La lèpre, parlons-en
Initiée par la fondation Raoul Follereau, la Journée mondiale des lépreux aura lieu fin janvier. L’occasion de s’intéresser à cette maladie qui touche encore chaque année quelques Calédoniens.
La lèpre serait apparue en Nouvelle-Calédonie à la fin du 19e siècle. En l’absence de traitement, les malades étaient alors isolés dans des léproseries, comme à Bélep où jusqu’à 500 patients vécurent reclus. Mais depuis les années 80, un traitement efficace a permis de faire reculer la lèpre un peu partout dans le monde, et notamment en Calédonie. « Le nombre de nouveaux cas est globalement stationnaire depuis quelques années, au maximum dix nouveaux patients sont détectés chaque année », détaille Violaine Baron, infirmière de veille sanitaire à la direction des Affaires sanitaires et sociales (DASS). Le germe circule donc toujours sur une grande partie du territoire, touchant notamment des enfants, « ce qui indique des contaminations récentes, puisque le temps d’incubation de la maladie peut être très long : 5 ans en moyenne et jusqu’à 20 ans. Le bacille de la lèpre reste en sommeil dans l’organisme, sans aucun signe clinique visible, mais pendant tout ce temps, la personne qui le porte est contagieuse. »
Une maladie que l’on sait guérir
Considérée comme « pas très contagieuse » par l’Organisation mondiale de la santé, la lèpre se transmet par des gouttelettes d’origine buccale ou nasale, lors de contacts étroits et fréquents avec un sujet infecté et non traité. Sans soins appropriés, la lèpre peut entraîner des lésions progressives et permanentes de la peau, des nerfs, des membres et des yeux.
Les premières manifestations de la maladie sont de simples taches blanches ou rouges sur la peau, insensibles au toucher, à la chaleur et à la douleur, qui s’apparentent à une banale dermatose, tel que l’eczéma - courant en Nouvelle-Calédonie - et n’alarment donc pas le malade. « Le diagnostic est parfois difficile à poser, poursuit l’infirmière. La formation des praticiens de santé est donc primordiale. »
Combattre les préjugés
Pris en charge par l’équipe du service de médecine interne et des maladies infectieuses du CHT, les patients reçoivent un traitement d’une durée de 6 à 24 mois qui associe trois antibiotiques. « Le traitement est long, mais bien accepté par les malades. En parallèle, nous suivons l’entourage des patients pendant cinq ans afin de pouvoir dépister de nouveaux cas précocement. L’image terrifiante de cette maladie n’a plus lieu d’être aujourd’hui : elle ne se transmet pas par des contacts ordinaires comme se serrer la main, jouer ensemble ou travailler dans le même bureau. Et elle se soigne très bien, d’autant plus si le traitement est précoce. Il ne faut donc pas hésiter à consulter sans crainte. »
Lutter contre les préjugés et la peur que suscite cette maladie au lourd passé est d’ailleurs l’un des objectifs de la Journée mondiale des Lépreux. Cette année, l’affiche percutante réalisée par la Fondation Raoul Follereau pour communiquer sur ces dates invite à ne plus ignorer une réalité qui concerne encore des milliers de personnes dans le monde, y compris chez nous, en Nouvelle-Calédonie.
L’Ordre de Malte sur le front de la lèpre
Issu du plus ancien organisme caritatif au monde, l’Ordre de Malte France est une association créée en 1927 et reconnue d’utilité publique depuis 1928. Présente en Nouvelle-Calédonie, cette association y relaie tous les ans la Journée mondiale des lépreux en organisant des collectes de fonds. Cette année, ses bénévoles seront présents les 28 et 29 janvier sur les marchés de Nouméa et du Mont-Dore, dans les grandes surfaces du Grand Nouméa, et aux messes qui se tiendront ces jours-là au Mont-Dore, à Païta et à Koné. « Les dons récoltés sont centralisés par l’Ordre de Malte, puis redistribués dans les zones les plus touchées par la lèpre pour financer des campagnes de dépistage, des traitements et des projets de réinsertion sociale des malades », explique le Dr Jean-François Lepetit qui représente l’association en Nouvelle-Calédonie.