Ophtalmologie : une médecine calédonienne d’excellence

Ophtalmologie : une médecine calédonienne d’excellence

10 novembre 2016

Santé et social

L’équipe de choc du CHT qui a contribué à la réussite de la greffe avec de nombreux partenaires : Véronique Biche, le Dr Jean-Baptiste Guillaume et le Dr Érica Mancel.

L’équipe de choc du CHT qui a contribué à la réussite de la greffe avec de nombreux partenaires : Véronique Biche, le Dr Jean-Baptiste Guillaume et le Dr Érica Mancel.

Le service d’ophtalmologie du CHT Gaston-Bourret a réalisé la première greffe de cornée du territoire le 24 octobre dernier. Cette intervention délicate couronnée de succès a permis à une jeune femme de recouvrer la vue. Elle ouvre aussi des perspectives nouvelles pour cette spécialité dans laquelle la Nouvelle-Calédonie est à la hauteur des standards mondiaux

Douze années de travail et la mobilisation de plus d’une cinquantaine de personnes auront été nécessaires pour cette opération réalisée par le Dr Jean-Baptiste Guillaume, ophtalmologue au sein de l’équipe du CHT dirigée par le Dr Erica Mancel. « Il a fallu franchir des étapes juridiques pour autoriser l’exportation du greffon depuis l’Australie, puis son importation en Nouvelle-Calédonie, raconte la chef de service. L’arrivée en août au CHT du Dr Guillaume, qui maîtrise ce type d’intervention, a permis de lancer le projet et d’organiser le transfert du greffon, de Brisbane jusqu’au bloc opératoire, avec les nombreux partenaires impliqués. » Réalisé par Véronique Biche, coordinatrice hospitalière prélèvement et greffe, ce travail préparatoire pour la commande et l’acheminement du greffon a notamment mobilisé la direction des Affaires sanitaires et sociales, les douanes, Air Calin, un transitaire… « Tous ont compris l’intérêt de ce projet et l’importance du rôle de chacun, souligne-t-elle. La compagnie aérienne a mis en place une procédure adaptée, le passage aux frontières a été facilité et tous les interlocuteurs ont coopéré pour répondre aux exigences sanitaires, de sécurité, de traçabilité et de logistique relatives au transfert du greffon. C’est une très belle expérience. » Comme le rappelle le Dr Guillaume, « pour que cela fonctionne, une greffe repose sur toute une chaîne de responsabilités dont le dernier maillon est le patient lui-même ».

Développer la chirurgie réfractive

Après son déménagement au Médipôle de Koutio, le service programmera de nouvelles greffes de cornées. « Une dizaine par an, reprend Erica Mancel. Et peut être davantage si le Médipôle accueille des patients des pays voisins, ce que nous souhaitons. » Une ouverture qui permettrait au CHT de se positionner dans la région Pacifique et de compléter son offre de soins en « développant la chirurgie réfractive, notamment un traitement spécifique pour le kératocône que ne proposent pas les ophtalmologues privés exerçant en Nouvelle-Calédonie. » Objet du projet de service du Dr Mancel, cette spécialité « nécessiterait un médecin supplémentaire. Le kératocône est une maladie qui explose en Nouvelle-Calédonie. Elle touche les enfants allergiques (acariens, moisissures) qui se frottent tellement les yeux qu’une déformation se produit, pouvant les rendre malvoyants. » Synonyme de handicap et de décrochage scolaire, le kératocône concernerait 300 à 400 enfants en Nouvelle-Calédonie. « Un traitement existe et nous espérons le proposer bientôt, pour le bien-être des enfants, et pour compléter l’offre de soins de l’ophtalmologie calédonienne qui répond, déjà sur tous les autres plans, aux standards internationaux. »

 

Une opération qui change la vue

Lundi 24 octobre, 14 heures, le Dr Jean-Baptiste Guillaume est au bloc opératoire entouré de deux assistants et d’une infirmière anesthésiste. En trente-cinq minutes, l’opération menée sous anesthésie générale est terminée et le greffon issu de la banque de tissus de Brisbane a remplacé la cornée détériorée de la jeune patiente. « C’est un acte magnifique, lance l’ophtalmologue qui a déjà pratiqué cette intervention une centaine de fois. La cornée est le hublot à travers lequel nous voyons le monde. Elle peut être abîmée des suites d’une maladie, d’une plaie ou d’une infection. Dans certains cas, la personne ne voit pratiquement plus rien. » Les suites de l’opération sont essentielles à sa réussite. Le patient doit suivre un traitement pendant un an avec rigueur et assiduité pour éviter tout risque de rejet. « Des consultations mensuelles sont aussi préconisées. C’est pourquoi le fait de pouvoir effectuer la greffe en Nouvelle-Calédonie est la garantie d’un meilleur suivi des personnes opérées. » Quant à la première greffée au CHT, « au bout de quinze jours, elle a déjà récupéré deux dixième d’acuité visuelle », souligne le Dr Guillaume.

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