Les récoltes foudroyées

Les récoltes foudroyées

13 avril 2017

Agriculture

Partout des serres arrachées et des productions fichues. Comme ici chez Emmanuel Guichard à Païta.

Partout des serres arrachées et des productions fichues. Comme ici chez Emmanuel Guichard à Païta.

Conduite par le président Philippe Germain, une délégation du gouvernement, de l’Apican et de la Davar a visité sept exploitations de la province Sud dévastées par la puissance du cyclone Cook. Des mesures d’urgence vont être rapidement prises.

Cultures inondées, bananiers décapités, vergers à terre, serres arrachées : de Païta à Bourail, via La Foa, Farino et Moindou, partout les mêmes scènes de désolation. Ce mercredi, représentants du gouvernement, de l’Apican (Agence pour la prévention et l'indemnisation des calamités agricoles ou naturelles), un établissement public de la Nouvelle-Calédonie, et de la Davar (direction des Affaires vétérinaires, alimentaires et rurales) ont sillonné la province Sud et visité sept exploitations particulièrement meurtries suite au passage de Cook. Productions envolées, plusieurs mois de travail réduits à néant en quelques heures. « On a vu des gens très abattus, qui ont tout perdu, et qui étaient contents de nous voir, ne serait-ce que pour le soutien moral », témoigne Nicolas Metzdorf, président de l’Apican.

Les dégâts sont énormes. « Surtout la production fruitière, les vergers, notamment les bananes, et la production sous serre, salades, tomates, concombres, poivrons… » Les élevages, quant à eux, ont enregistré des pertes en barrières, mais rien, contrairement à la filière fruits et légumes, de nature à mettre en péril l’exploitation.

Déclaration de sinistre avant le 21 avril

Face au désarroi des maraîchers et des arboriculteurs, l’Apican a mis en place les premières mesures. Les exploitants touchés par Cook ont jusqu’au 21 avril pour adresser leur déclaration de sinistre à l’agence. Ils pourront bénéficier d’une aide administrative des services provinciaux ou de la Chambre d’agriculture. L’Apican votera ensuite des dispositifs d’indemnisation. Pour les agriculteurs et éleveurs déjà assurés à la Cama (Caisse d’assurances mutuelles agricoles). Pour ceux  qui ne le sont pas : « Vu l’ampleur des dégâts, nous souhaitons faire un geste. » Un troisième volet devrait concerner une aide au maintien de l’emploi, à travers le Plan – provincial – d’urgence local de soutien à l’emploi (Pulse).

Un arrêté pour accélérer les indemnisations

« Habituellement, le gouvernement intervient au terme d’un chiffrage complexe pouvant prendre plusieurs semaines, souligne Philippe Germain. Mais dès mardi prochain, nous allons prendre un arrêté pour donner les moyens à nos services de dégager des fonds le plus vite possible ». L’idée est de proposer aux personnes sinistrées des avances de trésorerie, afin qu’elles n’attendent pas les deux ou trois mois nécessaires au paiement de l’indemnisation. Cette mesure s’inscrit dans un plan de soutien aux communes et aux agriculteurs, en lien avec les provinces, qui sera présenté à la réunion du gouvernement mardi 18 avril. Il devrait s’articuler autour d’une aide exceptionnelle aux communes pour faire face aux travaux de remise en état et d’une aide exceptionnelle aux agriculteurs pour leur permettre de relancer le plus rapidement possible le cycle de production.

Apres Erica, l’Apican avait débloqué une aide de 450 millions de francs. « Ce cyclone avait balayé toute la Nouvelle-Calédonie, Cook a frappé de manière plus “chirurgicale”, mais il y a aujourd’hui plus d’infrastructures qu’en 2003, anticipe Nicolas Metzdorf. Je m’attends donc à ce que nous devions là aussi débourser plusieurs centaines de millions ».

 

Philippe Germain et Gérard Fallon, directeur de la Davar, devant les salades perdues de Jean-Christophe Niautou, à Farino.

Philippe Germain et Gérard Fallon, directeur de la Davar, devant les salades perdues de Jean-Christophe Niautou, à Farino.

 

 

  Le président du gouvernement sur l’exploitation de Stephen Moglia à Moindou, avec le maire Joseph Peyronnet.

Le président du gouvernement sur l’exploitation de Stephen Moglia à Moindou, avec le maire Joseph Peyronnet.

 

 

 

Vers des importations de fruits et légumes

« Cette catastrophe intervient au moment où les premières productions allaient être récoltées. À court terme, les réductions de productions locales pourront être compensées par des produits importés, annonce-t-on à l’Ifel, l’Interprofession fruits et légumes de Nouvelle-Calédonie créée en novembre 2015 et qui rassemble les professionnels de la filière. En mai-juin, lors de la principale période de récolte, il faut également s’attendre à des volumes locaux affaiblis. L’Ifel s’attache à tout mettre en œuvre pour approvisionner au mieux le marché ».

 

Cette catastrophe intervient au moment où les premières productions allaient être récoltées

 

 

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