Dessine-moi un émoticône

Dessine-moi un émoticône

26 mars 2017

Culture

Les élèves et Yuni, accompagnatrice du Creipac, devisant autour du mot “émoticône”.

Les élèves et Yuni, accompagnatrice du Creipac, devisant autour du mot “émoticône”.

Dans le cadre de la Semaine de la francophonie et de l’opération « Dis-moi dix mots », le Creipac, en partenariat avec l’Alliance Champlain, a organisé vendredi 24 mars une chasse au trésor pour 45 élèves de l’école voisine Amélie-Cosnier. Objectif : les sensibiliser aux mots empruntés à l’univers d’Internet. 

Ce matin, les stagiaires du Creipac ont 10 ans à peine ! En provenance de deux classes de double niveau – CE1/CE2 et CM1/CM2 – de l’école Amélie-Cosnier (Nouville), 45 gamins courent dans le jardin à la recherche d’enveloppes, d’indices et de mots. Pour cette première chasse au trésor organisée par le Centre de rencontres et d’échanges internationaux du Pacifique (Creipac), cinq groupes s’affrontent. L’équipe jaune déboule dans la bibliothèque, afin d’identifier le troisième mot mystérieux. Des dessins circulent sur la table, pour aider les enfants. « C’est quoi un émoticône ? », lance Yuni, l’une des professeures du Creipac qui encadrent les élèves. Réponses, cacophoniques : « Un dessin… pour faire sourire… on l’envoie à un ami ou à son amoureux sur l’e-mail… » Yuni reprend la main : « De nouveaux émoticônes sont inventés chaque jour… ». Elle saisit l’une des feuilles : « Quelle émotion est dessinée sur celui-ci ? » « Euh… il tire la langue… il a mis un maquillage ! ».

Émoticône, mais aussi avatar, fureteur… cette année l’opération « Dis-moi dix mots » emprunte au monde de la Toile et des nouvelles technologies. « L’objectif est de faire découvrir aux enfants de nouveaux mots ou bien les différents sens qui se cachent derrière certains d’entre eux, comme nuage ou pirate par exemple, indique Valérie Meunier, directrice du Creipac. Et quoi de mieux que de s’immerger dans la langue française en jouant avec les mots ? ».

Un jumelage entre francophonie et Francofolies

Les enveloppes sont – à peine – dissimulées derrière un frangipanier ou posées sur un banc. « Escaladez les rondins au fond du jardin. Sous le manguier, vous trouverez le dernier indice. » La chasse au trésor touche à sa fin. « Ils connaissaient pas mal de mots qu’il a fallu transposer de leur usage quotidien à leur signification sur la Toile », témoigne Justyna, accompagnatrice de l’équipe orange. Pour elle, les enfants ont bien assimilé toutes ces données, d’autant qu’une ultime épreuve a permis de récapituler les dix mots appris en associant à chacun une définition. « On s’attendait à ce que ça parte un peu dans tous les sens, mais finalement ils se sont très bien tenus », confirme Melissa, une autre prof.

Comme toute initiative similaire, cette chasse au trésor s’intègre dans le dispositif de promotion de la francophonie dans la zone Asie-Pacifique, mis en place par le Creipac, un organisme de plus en plus légitimé à porter ce type d’actions. D’autant que le gouvernement entend faire de la Nouvelle-Calédonie le fer de lance régional de la francophonie. L’organisation par le Creipac du très attendu 10e Forum francophone du Pacifique les 7, 8 et 9 septembre prochains, avec le Vanuatu pour invité d’honneur, contribuera bien sûr à faire rayonner cette francophonie. « Nous travaillons sur un jumelage avec les premières Francofolies qui auront lieu aux mêmes dates au centre culturel Tjibaou, précise Valérie Meunier. Un festival qui accueillera des artistes de très haut niveau, mais qui permettra également de montrer que les forces vives culturelles sont très riches en Nouvelle-Calédonie et que nous devons les aider à s’exporter dans la région pour qu’elles défendent nos couleurs à l’étranger ».

