement au RSMA permet de faciliter l’intégration des jeunes stagiaires issus du Service militaire adapté dans l’unité d’intervention de la DSCGR comme sapeurs-pompiers volontaires.