Cyrano d’Bergerac hébergé au Creipac

Cyrano d’Bergerac hébergé au Creipac

22 mars 2018

Culture Éducation et formation Société Francophonie

La pièce française la plus jouée au monde dans les jardins du Creipac

La pièce française la plus jouée au monde dans les jardins du Creipac

Organisée par l’Alliance Champlain depuis plus de vingt ans, la Semaine de la langue française et de la francophonie a pris cette année ses quartiers dans les jardins du Creipac. Au menu, ce mercredi 21 mars au matin, la présentation par la compagnie de l’Archipel de la plus populaire des pièces de théâtre françaises : Cyrano de Bergerac. Un chef d’œuvre tout en alexandrins, signé Edmond Rostand. Plus de 200 collégiens et lycéens avaient été invités.

Dans la loge des artistes, Dominique Jean finit d’ajuster son nez d’emprunt. Interprète de Cyrano, l’homme de théâtre qui a adapté et mis en scène la célèbre pièce d’Edmond Rostand, s’apprête, en compagnie des comédiens de l’Archipel, à monter sur “scène”. En l’occurrence les jardins du Centre de rencontres et d'échanges internationaux du Pacifique (Creipac), organisme connu pour ses cours de français langue étrangère, mais de plus en plus comme « un outil au service de la promotion de la francophonie », selon les mots de sa directrice Valérie Meunier. Elle ajoute : « Il était tout à fait légitime que dans le cadre de cette semaine nous proposions une programmation mettant l’accent sur la jeunesse, le partage et la diversité culturelle, thèmes forts de la
francophonie
».

Alors le Creipac, via le service culture du vice-rectorat, et un financement du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, a lancé une invitation à plusieurs collèges (Kaméré, Tuband, Boulari) et lycées (Petro-Attiti, Grand Nouméa, BTS Lapérouse), avec pour objectif de « promouvoir l’une des plus populaires pièces françaises, en y associant plus de 200 jeunes qui a priori n’ont pas l’habitude d’aller au théâtre ».

« Cyrano de Bergerac est la pièce française la plus jouée au monde, indique Dominique Jean. C’est aussi la mission du théâtre de répondre à ce genre d’initiatives et de faire entendre à des élèves une œuvre tout en alexandrins (2 600 vers au total !), très musicale, qui raconte à sa manière l’histoire de la langue française ». La compagnie de l’Archipel qu’il dirige la présente en ce moment au théâtre de l’Île. « Nous l’avons jouée quinze fois depuis l’an dernier. Souvent pour les scolaires. Ils sont ravis, applaudissent, on discute avec eux après la représentation. Sauf quand le chauffeur de bus a envie d’aller manger ! Il est même arrivé qu’un d’entre eux frappe à la porte alors que la pièce n’était pas encore finie, car il estimait qu’il était temps de partir ! »

La tirade du nez

S’il n’aime pas trop les chauffeurs de bus, Cyrano de Bergerac, poète et fort en gueule, a en revanche un penchant évident pour sa cousine Roxane. Mais ce nez lui colle à la peau et, vécu comme une infirmité, l'empêche de se dévoiler auprès de sa douce…

Prof d’arts plastiques à Kaméré, Claire Sarda a le nez… dans le guidon depuis quelques jours. Avec ses élèves de 3e D, elle s’escrime sur une tirade impossible à mémoriser, point d’orgue de la pièce : « [… ] Agressif : Moi, monsieur, si j’avais un tel nez, Il faudrait sur-le-champ que je me l’amputasse ! [… ] Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître - A détruit l’harmonie ! Il en rougit, le traître ! - Voilà ce qu’à peu près, mon cher, vous m’auriez dit - Si vous aviez un peu de lettres et d’esprit [… ] ».

Explications de la jeune prof : « On a commencé à lire la tirade, à étudier les différentes façons humoristiques de décrire ce nez, pour ne pas qu’ils soient trop surpris par le niveau de langage. Et je leur ai demandé au niveau graphique de dessiner des nez différents, pour une première approche de la pièce par la voie plastique ». Quel impact attend-elle de cette matinée hors des clous habituels ? « J’espère qu’ils seront séduits, qu’ils apprécieront de découvrir, en extérieur, une pièce du patrimoine français et qu’ils prendront du plaisir. Après, avec ma collègue de français Natacha, on verra ce qu’ils en ont retenu. J’aimerais leur faire faire des petits moulages en pâte d’argile, toujours autour du nez, et revenir sur les éléments de décor, les costumes, la mise en scène… »

Des ambassadeurs de la francophonie

Prof d’espagnol d’une classe de 1re L au lycée du Grand Nouméa, Isabelle Arellano prépare ses 25 élèves au voyage qui les conduira l’an prochain en Amérique latine chez leurs correspondants chiliens. « Cette sortie est pour tous très importante. Car elle contribue à fédérer le groupe, autour de la culture et de la francophonie dont ils seront bientôt les petits ambassadeurs au Chili. » Sa collègue de français, Muriel Raffard-Artigue, y voit également « la possibilité d’aborder avec eux le drame romantique et de sortir un peu de Corneille, au programme cette année ». Parmi les élèves, Mayalen, Maloree, Rose et Alice. Pendant que Rose cherche désespérément le nom de l’auteur, Alice souligne qu’il s’agit d’une œuvre« éponyme », Maloree se rappelle de deux pièces vues au théâtre de l’Île et au centre culturel du Mont-Dore, « mais jamais en extérieur », et Mayalen précise qu’« il faut prendre des notes sur le décor, les costumes, le jeu des acteurs… pour ensuite faire un résumé qu’on devra présenter à l’oral ».

« La culture, c’est pour tout le monde ! »

Le lycée Petro-Attiti, de son côté, est représenté en force. Deux classes de 1re année Bac pro – froid et clim et électrotechnique – et une 2nde métiers de la sécurité. Issus de cette dernière, Evans, Ryann et Guillaume. Visiblement, aucun des trois garçons n’a jamais entendu parler d’alexandrins, mais ils semblent connaître Alexandra. Le premier découvre totalement le théâtre ce matin. Le deuxième se demande s’il n’a pas déjà vu Cyrano l’an passé mais n’en mettrait pas sa main au feu. Bref, ça ne l’a pas marqué au fer rouge. Le dernier a vécu deux expériences théâtrales, à Sydney et au Mont-Dore, mais il n’a pas « accroché » : « J’espère qu’aujourd’hui je vais aimer ».

Dominique alias Cyrano croise le fer avec le vicomte de Valvert. Les jeunes rigolent. La maîtresse des lieux sourit. « On attend de cette manifestation qu’elle leur donne envie d’aller davantage au théâtre, l’opportunité de découvrir d’autres textes en classe, anciens ou contemporains peu importe, l’essentiel restant qu’ils s’approprient la langue, qu’ils puissent jouer, créer, mettre en place des ateliers d’écriture par exemple. Et surtout qu’ils comprennent que la culture, c’est pour tout le monde ! »

 

Le théâtre s’ouvre aux jeunes collégiens et lycéens, grâce à la francophonie.

Le théâtre s’ouvre aux jeunes collégiens et lycéens, grâce à la francophonie.

 

 

 

Et encore…

 - Vendredi 23 mars à 14 h : visite gratuite du bagne avec l'Association Témoignage d'Un Passé. Durée : 1 h 30. Réservation indispensable au 25 41 24.

- Vendredi 23 mars à 18 h : soirée jazz au Creipac, avec le « French Touch » Big Band, composé de seize musiciens et une chanteuse. Réservation au 25 41 24.

 

 

 

 

 

 

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