Quels outils pour lutter contre la délinquance des mineurs ?

Quels outils pour lutter contre la délinquance des mineurs ?

10 juin 2016

Sécurité et prévention

Isabelle Champmoreau et Christiane Tétu Wolff

Isabelle Champmoreau et Christiane Tétu Wolff

De retour d’une mission en métropole orientée sur la Protection judiciaire de la jeunesse, Isabelle Champmoreau, membre du gouvernement en charge de la protection sociale, de la protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse, de la solidarité, du handicap et de la dépendance, a présenté à la presse les conclusions de son séjour.

La Protection judiciaire de la jeunesse représente près de quatre-vingts agents, un budget d’environ 1,4 milliard de francs et plus de mille quatre-cents jeunes suivis en 2015. « La Nouvelle-Calédonie assure cette compétence en partenariat avec la justice et les services de l’Etat », explique la membre du gouvernement après sa rencontre, à Paris, avec Catherine Sultan, directrice de la Protection judiciaire de la Jeunesse, et Jean-Jacques Urvoas, garde des Sceaux et ministre de la Justice.

Deux sujets majeurs ont été abordés pendant cette mission : la prorogation de la convention de coopération avec la Protection judiciaire de la jeunesse, et l’éventualité de créer un Centre éducatif fermé en Nouvelle-Calédonie. « La convention cadre actuelle arrivant à son terme en septembre, nous avons étudié les conditions de son renouvellement, poursuit Isabelle Champmoreau. Par cet accord, la Nouvelle-Calédonie peut notamment envoyer ses éducateurs et directeurs de centre en formation en métropole et bénéficier de la mise à disposition de six agents, ce qui est positif en termes de mobilité, comme de partage d’expérience. »

Un outil complémentaire pour le traitement de la délinquance

Le deuxième sujet discuté concernait l’éventualité de la création d’un Centre éducatif fermé (CEF) en Nouvelle-Calédonie. Dans ce cadre, Isabelle Champmoreau a visité un CEF dans l’Essonne pour « voir concrètement de quoi il s’agit, en matière d’aménagement, d’infrastructure, de personnel, de fonctionnement, etc. La création d’un tel établissement doit être étudiée, souligne-t-elle. C’est pourquoi, un expert viendra d’ici septembre pour réaliser un diagnostic précis, puis rédiger des recommandations afin de, peut-être, adapter cet outil aux besoins et aux spécificités de la Nouvelle-Calédonie. »

Les CEF existent en métropole depuis 2006. D’une capacité d’accueil de douze places, ces établissements reçoivent, sur mandat judicaire, des jeunes de 13 à 16 ans ou de 16 à 18 ans pour une période de six mois renouvelable une fois. « Cet outil pourrait être complémentaire à ceux qui existent déjà, » complète Christiane Tétu Wolff, chef du service de la Protection judiciaire de l'enfance et de la jeunesse. A savoir : trois foyers et des hébergements diversifiés, soit soixante places. « Le CEF est une graduation supplémentaire dans l’échelle des moyens de lutte contre la délinquance, avant l’incarcération, poursuit-elle. Il pourrait en effet convenir à un certain public en Nouvelle-Calédonie, mais tout reste à étudier car il s’agit d’une structure coûteuse nécessitant un personnel expérimenté. »

Pendant sa mission, Isabelle Champoreau a aussi visité le Quartier des mineurs de la Maison d’Arrêt de Nanterre pour « s’inspirer d’exemples réels afin d’améliorer l’accueil des mineurs ; sans perdre de vue, bien sûr, que la prévention reste un volet crucial dans la lutte contre la délinquance. »

 

 

 

 

 

 

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