Des projets éducatifs plein la tête

Des projets éducatifs plein la tête

13 avril 2017

Éducation et formation

Yolande Verlaguet, directrice de l’Enseignement de la Nouvelle-Calédonie depuis août 2015.

Yolande Verlaguet, directrice de l’Enseignement de la Nouvelle-Calédonie depuis août 2015.

Avec trente-cinq rentrées des classes accrochées à son tableau, Yolande Verlaguet a apporté son pragmatisme à la tête de la direction de l’Enseignement de la Nouvelle-Calédonie (DENC). Sa feuille de route : la mise en œuvre opérationnelle du projet éducatif. Son chantier prioritaire : la réorganisation générale de l’enseignement du 1er degré, en lien avec le 2nd degré, motivée par la réforme du collège.

1er janvier 2000 : inscrit dans la loi organique du 19 mars 1999, le transfert inaugural de compétences de l’État à la Nouvelle-Calédonie en matière d’éducation concerne le premier degré public et tombe dans l’escarcelle de la DENC. Implantée sur l’ensemble du pays, avec un inspecteur à la tête de chacune des sept circonscriptions, elle va partager cette compétence avec les provinces. Une double tutelle veille sur les enseignants, fonctionnaires de la Nouvelle-Calédonie, employés et payés par les provinces, et, au plan pédagogique, inspectés par la DENC qui valide leurs cursus et leurs méthodes.

Nouvelle étape au 1er janvier 2012 avec le transfert du second degré public et de l’ensemble de l’enseignement privé, les enseignants restant payés par l’État dans le cadre d’une « mise à disposition globale et gratuite ». Aujourd’hui, les missions de la DENC sont multiples. Elle a en charge la conception, l’élaboration, l’application et le suivi des programmes scolaires du primaire, la conception de documents pédagogiques, la formation initiale des futurs enseignants en lien étroit avec l’IFMNC et l’ÉSPÉ, la formation continue, le conseil et le contrôle pédagogiques des enseignants du primaire public, ainsi que le contrôle pédagogique des enseignants du privé sous contrat. Vaste programme !

Pour un projet éducatif fédérateur

Le projet éducatif, voté le 15 janvier 2016 par les élus du Congrès, et, aujourd’hui, la réforme du collège, vont ajouter un peu de piment à l’emploi du temps déjà serré de Yolande Verlaguet, nommée directrice de l’Enseignement de la Nouvelle-Calédonie en août 2015. D’autant que 2016 traversera quelques turbulences internes suite au départ du directeur adjoint et de trois inspecteurs en fin de contrat. Heureusement, elle peut compter sur « des personnels compétents et consciencieux, y compris les plus jeunes des conseillers pédagogiques ». Et sur ses deux adjoints, Lionel Marin, pour la partie pédagogique, et Catherine Le Goavec, pour l’administratif, les finances et la communication.

« Dès ma prise de fonction, j’ai mis en place des réunions de travail, des séminaires, afin de communiquer de manière plus transversale et lisible, de partager une culture commune au niveau de l’encadrement, mais aussi avec les provinces partenaires, et de faire en sorte que l’ensemble des acteurs s’approprient le projet éducatif et que celui-ci fédère. » Cet énorme chantier, dont elle a été l’une des chevilles ouvrières, est mené en lien étroit avec le cabinet d’Hélène Iékawé, en charge de l’enseignement au gouvernement, sous le signe de la coopération et de la cordialité. Les deux femmes se rencontrent chaque mardi, pour en polir la phase opérationnelle. « Dans ce dossier comme pour les autres, j’ai essayé d’apporter ma connaissance de l’ensemble du système (elle a exercé en tant qu’enseignante, formatrice, conseillère pédagogique, inspectrice, directrice adjointe…) et un certain pragmatisme dans la réflexion nécessaire à l’élaboration de documents et l’accompagnement des équipes », indique celle qui, tout au long de sa carrière, a fait de la réussite de l’élève une priorité.

Un nouveau texte présenté au Congrès fin 2017

L’autre priorité du moment découle de la réforme adaptée du collège. « Elle va impacter le premier degré et nous oblige à réviser tous les programmes d’enseignement du primaire, afin d’assurer une continuité avec le collège via, notamment, le nouveau cycle 3 – CM1-CM2-6e – et de proposer ainsi aux élèves un parcours cohérent sur l’ensemble de la scolarité obligatoire. » La réforme du collège entrant en vigueur à la rentrée 2018, Yolande Verlaguet et ses équipes devront d’ici là avoir mis en place « une réorganisation générale de l’enseignement des écoles maternelles et élémentaires, permettant une continuité jusqu’au lycée ».

