Le désendettement au menu du BS

Le désendettement au menu du BS

10 juillet 2018

Économie

Un budget qui bénéficie d’une conjoncture plus favorable que lors des exercices écoulés.

Un budget qui bénéficie d’une conjoncture plus favorable que lors des exercices écoulés.

D’un montant de 5,8 milliards de francs, le budget supplémentaire 2018 (BS) de la Nouvelle-Calédonie se présente comme un budget responsable axé sur la préservation de l’investissement, la maîtrise des dépenses de fonctionnement et la volonté unanime de baisser le taux d’endettement. 2018 pourrait bien s’affirmer comme l’année de la relance.

Après une année 2016 morose, 2017 a offert des perspectives encourageantes à l’économie calédonienne grâce notamment à l’accélération des réformes fiscales permettant de rendre du pouvoir d’achat aux foyers, à la politique publique de soutien à l’activité des entreprises, et aussi à une valorisation du cours du nickel. Elles se sont traduites par un déficit commercial en nette diminution (- 10,9 milliards de francs) porté par des exportations en hausse de 12 %, un niveau d’emploi qui retrouve son niveau de 2015, une inflation contenue à un niveau légèrement supérieur à 1 % sur l’année, et une augmentation de trois points de l’indicateur du climat des affaires (qui traduit le moral des chefs d’entreprises).

L’activité économique témoigne elle aussi d’une reprise sensible, notamment dans les trois secteurs prioritaires hors nickel. La fréquentation touristique enregistre une hausse de 12 % en cinq ans, avec 5 000 nouveaux visiteurs ainsi que 40 emplois créés dans l’hébergement et la restauration en 2017. En matière d’énergies renouvelables, 12 projets de production (soit 58 MW) ont été autorisés par le gouvernement, pour un investissement de 13,5 milliards de francs. Et dans le domaine de l'agriculture, le taux d’autosuffisance alimentaire est passé de 13 à 17 % en cinq ans, malgré un contexte difficile (cyclones et sécheresse). Enfin, les mesures de soutien à l’économie enregistrent un net regain : les crédits à l’investissement accordés aux collectivités locales ont en effet progressé de 15 milliards (+ 11 %) et ceux accordés aux entreprises de 6 milliards (+ 2,5 %), alors que les crédits à l’habitat octroyés aux ménages augmentaient de près de 20 milliards (+ 5 %).

Le taux d’endettement en dessous de la barre des 90 %

Dans ce contexte, le budget supplémentaire 2018 de la Nouvelle-Calédonie (il permet de financer les opérations prévues mais non réalisées en 2017 et reportées sur l’exercice 2018, et d’ajuster les dépenses et les recettes en cours d’exercice) maintient ses priorités : maîtrise des dépenses de fonctionnement et soutien à l’investissement. « Le principal message de ce budget est que plus de la moitié des ressources disponibles sont consacrées à la réduction du recours à l’emprunt, ce qui permet de limiter le taux d’endettement de la Nouvelle-Calédonie à un niveau inférieur à 90 %, comme le préconise l’Agence française de développement (AFD), notre principal prêteur, souligne Nicolas Metzdorf, porte-parole du gouvernement, notamment en charge du budget. C’est une excellente nouvelle pour la santé de notre budget ! ».

Par ailleurs, le soutien à l’économie se concrétise par l’affectation d’un budget supplémentaire de près d’un milliard de francs à l’équipement : travaux d’infrastructures et de sécurité des voies de transport, travaux dans les lycées, opérations patrimoniales, investissements directs auprès du secteur BTP, etc. « Ceci porte l’enveloppe globale d’équipement à 10,9 milliards en 2018, alors que sur les cinq dernières années, nous n’avions jamais dépassé les 9 milliards. »

Un « vent de responsabilité »

Le budget supplémentaire 2018 (BS) accorde par ailleurs les aides nécessaires au maintien du niveau de services de certains établissements publics culturels, comme la bibliothèque Bernheim ou le Conservatoire de musique et de danse, et en matière de desserte aérienne, afin de compenser la diminution des participations d’autres collectivités. D’un montant de 5 780 141 723 francs (quelque 5,8 milliards), et tenant compte de la mise en place de la TGC au 1er octobre prochain, le BS 2018 de la Nouvelle-Calédonie porte ainsi le budget principal propre à la somme de 70 841 657 674 francs (environ 71 milliards).

« Établir un budget en collégialité n’est jamais un exercice facile, chacun défend ses secteurs, reprend Nicolas Metzdorf. Ce BS serait un BS classique si un véritable vent de responsabilité n’avait soufflé sur les membres du gouvernement, lesquels ont accepté de rogner les dépenses de fonctionnement dans leur propre secteur pour participer à l’effort collectif de réduction de l’emprunt ».

Déclarations fiscales en hausse

Côté recettes fiscales, les indicateurs sont également positifs. Les revenus déclarés par les foyers calédoniens poursuivent leur croissance, de 1,6 % sur le budget 2016 et 1 % sur le budget 2017, soit une progression de 3 milliards de francs. En 2017 les sommes déclarées soumises aux taxes à l’importation augmentent de 2 milliards de francs. Quant au recouvrement des impôts directs et indirects au premier semestre 2018, il préfigure un rendement conforme aux estimations du budget principal : produit de l’impôt sur les sociétés en hausse de 3 % (+ 32 % d’encaissements supplémentaires par rapport à la même période en 2017), recouvrement de l’impôt sur le revenu des valeurs mobilières et des droits d’enregistrement en hausse de 4 % et 9 %, progression fin mai de 5 % du recouvrement des taxes à l’importation par rapport à la même période en 2017.