Cassidy, enfant du handball
À 14 ans à peine, Cassidy Chambonnier vient de participer à Bourges à un stage national destiné à sélectionner vingt joueuses pour l’équipe de France cadettes de handball. Et la Calédonienne a fini dans les deux meilleures ! Une nouvelle pépite, après Suzanne Wajoka ?
« Un super tir », grâce à un avant-bras (droit) très puissant, telle est, selon son entraîneur Olivia Vaitanaki, la qualité première de Cassidy Chambonnier. « Si elle est capable de shooter de loin, elle sait aussi jouer avec le pivot et a une bonne vision du jeu. » Bref, « une palette intéressante » pour cet arrière gauche – ou demi-centre – à l’avenir écrit en bleu.
Née il y a quatorze ans à Nouméa sous le signe du métissage, d’un papa calédonien et d’une maman de Canala, Cassidy fait partie depuis 2015 du pôle espoirs handball Pacifique. En classe de 3e, elle bénéficie d’horaires aménagés qu’elle partage entre le collège Edmée-Varin d’Auteuil et le lycée du Grand Nouméa, le reste de la journée étant consacré au hand. Jusqu’à sept entraînements par semaine. Licenciée à l'AS Dumbéa, c’est une bonne élève qui aime les maths et… le sport.
En avance sur les autres
Elle n’a que 12 ans lorsqu’elle se fait, déjà, remarquer aux Interpôles 2016, à Granville, en Normandie. Compétition au cours de laquelle se révèle Suzanne Wajoka, son aînée qui, depuis, a percé en Métropole et intégré l’équipe de France des moins de 17 ans. « Pour Cassidy, il était préférable, vu son jeune âge, d'attendre une année de plus », assure Olivia, également responsable du pôle espoirs. La jeune prodige acquiesce : « Je ne me sentais pas prête à partir ».
Rebelote, en janvier 2017, lors des Interpôles de la zone nord-est à Strasbourg, auxquels participent cinq pôles de la région ainsi qu’un pôle ultramarin, avec des filles de 1999 et 2002. Une exception, Cassidy, née en avril 2003. « L’objectif de ce tournoi est de repérer les meilleurs potentiels français », explique Olivia. Cassidy se retrouve à nouveau dans les petits papiers des coaches nationaux. Après discussions avec Eric Baradat, responsable de la filière féminine à la fédération, le “marché” est conclu. Cassidy intégrera le Stage national 1 (SN1) du 10 au 15 avril à Bourges. Avec encore un an d’avance, puisque le SN1 concerne les adolescentes nées en 2002. « J’avais peur du départ, de la distance, de passer deux semaines sans la famille », avoue Cassidy. Avec Olivia, elle débarque début avril au pôle d'Orléans, « un pôle de référence » que l’ancienne professionnelle connaît bien pour y avoir travaillé. Au programme, un stage d’acclimatation et de récupération d'une semaine, entre cours dans un collège de Fleury-les-Aubrais et entraînements midi et soir.
Elle survole les débats
Cassidy arrive à Bourges fin prête pour le SN1. Le stage regroupe les dix-sept joueuses les plus prometteuses de quatre zones, soit 68 gamines, et a pour objectif d’évaluer le potentiel de chacune. À travers leurs capacités d’adaptation à différents systèmes de jeu ou types de défense, des tests physiques et des rencontres les trois derniers jours. À l’issue de six journées particulièrement denses, l’encadrement désigne vingt joueuses pour l’équipe de France cadettes. Cassidy figure sur la liste. « Elle a même terminé dans les deux meilleures joueuses du stage !, se réjouit Olivia. Pour moi, elle a survolé les débats, même si je sais qu’elle est capable d’encore mieux ». « Perfectionniste, jamais contente de ses matches » selon son coach, la surdouée la joue modeste : « Je ne m’y attendais pas ».
Partir, mais pas tout de suite
Retour à Nouméa. « J’étais contente de rentrer, de retrouver mes parents, la mer, la nature… » Et maintenant ? Cassidy hésite, elle aimerait devenir prof de sport, mais à Orléans, Suzanne Wajoka l’attend ! Même Olivier Krumbholz, médaille d’argent aux JO de Rio 2016 à la tête des Bleues, l’a repérée. Cassidy sait qu’elle devra partir si elle veut goûter au haut niveau, mais elle est très attachée à sa famille, à la vie sur le Caillou et aux coups de pêche avec son père. Olivia souhaite la voir s’épanouir également en dehors du handball. « Elle n’est pas encore prête à l’impact physique du haut niveau où il faut savoir accepter de prendre des coups, et elle n’aime pas ça ! » Cassidy restera donc sûrement au pôle espoirs de Nouméa, jusqu’au bac. « C’est difficile de demander à une gamine de 14 ans de quitter la Calédonie. Derrière on peut provoquer une belle carrière, mais aussi détruire une vie. »
Une histoire de famille
Cassidy n’est pas tombée dans la marmite magique du handball tout à fait par hasard. Son papa, Albert, entraîne et assure le capitanat de l'équipe première de l’AS Dumbéa. Ghislaine, la maman, est une ancienne championne de France d’athlétisme (catégories jeunes) dont les records de Calédonie du 100 m et 100 m haies n’ont jamais été battus. Aujourd’hui membre de l’équipe dirigeante du club de Dumbéa, elle est aussi vice-présidente de la ligue de handball et arbitre. Quant à son frère Edson (22 ans), sacré en 2012 champion de France avec le pôle espoirs de Lyon et champion du monde scolaire, il a fini meilleur buteur du dernier championnat de Calédonie seniors, avec 82 buts en 11 matchs.
L’aide du gouvernement
Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie apporte au pôle espoirs handball Pacifique de Nouméa une aide annuelle de fonctionnement de 7,5 millions de francs (prise en charge des salaires et charges sociales de l'entraîneur, achat de matériel, déplacements…). Par ailleurs, il participe financièrement chaque année au déplacement des jeunes espoirs calédoniennes aux Interpôles qui se déroulent en Métropole.