Il ne reste que quelques mois pour tout boucler, établir des passerelles entre les classes, peaufiner les contenus…, mais avec ses quarante conseillers pédagogiques, ses huit inspecteurs, et la participation des inspecteurs du second degré, la DENC assure être dans les clous. « Depuis l’année dernière, des groupes inter-degrés travaillent sur les nouveaux cycles, des programmes adaptés, le parcours civique, l’enseignement des fondamentaux de la culture kanak, la prévention de l’illettrisme… »

Fin 2017, de nouveaux textes – organisation des enseignements, nouveaux programmes, socle commun de connaissances et de compétences… – destinés à remplacer la délibération n° 191 du 13 janvier 2012 relative à l’organisation de l’enseignement primaire, seront soumis au Congrès. Un projet qui semble faire consensus autour d’une directrice qui se déclare « au service de l’évolution du système éducatif et de la construction de l’École calédonienne pour tous les enfants du pays ».

 

 

Sur le terrain mi-mars, avec des enfants du groupe scolaire Frédérick-Louis Dorbritz, à Dumbéa-sur-Mer, lors de la présentation du recueil « Chants d’ici et d’ailleurs »

Sur le terrain mi-mars, avec des enfants du groupe scolaire Frédérick-Louis Dorbritz, à Dumbéa-sur-Mer, lors de la présentation du recueil « Chants d’ici et d’ailleurs »

 

 

 

Sur son CV

Yolande Verlaguet, 54 ans

  • 1er août 2015 : succède à Christian Pralong à la tête de la DENC
  • Juin 2014-juillet 2015 : conseillère au cabinet d’André-Jean Léopold, puis d’Hélène Iékawé, membres du gouvernement successivement en charge de l’enseignement
  • 2012-2014 : directrice adjointe de la DENC
  • 2011-2012 : mission transferts de compétences
  • 2010-2011 : responsable de l’administration de la mission du Grand débat sur l’avenir de l’École calédonienne
  • 1981-2009 : institutrice suppléante, institutrice puis professeure des écoles, maître formatrice, directrice d’école par intérim, conseillère pédagogique, inspectrice de l’enseignement primaire…

 

 

Les trois partenaires

En matière d’enseignement, la Nouvelle-Calédonie compte trois partenaires avec lesquels elle se répartit les compétences.

  • Les communes : Elles ont en charge la construction des écoles primaires, les fournitures scolaires, la cantine, le transport et le personnel municipal.
  • Les provinces : elles emploient les enseignants (instituteurs et professeurs des écoles), gèrent la carte scolaire, les ouvertures d’école en lien avec les communes, les bourses et aides, les subventions, la construction et les équipements des collèges, la gestion des internats… Elles peuvent adapter une partie des contenus des programmes à leurs réalités culturelles et linguistiques. Exemples : la province Sud promeut le numérique, la province Nord mise sur le développement durable et la santé à l’école, la province des Îles met l’accent sur les langues et la culture kanak.
  • L’État : il s’occupe de la collation des diplômes, des examens et concours. Depuis 2012, le vice-rectorat est devenu une direction mixte, VR-DGE, qui chapeaute l’enseignement privé et le secondaire public, et s’occupe de la santé scolaire. Le vice-recteur est désormais le directeur général des enseignements pour l’exercice des compétences transférées en vue de la mise en œuvre de la politique éducative. Seul pan de l’éducation non encore transféré, l’enseignement supérieur, toujours de compétence État.

 

À savoir

En 2015, tous les collèges et lycées sont devenus des établissements publics de la Nouvelle-Calédonie (EPENC). Depuis, on ne dit plus principal de collège ou proviseur de lycée, mais, dans les deux cas, “chef d’établissement”.

 

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Lexique

 

  • DAFE : direction de l’Agriculture, de la forêt et de l’environnement. Sous la double tutelle de la Nouvelle-Calédonie et de l’État (ministère de l’Agriculture). Intervient, en matière d’enseignement agricole, sur le lycée Michel-Rocard de Pouembout, la filière agricole du lycée du Mont-Dore, les Maisons familiales et rurales, le lycée Do Neva de Houaïlou… – Directrice : Anne Heurtaux.
  • DEFIJ : direction de l’Enseignement, de la formation, de l’insertion et de la jeunesse (province Nord) – Directeur : Victor Ankaiouliwa.
  • DEFIPE : direction de l’Éducation, de la formation, de l’insertion professionnelle et de l’emploi (province des Îles Loyauté) – Directeur : Pierre Trotro.
  • DENC : direction de l’Enseignement de la Nouvelle-Calédonie – Directrice : Yolande Verlaguet.
  • DES : direction de l’Éducation (province Sud) – Directeur : Romain Capron.
  • ÉSPÉ : École supérieure du professorat et de l’éducation (anciennement IUFM). Forme les professeurs des écoles pour le compte de la Nouvelle-Calédonie – Administratrice : Yannick Lerrant.
  • IFMNC : Institut de formation des maîtres. Établissement public de la Nouvelle-Calédonie – Directrice : Chantal Mandaoué.

Enseignement privé

  • ASEE : Alliance scolaire de l’Église évangélique – Directeur : Victor Ihage.
  • DDEC : Direction diocésaine de l’École catholique – Directrice : Karen Cazeau.
  • FELP : Fédération de l’enseignement libre protestant – Directeur : Thierry Brumoere

L’ÉNEP (École normale des enseignements privés) forme les instituteurs pour les trois réseaux.

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