La renaissance par le graff

La renaissance par le graff

23 septembre 2020

Jeunesse et sports Culture Sécurité et prévention

Dans le cadre d’un chantier éducatif, une baleine a été peinte sous l’échangeur de Koutio par des graffeurs professionnels, assistés par des jeunes de la DPJEJ.

Dans le cadre d’un chantier éducatif, une baleine a été peinte sous l’échangeur de Koutio par des graffeurs professionnels, assistés par des jeunes de la DPJEJ.

Une fresque réalisée par des jeunes suivis dans le cadre de la protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse orne désormais le pont de Koutio. Ce chantier, à l’initiative du gouvernement, vise à valoriser les talents de ce pan de la jeunesse en mal d’estime de soi, au bénéfice de la population.

Après la réhabilitation des murs du Musée de Nouvelle-Calédonie et la réalisation d’une fresque au marché de gros de Ducos, le gouvernement a lancé un nouveau chantier éducatif de grande ampleur, orchestré par sa direction de la Protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse (DPJEJ). Baptisé « Renaissance », ce projet, qui a débuté le 3 septembre, a mobilisé une douzaine de jeunes et leurs éducateurs sur six journées. Âgés de 14 à 18 ans, ils sont suivis par la DPJEJ dans le cadre de mesures judiciaires ou du dispositif de prévention de la déscolarisation. Leur travail a permis d’embellir l’une des piles du pont de Koutio, lieu de passage obligé sur la voie rapide de quelque 50 à 55 000 véhicules par jour. Ainsi, le chantier a été mené en partenariat avec la commune de Dumbéa et la province Sud à qui appartient l’ouvrage.  

Nettoyage avec les sapeurs-pompiers

« En l’absence d’arrivée d’eau sur le site, la Ville de Dumbéa a mis à disposition ses sapeurs-pompiers pour effectuer le nettoyage des 110 m2 de mur à l’aide de leur lance à incendie, explique Frédéric Thomas-Dumont, chef du service éducatif à la DPJEJ qui a piloté le chantier. Les jeunes ont pu assister à l’opération et se sont montrés très intéressés par les véhicules et le matériel. C’était l’occasion pour eux de mieux appréhender le rôle de ces personnes en uniforme et leur utilité ! ». Après cette première étape, ils ont entièrement repeint le mur, encadrés par deux éducateurs, en utilisant un produit adapté sur les conseils de la province Sud. « Tous ont vraiment pris le projet à bras-le-corps, signale le chef de service. Nous n’avons rencontré aucun souci ».

Valorisation par le travail

Place ensuite au cœur du projet : la réalisation de la fresque « avec quatre jours de graff pur », lance Laurent Mercier, éducateur des activités de jour de la DPJEJ. Accompagnés par le collectif d’artistes ATM Crew, les apprentis-graffeurs ont vu « avec émerveillement et enthousiasme, une baleine prendre vie. Ils ont vraiment été impressionnés par ce qu’on peut faire avec une bombe de peinture et par le travail d’artiste. Pendant les temps de pause, les échanges se poursuivaient avec les graffeurs ». Action préventive ou réparatrice, les chantiers éducatifs sont à fort enjeu pour la DPJEJ : « Il s’agit de montrer à ces jeunes qu’ils peuvent faire des choses positives. La transmission de connaissances et l’échange avec les intervenants permettent de travailler sur la projection d’un parcours et sur l’estime de soi, mais aussi de valoriser la notion "d’être capable de" », indique Frédéric Thomas-Dumont. « C’est vraiment le rôle que nous souhaitons donner à la DPJEJ, souligne Didier Poidyaliwane, membre du gouvernement en charge de la protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse. Accompagner les jeunes sur une autre voie en allant chercher les pépites qu’ils recèlent. » Le projet Renaissance doit être reconduit durant le premier semestre 2021 avec une nouvelle thématique.

Un motif à la symbolique forte

Ce chantier a été mené par la DPJEJ en lien avec les services de la culture et des affaires coutumières de la Nouvelle-Calédonie. Pour Didier Poidyaliwane, en charge de ces trois secteurs au gouvernement, « ce travail en cohésion apporte aux jeunes une autre vision que celle des personnes qui les suivent dans leur parcours judiciaire. Beaucoup d’entre eux sont en perte de repères d’où l’importance notamment de la présence des instances coutumières dans la démarche pour les reconnecter avec leur culture d’origine ». Ainsi, l’espèce représentée sur la fresque a, elle aussi, été choisie en concertation. Dans la culture kanak, l’arrivée des baleines symbolise le commencement du calendrier de l’igname, lien entre l’homme et la mer. Des éléments de connaissance qui ont été transmis aux jeunes pendant le chantier.    

 

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