Des Assises pour une politique culturelle partagée

Représentants des collectivités, d’associations, d’établissements publics culturels*, coutumiers, artistes professionnels ou amateurs… Les Assises de la culture ont mobilisé une centaine de personnes, au centre culturel Tjibaou, pendant trois journées placées sous le signe de la concertation et de l’échange. « Ces Assises sont une bonne opportunité pour faire une évaluation (…) et réfléchir aux enjeux d’une véritable politique culturelle pays pour les années à venir », a déclaré Valentine Eurisouké, membre du gouvernement, lors de l’ouverture le 27 mars. Accès plus équitable aux activités culturelles, meilleure préservation du patrimoine historique et archéologique, développement de l’éducation artistique, amélioration des conditions de création et de diffusion pour les artistes… Le secteur a connu de belles avancées durant ces dernières décennies. « Les établissements publics ont su, malgré les difficultés budgétaires rencontrées, maintenir leurs activités au bénéfice des populations, a également souligné Valentine Eurisouké. Toutefois, de grands progrès restent à réaliser comme davantage d’innovation, de transversalité et de cohérence dans les dispositifs de soutien et la législation. Ces constats ressortent des rencontres qui ont fédéré un grand nombre de personnes avant la tenue des Assises ».

Huit thèmes de réflexion

En effet, depuis fin 2018, plusieurs consultations sous forme d’ateliers ont été orchestrées dans les trois provinces par la direction de la Culture, de la condition féminine et de la citoyenneté (DCCFC) du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie (lire aussi l’encadré). « Plus d’un millier de personnes ont été consultées dans ce cadre », a rappelé Astrid Gopoea, cheffe de cabinet de Déwé Gorodey, membre du gouvernement en charge de la culture qui est à l’initiative de cet événement. Les attentes exprimées ont permis d’établir les huit thématiques de réflexion au programme des Assises. Parmi les sujets, figuraient par exemple la place transversale de la culture, la cohérence et l’impact des dispositifs de soutien aux arts et à la culture, les lois et mesures du pays ou encore l’élaboration d’un calendrier culturel partagé. Trois grands témoins ont été également invités à donner leur regard et leur analyse sur les travaux des Assises de la culture : Billy Wapotro, ancien directeur de l’Alliance scolaire de l’église évangélique, Christiane Terrier, historienne, et Patrice Godin, anthropologue. 

Premières préconisations

À l’issue de trois journées de débats nourris, les pilotes des Assises ont rendu compte des premières préconisations qui ont émergé. Certaines sont de nature stratégique : changer de modèles, développer les échanges culturels et le rayonnement régional de la Nouvelle-Calédonie, donner une place forte à la culture dans toute les politiques publiques... D’autres, plus structurelles, ont suscité de véritables pistes d’actions. Ainsi, la création d’un guichet unique a été souvent proposée pour accompagner les artistes dans le développement et la diffusion de leurs projets, et donner plus de visibilité au secteur culturel et à ses acteurs. La mise en place de mesures fiscales pour l’alimentation d’un fonds de soutien à la création et à la diffusion culturelle, l’extension du dispositif du "1 % artistique" dans la commande publique, l’ouverture d’une école d’art au niveau du territoire ont été aussi évoqués.

 « Ces Assises sont le début de quelque chose, a conclu Astrid Gopoea. Elles ont donné l’occasion de planter une bouture de parole que nous devons faire grandir. Ces travaux vont permettre d’élaborer un plan stratégique culturel pour le pays ».

* Académie des langues kanak, bibliothèque Bernheim, centre culturel Tjibaou, conservatoire de musique et de danse.

Valentine Eurisouké a ouvert les Assises le 27 mars aux côtés d’Emmanuel Tjibaou, directeur du centre culturel Tjibaou.

Patrice Godin, Billy Wapotro et Christiane Terrier (de g. à d.), les trois grands témoins invités à participer aux Assises de la culture.