Bien-être et santé mentale

Bien-être et santé mentale

29 mars 2019

Santé et social

À l’occasion des Jeudis du centre-ville du 21 mars, les associations Hippocampe et Airain, ainsi que le CHS, s’étaient réunis pour mieux faire entendre leur voix.

À l’occasion des Jeudis du centre-ville du 21 mars, les associations Hippocampe et Airain, ainsi que le CHS, s’étaient réunis pour mieux faire entendre leur voix.

Les Semaines d’information sur la santé mentale (SISM) se sont déroulées du 18 au 31 mars, sur le thème « s’occuper de son bien-être, c’est aussi être acteur de sa santé mentale ». Rencontre avec des associations qui militent pour déstigmatiser les troubles psychiques et se battent afin d’améliorer le quotidien des malades et de leurs familles. 

Les SISM ont été créées en 1990 par l’Association française de psychiatrie sur la base des recommandations internationales de lutte contre la stigmatisation des troubles psychiques. Leur objectif est de toucher le grand public, aider au développement des réseaux de solidarité, de soins et d'accompagnement, et faire connaître les lieux, les moyens et les personnes pouvant apporter un soutien ou une information de proximité. En Nouvelle-Calédonie, l’ensemble des acteurs de la santé mentale ont cette année souhaité s’associer pour expliquer que chacun pouvait agir à son niveau et être acteur de son bien-être, et véhiculer l’idée qu’au-delà de la maladie, des solutions existaient. Pour diffuser ces messages, ils avaient rendez-vous place des Cocotiers lors d’un jeudi du centre-ville consacré à l’outre-mer.

Changer les représentations du grand public

Éducateur spécialisé dans une unité de soins du CHS Albert-Bousquet, Frédéric résume l’esprit des SISM : « Amener les gens à se demander ce que signifie pour eux d’être en bonne santé » ; évoquer en leur compagnie la définition de l’OMS : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en l’absence de maladie ou d’infirmité » ; et « leur rappeler de ne pas oublier de se faire plaisir, de voir du monde, de s’accorder une parenthèse, ou d’oser demander de l’aide… ». Mais les SISM ont également vocation à « changer les représentations du grand public sur la maladie, l’image de Nouville, des fous… ». Sur le stand du CHS, de la documentation, comme ce dépliant sur le lieu ressource que représente pour les malades et leur entourage le centre médico-psychologique (CMP), rue Gallieni, ou ces prospectus relatifs à deux programmes d’éducation thérapeutique : « J’avance », pour améliorer la qualité de vie de la personne dépressive, et « Schiz’dit », regards croisés sur la schizophrénie.

Briser l’isolement et créer du lien

La schizophrénie, c’est le dénominateur commun des membres de l’association Hippocampe qui, depuis cinq ans, regroupe des personnes souffrant de cette pathologie ainsi que leurs familles. Son objectif : promouvoir l’autonomie de la personne, son inclusion et sa réinsertion. Mais aussi aider les proches à accepter et mieux gérer le défi quotidien d’accompagner la personne atteinte. Tout au long de l’année, les “Hippocampes” organisent des groupes de parole, des marches et des sorties le week-end, pour briser l'isolement et créer du lien, ou encore des ateliers de qi gong, pour améliorer la santé mentale. En projet, des ateliers de communication non violente destinées à faire baisser le niveau de stress, l’un des pires ennemis des personnes souffrant de schizophrénie, et, en gestation, un groupe d'entraide mutuelle, entièrement géré par elles, pour favoriser l’autonomie et donc l’estime de soi.

