Mission de l’AFPA : accompagner la création d’un village des solutions calédonien
Mission de l’AFPA : accompagner la création d’un village des solutions calédonien
18 novembre 2025
À l’initiative de Samuel Hnepeune, membre du gouvernement chargé de la formation professionnelle, une délégation de l’agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA), était en mission en Nouvelle-Calédonie du 3 au 14 novembre, dans le cadre du projet de création d’un « village des solutions calédonien ». Une restitution à chaud de leurs rencontres avec les acteurs de la formation professionnelle s’est déroulée le 14 novembre à l’université de la Nouvelle-Calédonie (UNC).
Composée d’Aurélien Gaucherand, directeur du village des solutions et innovations territoriales et d’Alex Lenoir, directeur de projet en charge des missions d'appui aux politiques de l'État en outre-mer et au développement des réseaux européens de coopération, la mission de l’AFPA s’inscrit dans le cadre d’un projet ambitieux : la création d’un village des solutions, inspiré de ceux déployés en métropole.
Ce dispositif fait partie intégrante d’une une vision d’ensemble, celle de la « presqu’île des savoirs », reliant Nouville à Nouméa et articulée avec d’autres secteurs stratégiques dont il assure la responsabilité, comme le port et la recherche. Ce projet vise à réunir un écosystème d’opérateurs de formation et de structures d’accompagnement, afin de proposer des espaces dédiés à l’insertion et à la reconversion professionnelle pour tous les publics.
S’adapter face à un secteur en pleine mutation
À l’instar de nombreux secteurs, la formation professionnelle en Nouvelle-Calédonie traverse une profonde mutation, en raison d’abord de la conjoncture actuelle, mais aussi de transformations structurelles de l’économie calédonienne.
Outre la baisse drastique de ses moyens financiers – le budget, autrefois supérieur à 1,6 milliard de francs, a chuté, pour s’établir à 600 millions en 2025 – on constate également un recul des secteurs historiques comme la mine ou la construction et la montée en puissance des services, du numérique, de la maintenance ou encore de l’économie bleue.
Dans ce contexte, le secteur de la formation professionnelle doit relever de nombreux défis et s’adapter aux mutations en cours afin de garantir à chacun un accès durable à l’emploi. Cela implique de renforcer la formation tout au long de la vie, de stimuler l’innovation et de favoriser une meilleure coordination entre les acteurs, pour soutenir le développement continu des compétences.
Selon les données du vice-rectorat, entre 600 et 800 jeunes quittent chaque année le système scolaire sans qualification. Plus préoccupant encore, le décrochage survient désormais dès le début de l’adolescence, autour de 13 ans. Ce vivier croissant de jeunes en rupture doit impérativement être accompagné pour éviter une marginalisation durable et leur offrir de véritables perspectives d’avenir.
À cette problématique s’ajoute une autre réalité : la crise de 2024 a profondément fragilisé le marché de l’emploi et accentué les besoins de reconversion professionnelle. De nombreux actifs issus de secteurs en difficulté doivent désormais se réorienter vers de nouvelles filières, ce qui renforce l’urgence de repenser l’écosystème de la formation afin de répondre simultanément aux besoins des jeunes décrocheurs et des adultes en quête de nouvelles compétences.
Un village des solutions calédonien
Face à ces enjeux, la Nouvelle-Calédonie, sous l’impulsion de Samuel Hnepeune, porte un projet ambitieux : la création d’un « village des solutions calédonien » dont l’implantation reste à définir, avec Nouville envisagé parmi les possibilités. Ce dispositif s’inscrit dans une vision d’ensemble, celle de la « presqu’île des savoirs », reliant Nouville à Nouméa et articulée avec d’autres secteurs stratégiques dont il assure la responsabilité, comme le port et la recherche.
