Se former aux premiers secours en prison

Se former aux premiers secours en prison

15 novembre 2019

Sécurité et prévention

Les détenus ont reçu leur attestation des mains de Didier Poidyaliwane, de représentants du gouvernement et de la formatrice Gladys Gnibekan (à d.).

Les détenus ont reçu leur attestation des mains de Didier Poidyaliwane, de représentants du gouvernement et de la formatrice Gladys Gnibekan (à d.).

Le membre de l’exécutif Didier Poidyaliwane a remis des attestations PSC1 à des personnes incarcérées qui ont bénéficié de la formation à la prévention et secours civiques de niveau 1, prise en charge par le gouvernement. Un partenariat qui répond aux objectifs du centre pénitentiaire de Nouméa : former un maximum de personnes avant leur sortie de prison.

Une convention a été signée en mars 2019 entre le gouvernement et l’administration pénitentiaire pour que 40 personnes par an, pendant trois ans, puissent bénéficier d’une formation aux gestes de premiers secours pendant leur détention. La remise d’attestations qui s’est déroulée le 14 novembre vient finaliser la session suivie au mois d’août par vingt premiers volontaires. Entre-temps, certains ont recouvré la liberté… « Nous avons mis en place ce dispositif en 2017 dans le cadre du programme de préparation à la sortie pour que les personnes reprennent confiance en elles avant de retourner dans leurs familles et sur leurs lieux de vie, explique Nathalie Vernet-Lataste, chef d'antenne du service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP-NC) en milieu fermé. L’aide apportée par le gouvernement nous permet de faire monter le dispositif en puissance et nous soutient dans la réalisation de nos objectifs. À la fin de l’année, 160 attestations au total devraient avoir été remises ».

Diane Chevreau, directrice adjointe du centre pénitentiaire de Nouméa, Didier Poidyaliwane, membre du gouvernement et Nathalie Vernet-Lataste, chef d’antenne du SPIP en milieu fermé.

Diane Chevreau, directrice adjointe du centre pénitentiaire de Nouméa, Didier Poidyaliwane, membre du gouvernement et Nathalie Vernet-Lataste, chef d’antenne du SPIP en milieu fermé.

 

Deux sessions par an

Un moment de fierté pour les détenus. Didier Poidyaliwane, membre du gouvernement en charge notamment de la protection de l’enfance et de la jeunesse et des affaires coutumières, a tenu à saluer leur volonté. « Cette attestation prouve que vous avez du potentiel. Tout le monde peut, à un moment, sortir de la route, mais nous avons tous la possibilité de revenir sur le bon chemin. » Pour l’un d’eux, suivre cet apprentissage « est vraiment une chance. J’ai incité mes collègues à passer eux aussi la formation ». Une deuxième session est prévue d’ici à la fin de l’année.

Un autre regard

Malaise, traumatismes, hémorragies, arrêt cardiaque, la formation PSC1 apprend à réagir face à des situations de la vie quotidienne. « Quel que soit le public, le contenu de la formation reste le même, précise Gladys Gnibekan, formatrice PSC1 à l’association de protection civile de la Nouvelle-Calédonie. Par contre, nous adaptons la manière de le présenter et il faut s’adapter à l’environnement. En prison par exemple, il y a des contraintes horaires ». Pendant 7 heures réparties sur une journée et demie, les personnes ont été initiées aux gestes qui peuvent sauver une vie. « C’est une première étape qui va vous apporter un autre regard sur votre vie et sur les autres. Ils peuvent désormais compter sur vous s’ils sont en difficulté. Vous avez une responsabilité envers les membres de vos tribus et vos proches », indique Didier Poidyaliwane.  

 

Vers une réserve tribale de sécurité civile

À travers la direction de la Gestion et de la réglementation des affaires coutumières (DGRAC), le gouvernement porte également un projet de formation PSC1 dans les tribus en vue de constituer une réserve tribale de sécurité civile. Après une phase expérimentale sur trois sites pilotes menée en 2017, 16 tribus – deux par aire coutumière – sont concernées depuis le début de l’année. Les formations aux gestes de premiers secours sont dispensées par la Croix-Rouge, l’association de protection civile de Nouvelle-Calédonie et la société Sauvegarde formation. La tribu bénéficiaire du dispositif se voit également remettre un kit de premier secours, un défibrillateur et une caisse d’alerte en cas de catastrophe naturelle. « Les personnes qui ont suivi la formation PSC1 au Camp-Est pourront rejoindre les réserves et devenir des relais de la sécurité civile pour la protection des biens et des personnes. L’idée est aussi de mettre en place prochainement un programme de prévention des risques nautiques pour les tribus côtières », précise Didier Poidyaliwane.