Claude est l’une des vice-présidentes de l’association. « Quand tu entres dans le parcours de la maladie, tu es vite débordé par la situation, témoigne-t-elle. Tu amènes ton gamin se faire soigner dans un établissement spécialisé et tu as l’impression de le conduire en prison. Aucun accompagnement. Et, en face de toi, des gens qui te considèrent presque comme un coupable. » Ça, c’était il y a quinze ans. « Depuis, on a enfin compris le rôle clé joué par la famille et l’entourage dans la prise en charge et la rémission. » En 2018, le CHS a même proposé à une quinzaine de parents concernés de près par la pathologie une formation sur deux ans. Les choses bougent. Enfin. « Aujourd’hui, nos jeunes viennent sur les manifestations, ils acceptent d’être pris en photo, de témoigner de leur “maladie”. C’est nouveau. Même si quelques-uns sont encore dans le déni. » Informer, encourager les familles à ne plus avoir peur de la schizophrénie ou “honte” du comportement de leur enfant, voilà ce que Claude attend des SISM.

La roue des émotions

Sur le stand contigu à celui d’Hippocampe, se trouve Airain, l’Association d’insertion, de réadaptation et d’aide de l’île Nou, créée en 1992, et partenaire du CHS. « Nous venons en aide aux patients hospitalisés au CHS, et contribuons à améliorer leur quotidien », souligne son président Henri Estel. Airain leur apporte ainsi une aide financière ponctuelle, favorise leur réinsertion, à travers des petits boulots à la cafétéria du CHS, ainsi que leur autonomie en gérant une quinzaine de logements associatifs dans le cadre d’une convention avec la SIC. Airain est également affiliée à la fédération de sport adapté.

Devant le stand, Delphine, infirmière au CHS, tient dans ses mains la roue des émotions. Un jeu que les visiteurs testent avec curiosité. Comment se sentent-ils ? « J’ai des papillons dans le ventre », « J’ai des ailes dans le dos » ou bien « Je me sens comme un lion en cage » ? « Après, on identifie une émotion à y associer, puis un besoin, indique-t-elle. L’émotion est l’expression d’un besoin non satisfait. Ce jeu a pour objectif d’amener la personne à trouver des stratégies pour répondre à ce besoin ».

Contacts : Hippocampe 82 20 62 - hippocampe.nc@gmail.com ; Airain : airain@chs.nc

 

Hippocampe vient en aide aux personnes schizophrènes et à leurs familles.

Hippocampe vient en aide aux personnes schizophrènes et à leurs familles.

 

Devant le stand d’Airain, Delphine explique le fonctionnement de la roue des émotions.

Devant le stand d’Airain, Delphine explique le fonctionnement de la roue des émotions.

 

Un schéma et une feuille de route
Le 6 septembre 2013, les élus du Congrès adoptaient le « schéma de promotion et d’organisation de la santé mentale de la Nouvelle-Calédonie ». Ce document, qui trace une feuille de route sur dix ans, repose sur trois piliers : 
coordonner une prise en charge des patients multidisciplinaire (médecin, psychologue, diététicien, neurologue, etc.) et multi-partenariale (gouvernement, provinces, associations), 
partager une culture commune de l’accompagnement des patients, 
faciliter l’accès et améliorer l’offre des services offerts aux patients.
Cinq ans après le vote, le maillage territorial de l’offre de soins s’est amélioré. Des 
services de consultation dans les centres médico-psychologiques et à domicile ont été déployés. Pour autant, l’offre reste inégale et disparate, et les interventions encore trop centrées sur la crise. Pour faire face à ces enjeux, le gouvernement a recruté début 2018 une coordonnatrice dont le rôle consiste notamment à construire un réseau, un parcours d’accompagnement et un guide des meilleures pratiques. Rencontres plénières, ateliers en équipes restreintes et formations sont ainsi organisés pour faciliter une approche commune de la santé mentale.

20 % des enfants et adolescents touchés
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 20 % des enfants et des adolescents dans le monde présentent des troubles de santé mentale 
et 2/3 des personnes atteintes ne vont pas chercher 
l’aide dont elles auraient besoin. D’après l’étude « Prévention des maladies psychiatriques, pour en finir avec le retard français » de l’Institut Montaigne, 2 Français sur 5 associent la santé mentale à la folie, et 3 personnes sur 4 pensent que les personnes atteintes de troubles de santé mentale peuvent 
représenter un danger pour elles-mêmes ou pour les autres. 


 

 

 

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