L’objectif est de concevoir un village des solutions propre à la Nouvelle-Calédonie, en cohérence avec ses spécificités culturelles, sociales et institutionnelles. Chaque territoire développe son propre modèle en fonction de ses réalités, de ses besoins et de ses acteurs, avec un socle commun qui s’articule autour des cinq piliers suivants : transport, logement, santé, parentalité et inclusion numérique, qui représentent les principaux obstacles identifiés dans les parcours de formation.
Pour Samuel Hnepeune, il est nécessaire de repenser l’approche : « Aujourd’hui, on se retrouve avec beaucoup d’organismes de formation. Les entreprises ont des attentes, tout comme la jeunesse, mais on constate qu’elles ne coïncident pas. L’idée est donc d’imaginer un nouveau modèle qui permette de mieux connecter les attentes de chacun. On envisage ainsi de changer de méthode en réfléchissant plutôt par bassin régional et en évaluant les véritables besoins économiques, sociaux et culturels de chaque bassin. »
C’est dans ce cadre que s’inscrit la mission de l’AFPA en Nouvelle-Calédonie, sollicitée pour son expertise en structuration de dispositifs.
La mission de l’AFPA : sonder les parties prenantes
Les enjeux de la mission sont multiples :
- mobiliser les acteurs du territoire autour d’une dynamique de coopération ;
- identifier les besoins, les attentes et les leviers d’action des parties prenantes ;
- valoriser les initiatives locales existantes
- proposer une méthode commune de travail, permettant de structurer les échanges, de faciliter la coordination et de poser les bases d’une gouvernance partagée.
Durant deux semaines, les deux experts nationaux de la formation professionnelle ont ainsi rencontré les différents acteurs impliqués dans ce projet innovant : les chambres consulaires, les associations, les organismes de formation, les entreprises, les partenaires sociaux et les jeunes. Cette phase de diagnostic était essentielle afin d’identifier les besoins spécifiques à la Nouvelle-Calédonie, les initiatives déjà existantes et de proposer des solutions appropriées pour déterminer les axes de travail prioritaires dans l’élaboration d’une feuille de route.
« On doit réinventer l’écosystème formation professionnelle avec une prise en compte de l’ensemble des sensibilités de ce pays. La première restitution à chaud de cette mission sera enrichie des échanges avec l’ensemble des parties prenantes », a déclaré le membre du gouvernement.
Devant les acteurs impliqués dans ce projet, Aurélien Gaucherand a ainsi présenté les premiers constats issus de leurs échanges. On observe notamment une forte volonté de collaboration entre les acteurs du territoire ou encore des initiatives locales pertinentes mais parfois peu connectées entre elles.
D’autre part, des freins à la coopération liés à des enjeux de gouvernance, de lisibilité des dispositifs et de coordination ont pu être identifiés, à l’instar du besoin de structurer un cadre commun pour favoriser les synergies et renforcer l’impact des actions existantes.
Des échanges constructifs entre les parties prenantes ont ensuite suivi la présentation.
Ces éléments permettront d’élaborer une feuille de route spécifique, en cohérence avec les ambitions d’un village calédonien. Un rapport de mission détaillé sera également remis avant fin décembre 2025, afin de formaliser les constats, les enseignements et les recommandations.
Les villages des solutions
Les villages des solutions sont des concepts de développement territorial innovants, développés par l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) depuis 2020. Ils regroupent en un même lieu un ensemble de services destinés à simplifier les parcours des publics en transition professionnelle (acteurs du champ de l’insertion, de la formation et de l’emploi, entreprises, collectivités, associations, …).
Chaque centre offre des solutions adaptées aux besoins de son territoire et de ses publics, bien qu’un socle soit commun à tous les villages des solutions :
- l’inclusion numérique
- la mobilité
- la parentalité
- la santé
- le logement
Ces écosystèmes, ancrés dans leur territoire, proposent ainsi des solutions concrètes pour lever les principaux freins à l’insertion ou à la reconversion professionnelle.