Une aide pour sécuriser son commerce
Le gouvernement a adopté ce 24 avril un avant-projet de loi permettant aux buralistes, stations-service, supérettes et vinothèques de bénéficier d’un crédit d’impôt pour l’achat d’équipements destinés à sécuriser leurs locaux contre les vols et les effractions. Valable jusqu’en 2019, ce dispositif pourrait concerner près de 400 entreprises.
Les bras remplis de cartouches de cigarettes, paquets de tabacs et bouteilles d’alcool, ils sont repartis tranquillement, filmés par les caméras impuissantes des commerces vandalisés. À Rivière-Salée, Dumbéa, Tina ou Magenta, l’un après l’autre, des groupes de jeunes ont défrayé la chronique de janvier et février. Laissant derrière eux des vitrines explosées à coups de voiture-bélier, des rideaux métalliques arrachés à la force des poignets, des magasins saccagés, pillés, des commerçants écœurés.
Le 8 mars au matin, à l'appel des syndicats professionnels, plusieurs centaines de personnes vêtues de noir exprimaient dans la rue leur ras-le-bol et leur colère face à la multiplication des cambriolages et, plus généralement, contre l'insécurité, défilant du monument américain jusqu'au haut-commissariat.
Depuis, les forces de l'ordre ont doublé les patrouilles de nuit, ce qui a entraîné une baisse des actes délictueux, la province Sud a annoncé une aide à l’achat des équipements de sûreté*. Aujourd’hui, le gouvernement vient concrètement en aide aux stations-service, cavistes, buralistes et supérettes.
Les commerces de moins de 350 m², vendant du tabac, du carburant ou de l’alcool, vont en effet bénéficier d’un crédit d’impôt pour l’achat et la pose d’équipements liés à la sécurisation de leur entreprises : rideaux métalliques, vitres ou portes blindées, système d’alarme, système de vidéo-protection, etc.
Le crédit d’impôt sera égal à 30 % des investissements réalisés en 2018 et 2019, déduction faite d’une éventuelle subvention publique – la province Sud complèterait jusqu’à 50 % des sommes investies. Son montant sera plafonné à un million de francs par espace de vente éligible équipé.
* Le dispositif provincial d’aide à la sécurisation doit être présenté ce mercredi 25 avril
Dominique Annonier, caviste : « On a pris les devants »
« C’est une très bonne mesure, le gouvernement a raison de se pencher là-dessus, car concrètement s’équiper coûte une fortune aux entreprises. Nous, on a pris les devants : vidéo-protection, alarme, on a fait renforcer les rideaux métalliques avec des crochets et des cadenas supplémentaires. Maintenant, il nous faut juste une demi-heure pour ouvrir et fermer nos boutiques ! Sur celle de Magenta, on a installé des plots en béton coulés dans le sol pour éviter les voitures béliers, et l’an dernier on s’est équipé sur les trois magasins de gâches de fermeture automatique. Trois fois 200 000 F ! C’est clairement ce qui a sauvé la vie de mes vendeurs de Magenta. En juin 2017, une dizaine de jeunes sont entrés dans la boutique, un samedi vers 15 h 30. Heureusement, les clients se sont interposés, leur ont arraché les bouteilles des mains et les ont repoussés à l’extérieur. Les vendeurs ont alors pu déclencher, depuis le comptoir, la gâche de sécurité. N’ayant rien pu voler, dans la fureur les jeunes ont explosé les vitrines. Le responsable a appelé la police… qui a mis 15 mn avant de décrocher ! Ces mineurs multirécidivistes, la police les connaît, ils sont fichés, archi-fichés. En plus, ils nous narguent en passant devant le magasin. Psychologiquement, c’est un enfer pour le personnel. Dans la boutique de Ducos, il y a deux ans, un des vendeurs s’est retrouvé couché au sol avec un sabre d’abattis sur la gorge. Dans la galerie commerciale Le Centre, un samedi à 8 h 30 !
On passe des lois, c’est bien, mais il faut aussi rassurer la population. Parce qu’on a l’impression que ces agressions permanentes deviennent la normalité, sont banalisées. Je suis une Calédonienne de la 4e génération, on est dans un pays de droit, avec une justice, des forces de l’ordre. Comment en est-on arrivé là aujourd’hui ? Mon grand-père doit se retourner dans sa tombe ! »
Un exemple
Un caviste souhaite sécuriser deux vinothèques. L’opération va lui coûter 4,5 millions de francs : 3 millions en 2018 et 1,5 million en 2019. La première année, il reçoit une aide publique d’un million de francs. De quel crédit d’impôt va-t-il bénéficier ?
- 1re année : 3 000 000 F d’investissement éligible – 1 000 000 F de subvention publique = 2 000 000 F. Et 30 % x 2 millions = 600 000 F.
- 2e année : 1 500 000 F d’investissement éligible – 0 subvention = 1 500 000 F. Et 30 % x 1,5 million = 450 000 F.
- Au total, le caviste bénéficiera d’un crédit d’impôt de 1 050 000 francs (600 000 F + 450 000 F).
Coût du matériel de sécurité
- Coffre-fort encastré ou scellé : 500 000 francs
- Porte blindée : 300 000 francs
- Système de vidéo-protection : 1 million de francs
- Système d’alarme avec générateur de brouillard ou détecteur infrarouge : 400 000 francs
- Vitre anti-vandalisme de 25 m2 : 800 000 francs
- Rideaux métalliques pour 5 portes : 2,8 millions de francs