Un plan d’envergure pour éradiquer deux nouveaux moustiques
Le gouvernement a présenté, jeudi 16 août, les différentes mesures de son plan d’action afin de tenter d’éradiquer deux nouvelles espèces de moustiques. Découverts à Tontouta, ces insectes pourraient en effet renforcer les épidémies d’arboviroses, notamment de dengue, et en faire émerger de nouvelles.
Trois cibles sont désormais dans le viseur de la lutte anti-vectorielle en Nouvelle-Calédonie : l’Aedes aegypti – bien connu des Calédoniens pour son rôle dans la transmission de la dengue, du chikungunya et du zika – et les deux nouvelles espèces détectées, Aedes scutellaris et Anopheles bancroftii.
« La découverte fortuite d’Aedes scutellaris remonte à mars 2016, dans une pépinière de Tontouta, lors d’actions de prévention menées contre la dengue », relate Jean-Paul Grangeon, le directeur adjoint de la direction des Affaires sanitaires et sociales (DASS). L’insecte aurait probablement été introduit en Calédonie sous forme de larves ou d’œufs dans des plantes ornementales importées.
Dès lors, un plan de lutte est mis en place et l’insecte n’est plus détecté ; jusqu’en février dernier où il est retrouvé au même endroit. La lutte et la surveillance sont renforcées et étendues aux zones avoisinantes, aux chantiers de l’entreprise, aux pépinières du Grand Nouméa, etc. Depuis, quelques spécimens ont de nouveau été repérés à Tontouta. En juin, la surveillance dans une zone étendue autour de la pépinière révèle la présence d’un autre moustique : l’Anopheles bancroftii, qui sera également retrouvé en juillet à l’aéroport de La Tontouta.
Épandages
L’Aedes scutellaris étant vecteur d’arboviroses et l’Anophèle de parasites responsables de maladies telles que le paludisme (dont la Nouvelle-Calédonie est indemne), ces moustiques représentent une menace sanitaire et économique pour la Calédonie. C’est pourquoi le gouvernement a pris des mesures drastiques pour tenter d’éradiquer ces insectes, à travers un plan d’action estimé à 150 millions de francs.
Au programme : « Des épandages de Bti pendant trois mois (un larvicide biologique naturel sans danger pour la faune et la flore), dans un rayon de 3 km autour des points de détection des moustiques, en excluant les environnements sensibles comme les mangroves, par exemple », détaille Jean-Paul Grangeon. De plus, de la deltaméthrine (adulticide) sera épandue par hélicoptère, par véhicule et à pied, mais uniquement dans des zones limitées (autour de la pépinière en question et sur la zone de l’aéroport international de La Tontouta).
Surveillance et réglementation accrues
En parallèle, la surveillance entomologique sera étendue à l’ensemble du territoire par la DASS et le contrôle sera renforcé aux frontières par la direction des Affaires vétérinaires, alimentaires et rurales (DAVAR). Notamment sur les plantes « réceptacles » (orchidées, broméliacées, etc.), particulièrement susceptibles d’accueillir des larves ou des œufs de moustiques.
Déjà soumises à certification et à un traitement insecticide avant importation, suivi d’un contrôle à leur arrivée pouvant donner lieu à un traitement complémentaire, ces plantes pourraient aussi faire l’objet d’une évolution de la réglementation. « L’arrêté qui encadre ces procédures pourra être mis à jour pour instaurer un deuxième traitement insecticide systématique », explique Valérie Campos, chef du service d’inspection vétérinaire, alimentaire et phytosanitaire (SIVAP) de la DAVAR.
Au plan international, la Nouvelle-Calédonie peut également compter sur l’appui de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « L’OMS, qui prend la situation de la Calédonie très au sérieux, va mettre à notre disposition un entomologiste australien afin de nous aider à mettre en œuvre ce vaste plan de lutte », ajoute le directeur adjoint de la DASS. Cet expert est attendu en Nouvelle-Calédonie dès le 22 août.