Le Vanuatu, une priorité

Membre du gouvernement notamment en charge de la francophonie, Bernard Deladrière pense exactement la même chose. Selon lui, l’admission, fin novembre 2016, de la Nouvelle-Calédonie comme membre associé à l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) « ouvre des possibilités d’accès à des programmes de coopération – par exemple la formation à l’enseignement du français à distance ou celle de diplomates et hauts fonctionnaires du Vanuatu ». Elle permettra également aux Cagous de participer aux prochains Jeux de la francophonie en juillet à Abidjan. « À terme, nous souhaiterions former un groupe régional au sein de l’OIF, avec le Vanuatu, qui en est membre à part entière, et la Polynésie française, afin de mener des projets communs, sans se disperser et prioritairement au profit du Vanuatu où un tiers de la population est francophone. » Une des ambitions du plan conjoint de coopération signé le 3 mars dernier à Port Vila par Philippe Germain et Charlot Salwai.

 

Les élèves d’Amélie-Cosnier se sont montrés particulièrement motivés et véloces !

Les élèves d’Amélie-Cosnier se sont montrés particulièrement motivés et véloces !

 

 

Invité par l’Alliance Champlain pour la Semaine de la francophonie, le conteur togolais Roger Atikpo, accompagné de sa kora, a bien fait rire les enfants à l’issue de la chasse au trésor.

Invité par l’Alliance Champlain pour la Semaine de la francophonie, le conteur togolais Roger Atikpo, accompagné de sa kora, a bien fait rire les enfants à l’issue de la chasse au trésor.

 

 

Avatar, fureteur, télésnober… 

Créée à l’initiative du ministère de la Culture, l’opération « Dis-moi dix mots » met chaque année une thématique en exergue. Dix mots sont sélectionnés par les différents partenaires francophones : France, Belgique, Québec, Suisse, ainsi que l’OIF qui représente 80 États et gouvernements. Dédiée au vocabulaire numérique, cette nouvelle édition illustre la manière dont le français s’adapte à des technologies et des usages en constante évolution, en s’enrichissant de sens nouveaux, sans qu’il soit nécessaire de puiser dans une autre langue, l’anglais par exemple. La plupart des mots qui ont été choisis transposent dans l’univers digital des réalités ou des pratiques empruntées au quotidien : comme “canular”, “avatar”, “nuage” ou “pirate”. Dans d’autres cas, des termes nouveaux ont été créés, comme “émoticône” pour illustrer nos émotions, ou “télésnober” qui désigne le fait non pas de zapper une émission télé mais de regarder son smartphone ou son ordinateur portable alors qu’une personne est en train de vous parler (ainsi que Valérie Meunier l’explique aux enfants sur notre photo, sous l’œil amusé de Bernard Deladrière). “Favori”, “fureteur” (un logiciel de navigation), “héberger” et “nomade” étaient les quatre autres mots à deviner.

 

Dessine-moi un émoticône

 

 

 

Diffusion du français et coopération

Si le Creipac a pour mission d’assurer des cours de français langue étrangère à des stagiaires de la zone Asie-Pacifique, tout en encourageant, par leur intermédiaire, la valorisation des atouts touristiques de la Nouvelle-Calédonie, la promotion du français et de la francophonie loin derrière le récif-barrière reste l’un de ses principaux objectifs. « Mais au-delà de la diffusion du français dans une région anglophone, nous menons des actions concrètes de coopération avec nos réseaux culturels », explique Valérie Meunier. Exemple, le sous-titrage en anglais du film d’Alan Nogues Terre de métal, en collaboration avec l’Alliance française de Suva à Fidji, un 52 mn présenté en février dernier à Tahiti lors du Festival international du film documentaire océanien (Fifo).

 

 

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