Un projet pour réveiller les mémoires

Le projet « Mémoire des anciens » est destiné aux adolescents de 13 à 16 ans placés sur décision judiciaire, au titre de la protection de l’enfance ou de l’enfance délinquante, au foyer d’action éducative de Nouville (FAEN). Il va notamment consister en la rénovation de monuments aux morts à travers le pays pendant les vacances scolaires. « Nous accueillons des jeunes en souffrance, qui ne connaissent pas leur histoire, ni celle de la Nouvelle-Calédonie, ce qui peut entraîner des comportements de rébellion, a signalé Hélène Kalato, l’une des éducatrices du foyer. L’objectif de ce projet est de les aider à s’approprier cette histoire et ainsi de travailler sur la construction de leur identité ».

Réhabilitation et archives

Afin d’amorcer le sujet, les jeunes ont visité le musée de la Seconde guerre mondiale. Objectif ? Se familiariser avec l’histoire de la Nouvelle-Calédonie et son implication aux côtés de la France dans les grands conflits mondiaux : les deux guerres mondiales, l’Indochine, l’Algérie, etc. Le 2 juin, un groupe de six jeunes et les trois éducateurs qui les encadrent vont commencer leur tour de la Calédonie, qui passera par dix-huit communes, au monument de Dumbéa Nord (lire l’encadré). « Ils feront à chaque fois un travail de remise au propre avec du nettoyage, de la peinture… Il y aura aussi un travail d’identification autour des tombes des soldats. Certains noms vont leur parler, peut-être des membres de leur famille. Ils mèneront des recherches aux archives sur ces personnes en vue d’élaborer un recueil », a détaillé Jean-Baptise Talalua, un autre éducateur du FAEN à l’initiative du projet. Les différentes étapes seront aussi l’occasion d’échanger avec des anciens combattants et pour certains jeunes, « de renouer avec la vie en tribu lorsque nous serons hébergés dans les maisons communes », a ajouté Murielle Kahnyapa, la troisième éducatrice.

Devoir de mémoire

« C’est le devoir de la Nouvelle-Calédonie d’accompagner les jeunes sur les chemins de la mémoire de leur pays, a salué Didier Poidyaliwane. Souvent ces personnes sont tombées dans les oubliettes quand elles sont rentrées au pays, même dans les familles qui comptent des anciens combattants. Cela va être un travail très intéressant pour les jeunes suivis dans le cadre de la protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse », a souligné le membre du gouvernement en charge de ce secteur. Pour Laurène*, qui fait partie de l’aventure, cette expérience va être l’occasion de « s’enrichir », tandis que Jean-Claude* mise sur « les rencontres et les échanges ».

Partenariat

« Les projets à vocation culturelle et historique font partie de nos actions régulières, a précisé Karen Vernière, chef de service du FAEN. "Mémoire des anciens" est basé sur un partenariat solide, notamment avec l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC-VG) ». Parmi les autres partenaires figurent les communes propriétaires des monuments restaurés, le Haut-commissariat ou encore le vice-rectorat. Leurs représentants sont d’ailleurs venus nombreux à la Maison des anciens combattants pour assister au lancement de cette opération au profit de la collectivité qui doit contribuer à l’insertion sociale de ces jeunes.

* Prénoms d’emprunt