Les femmes rurales à l’honneur

Les femmes rurales à l’honneur

22 octobre 2019

Culture Société Économie

Après la coutume, chants d’accueil des femmes de Lifou et de Maré.

Après la coutume, chants d’accueil des femmes de Lifou et de Maré.

Initiée par l’ONU, la Journée des femmes rurales est célébrée de par le monde le 15 octobre de chaque année. Sa quatrième édition locale, organisée par le secteur de la condition féminine du gouvernement, avait pour thème « l’économie solidaire des femmes, un progrès pour le pays ! ». Avec la présence de nombreux partenaires, dont l’association Femmes entraide économie solidaire, qui accueillait cette manifestation dans son local Arti’Fées, à Nouméa.

Mieux faire connaître les préoccupations, les besoins et les aspirations des femmes vivant en milieu rural et tribal, tel est l’objectif de cette journée internationale relayée en Nouvelle-Calédonie pour la quatrième fois, ce samedi 19 octobre. Pour Valentine Eurisouké, nouvellement en charge du secteur de la condition féminine au gouvernement, il s’agissait également de « faire un état des lieux des actions menées afin de définir les orientations futures et d’identifier les freins à l’émancipation et à l’autonomisation des femmes ».

Ce travail de fond, nécessaire pour « renforcer les politiques publiques de lutte contre les inégalités hommes-femmes », doit notamment permettre de « développer cette économie informelle et solidaire qui est une puissance pour le pays, a souligné la membre du gouvernement. Il faut regarder ce modèle d’économie informelle : tout n’est pas basé sur l’argent et la solidarité permet de réduire les inégalités. »

Pour Valentine Eurisouké, « il faut un autre modèle économique pour réduire les inégalités sociales ».

Pour Valentine Eurisouké, « il faut un autre modèle économique pour réduire les inégalités sociales ».

 

S’appuyer sur l’informel pour construire du formel

En effet, en Nouvelle-Calédonie 44 000 femmes travaillent dans le secteur rural et 14 000 dans l’économie solidaire, ce qui représente 5 % de la population active. Et tout cela n’est pas comptabilisé dans le PIB du pays. « Une économie qui pèse, qui occupe des gens et qui est pourtant invisible dans les statistiques officielles, affirme Séverine Bouard, géographe et chercheur en sciences sociales à l’Institut agronomique calédonien, partenaire de la Journée (IAC, voir l’encadré). C’est un capital immatériel de la Nouvelle-Calédonie. C’est important parce qu’une grosse part de cette production sert à l’autoconsommation. Ce qui maintient les équilibres familiaux dans un contexte de vie chère. Il y a aussi un objectif de commercialisation qui n’est pas négligeable. Enfin, cette économie informelle crée du lien social. Il suffit de voir les marchés de proximité animés par des femmes : ils sont de plus en plus nombreux et de plus en plus fréquents. Tout cela va vers plus d’autonomisation des femmes et donc, vers un changement sociétal. »

Vannerie, tressage, sculpture… mais aussi pêche et machine à coudre

Ce que confirme Nicole Neoere, présidente de Femmes entraide économie solidaire (FÉES), une association-pays qui valorise l’artisanat local des trois provinces et dispose de la boutique Arti’Fées – qui accueillait la journée – où tous les artistes (seuls ou en association) peuvent mettre leurs œuvres en dépôt-vente. « Une partie des ventes, 15 %, explique-t-elle, est retenue pour la Banque solidaire qui finance des projets de femmes à hauteur de 100 000 francs. Comme une table d’hôte à Canala ou un local pour les mamans à Kouaoua. C’est un pas de plus vers l’émancipation et le bien-être de la femme rurale. »

Le développement d’une petite activité, c’est aussi « un premier pas pour sortir des situations de violences intrafamiliales, ajoute Delphine Cottin, de l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie, voir l’encadré), également partenaire de la Journée des femmes rurales. Valoriser les productions des femmes, c’est leur permettre de prendre confiance en elles. » Et de libérer la parole… D’après le procureur de la République de Nouméa, 1 300 plaintes pour violences conjugales ont été déposées depuis le début de l’année, soit autant que dans le département des Yvelines qui compte six fois plus d’habitants que la Nouvelle-Calédonie.

 

Nicole Neoere, présidente de Femmes entraide économie solidaire, souhaite multiplier les échanges sur les savoir-faire.

Nicole Neoere, présidente de Femmes entraide économie solidaire, souhaite multiplier les échanges sur les savoir-faire., par annabelle.noir

 

 

Valentine Eurisouké, Séverine Bouard de l’IAC, et Dominique Deboffle, directeur territorial adjoint de l’ADIE.

Valentine Eurisouké, Séverine Bouard de l’IAC, et Dominique Deboffle, directeur territorial adjoint de l’ADIE.

 

 

 

Les partenaires

L’Institut agronomique calédonien (IAC) travaille sur l’agriculture et le monde rural. Ses principales missions sont d’identifier les ressources naturelles et la biodiversité ; de développer une agriculture respectueuse de l’environnement et de l’humain, et d’étudier les transformations des familles rurales en analysant les politiques de développement.

L’Association pour le droit à l’initiative économique (ADIE) aide, conseille et finance des petites activités économiques (commerce, artisanat, pêche, agriculture…) sur tout le territoire. En moyenne, 1 200 personnes en bénéficient chaque année.

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