La cigarette fait de moins en moins un tabac

La cigarette fait de moins en moins un tabac

31 mai 2018

Santé et social

Le tabac est le premier produit susceptible de faire entrer, très jeune, dans une addiction.

Le tabac est le premier produit susceptible de faire entrer, très jeune, dans une addiction.

La consommation de tabac continue de baisser en Nouvelle-Calédonie. De 400 tonnes en 2013 à 345 t en 2017, et environ 310 t en 2018. Une bonne nouvelle due aux augmentations de prix successives, ainsi qu’au travail de prévention et de sensibilisation mené par l’Agence sanitaire et sociale. Mais le plan Do Kamo prévoit d’aller encore plus loin…

Validé par le gouvernement, le rapport de gestion 2017 du service de la régie locale des tabacs indique clairement une baisse continue des ventes de tabac en Nouvelle-Calédonie depuis cinq ans : 402 tonnes en 2013… 385 t en 2015… 345 t en 2017. Avec un léger bémol sur le tabac à rouler, plus nocif que les cigarettes, à teneur égale en nicotine et goudron, en très légère augmentation ces dernières années.

Chiffre encore plus frais, de mars 2017 à mars 2018 les ventes de tabac ont reculé de 16,72 %. Une tendance qui se vérifie sur tous les produits : - 5,81 % pour le tabac à rouler ;
- 28,6 % pour les cigarettes européennes ;
- 18,46 % pour les autres cigarettes ; - 22,18 % pour les cigares. « Même si on reste à des niveaux de consommation élevés, on ne peut que se satisfaire de cette baisse – la première qui s’inscrit dans la durée – vu les dégâts engendrés par le tabac en Nouvelle-Calédonie : 200 personnes tuées chaque année », note Patrice Hoarau, responsable du programme de prévention en addictologie à l’Agence sanitaire et sociale (ASS-NC).

Coup de massue en janvier

La dernière augmentation en date, en janvier 2018, a fait très mal : + 20 % pour le paquet de 25 cigarettes et + 40 % pour le paquet de tabac à rouler de 35 g ! Un coup de massue qui a engendré une baisse des ventes, sur trois mois, de 16 %. Depuis mars 2008, et à l’issue d’une dizaine d’augmentations, le prix du paquet de tabac à rouler a ainsi été multiplié par 3,3 (!), de 550 F à 1 830 F en janvier 2018. Sur la même période, celui du paquet de 25 cigarettes était multiplié par 2,2, de 725 F à 1 615 F. « On voit bien que la fiscalité appliquée sur le tabac afin de réduire sa consommation est une réussite, puisque, au fil des ans, de moins en moins de Calédoniens fument », se réjouit Nicolas Metzdorf, porte-parole du gouvernement.

 

La cigarette fait de moins en moins un tabac

 

Si le prix a un impact évident sur les habitudes de consommation, la prévention, notamment celle menée par l’ASS-NC, explique également ce recul. Tous les jours, une équipe intervient dans les collèges et lycées pour sensibiliser à toutes les addictions. « Environ 8 000 scolaires sont touchés chaque année », indique Patrice Hoarau. Plusieurs actions sont déployées, parmi lesquelles du “théâtre-forum” qui présente aux jeunes des stratégies d’évitement à travers des mises en situation sur des problématiques d’addiction.

Un rendement d’environ 15 milliards

Autres contributions, les consultations individuelles organisées par Déclic, l’un des dispositifs de l’agence, l’écoute et les traitements proposés par son centre de soins en addictologie, les campagnes et des distributions d’affiches dans tout le pays (comme ces jours-ci à La Foa, Bourail, Koné, Poindimié et Houaïlou) qui insistent sur le coût du tabac pour le portefeuille (350 000 F par an pour une consommation moyenne de 15 cigarettes par jour). Sans oublier le travail en réseau conduit par l’ASS-NC auprès des infirmiers et médecins des centre médico-sociaux.

Cette année, la baisse de la consommation devrait se poursuivre, avec un volume estimé à 310 t en 2018. En parallèle, le chiffre d’affaires de la régie des tabacs confirme une descente amorcée en 2016, de 15 milliards de francs à 14,3 milliards en 2017 (- 4,6 %). Sur ce montant, 7,8 milliards sont affectés au budget de la Nouvelle-Calédonie et 6,4 milliards reversés à l’ASS-NC, au titre de la TAT3S (taxe sur les alcools et les tabacs en faveur du secteur sanitaire et social). En raison de l’augmentation de janvier dernier, les ventes 2018 (310 t donc) devraient générer un rendement supérieur à celui de 2017, avec 8,1 milliards de revenus affectés à la Nouvelle-Calédonie et 7,3 milliards à l’ASS-NC. Une autre bonne nouvelle, en ces temps délicats.

D’autres pistes explorées

Aujourd’hui, d’autres pistes s’offrent à l’exploration, afin de porter un coup décisif au tabac : de nouvelles hausses drastiques à l’instar de l’Australie, le paquet neutre (même couleur olivâtre pour toutes les marques, photos choc et avertissements en lettres capitales) qui pour l’heure se heurte en Calédonie à des problèmes techniques, le tabac caché de la vue du consommateur dans les rayons, ou encore la réduction du nombre de lieux où il est autorisé de fumer. « Augmenter les taxes, c’est bien, mais cela ne suffit pas, affirme Claude Gambey, chef de projet Do Kamo. Nous travaillons sur un outil pédagogique avec les enseignants concernant le renforcement de l’estime de soi et le développement de l’esprit critique chez chaque jeune, ainsi que sur l’accompagnement, gratuit, au sevrage, notamment pour les femmes enceintes ».

 

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Pas de tabac ce jeudi

Chaque année, le 31 mai, l'OMS et ses partenaires marquent la Journée mondiale sans tabac, en soulignant les risques sanitaires et autres risques associés au tabagisme et en plaidant en faveur de politiques efficaces pour réduire la consommation. L’édition 2018 a pour thème le tabac et les cardiopathies. Avec une campagne de sensibilisation qui pointe notamment le lien entre le tabac et les cardiopathies et autres maladies cardiovasculaires, y compris les accidents vasculaires cérébraux, qui constituent la principale cause de décès dans le monde. En Nouvelle-Calédonie, rien d’organisé collectivement mais quelques initiatives ici et là : à l’IFAP, à l’IFPSS, au collège de Koumac…

1 million de fumeurs en moins en France

En France, le nombre de fumeurs a enregistré une baisse d’un million en un an. En 2017, 26,9 % des 18-75 ans fumaient chaque jour, contre 29,4 % un an auparavant. La ministre de la Santé Agnès Buzyn travaille à un passage du paquet à 10 € d'ici novembre 2020, par le biais de plusieurs augmentations successives. Outre la question du prix, le remboursement des traitements anti-tabac comme n'importe quel médicament, mis en œuvre dans le cadre du volet prévention de la stratégie santé du gouvernement, explique en partie la baisse du nombre de fumeurs. Cette prise en charge va remplacer le forfait de 150 € par an qui couvrait jusque-là les substituts nicotiniques (patchs, gommes, pastilles...) prescrits sur ordonnance. Enfin, le paquet neutre porte lui aussi ses fruits. En France, le tabac tue chaque jour 200 personnes.

 

 

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