« Le fil d’Ariane des trois prochaines années »
Le président du gouvernement Louis Mapou a prononcé le 25 novembre, devant les élus du Congrès, la déclaration de politique générale du 17e gouvernement. Une feuille de route articulée autour de six défis, avec comme « colonne vertébrale, le lien d’appartenance à cette terre de Nouvelle-Calédonie ».
Louis Mapou l’a annoncé d’emblée : « Je me présente devant vous (…) à un moment très particulier de notre histoire » en évoquant la crise sanitaire et la troisième consultation référendaire toute proche. Quatre mois après l’installation du 17e gouvernement, le président a donné le cap de cette mandature : « Nous voulons que cette déclaration soit le fil d’Ariane des trois prochaines années, qui empêche de rompre le service que nous devons à notre peuple ». Six défis sont lancés à l’exécutif dont les actions auront pour « poteau central » l’appartenance à la Nouvelle-Calédonie, « dans un pays où l’objectif de construire une communauté de destin attend encore ».
Réduire les inégalités
C’est tout naturellement que les deux premiers grands défis concernent la société calédonienne. Ainsi, la lutte contre les inégalités sera « la Grande cause de ce gouvernement, et chaque action engagée, quel que soit le domaine, devra contribuer à leur réduction ». Des Assises sur les inégalités sociales devraient se tenir en 2022. En vue de « promouvoir une meilleure cohésion sociale », le président du gouvernement a par exemple réaffirmé le rôle de l’école, « dans sa mission d’ascenseur social et d’apprentissage de la citoyenneté » avec un travail urgent sur le décrochage scolaire, la santé à l’école et la gouvernance.
Autre défi d’envergure, « passer de la diversité et de la pluri-culturalité au pays » afin « d’accompagner le processus d’appropriation historique et identitaire engagé en valorisant la contribution de toutes les communautés à l’histoire, à l’identité et à la culture ». La création, dès 2022, d’un rendez-vous annuel de toutes les cultures du pays, l’élaboration d’un socle des valeurs communes ou encore une grande consultation sur le foncier font partie des mesures pour atteindre cet objectif
De la jeunesse à nos aînés
Le discours de politique générale du 17e gouvernement ne laisse aucun pan de la société de côté, à commencer par la jeunesse, et prend en compte toutes les étapes de vie des Calédoniens. Dans le domaine de l’emploi, un focus est marqué sur la formation des cadres, dont la faiblesse a été révélée par la crise sanitaire. Louis Mapou a ainsi annoncé « qu’un travail de fond va être engagé par le gouvernement pour déterminer les besoins en cadres calédoniens dans chaque secteur stratégique et organiser le dispositif de formation adéquat qui peut s’appuyer sur le programme Cadres Avenir et le dispositif de bourses de la Nouvelle-Calédonie ».
Une attention particulière est portée à nos aînés avec l’ambition « de faire du vieillissement un vrai challenge de société, une opportunité de croissance économique et de création d’emplois avec la "Silver Economy" ou "Économie des seniors", qui va concerner tous les secteurs, des loisirs aux transports ».
La gestion des urgences
L’exécutif envisage un plan en trois volets sur les trois années à venir : répondre aux urgences, relancer le pays et promouvoir les prémices d’un nouveau modèle de développement. « Je voudrais confirmer que l’année 2022 sera difficile car il faudra encaisser le contrecoup de la crise et prendre les mesures nécessaires pour rebondir en 2023 », a poursuivi le président du gouvernement. Pour relever ce nouveau défi, un plan d’urgence a été dressé. La réforme du Ruamm – en suivant les préconisations de l’Inspection générale des affaires sanitaires et du plan Do Kamo –, la recherche de nouvelles ressources fiscales et une réforme de fond de la fiscalité en sont notamment les piliers. Ces évolutions seront présentées en janvier prochain lors du débat d’orientation budgétaire au Congrès de la Nouvelle-Calédonie, tandis que le budget prévisionnel 2022 devrait être examiné en février.
Transition économique et écologique
« Après ces deux années de crise sanitaire, le modèle économique de la Nouvelle-Calédonie, qui était déjà dans un état critique, est à bout de souffle ». Cette réforme du modèle économique reposera d’abord sur un plan de relance des secteurs "traditionnels" comme le tourisme ou le nickel ; Mais aussi sur le développement des économies verte, bleue et des énergies renouvelables, sur une politique de grands travaux et enfin sur la diversification des filières économiques. Dans cette transition économique et écologique, la Nouvelle-Calédonie s’appuiera notamment sur le « Parc naturel de la mer de Corail comme étendard en matière de biodiversité ». Le gouvernement établira également « un plan d’adaptation au changement climatique de la Nouvelle-Calédonie à l’horizon 2030 » et prendra en charge « l’urgence climatique proclamée par le Congrès en 2019 ».
Proximité et ouverture sur le monde
Le cinquième défi qui s’impose au 17e gouvernement est « d’optimiser l’action gouvernementale et d’améliorer la proximité des services ». Cette mission incombe à l’administration de la Nouvelle-Calédonie que Louis Mapou entend rationaliser et moderniser avec des projets de fusions et la création d’une inspection générale des services. Les relations avec les autres collectivités seront également revues.
Cette nouvelle feuille de route entend développer encore davantage l’intégration de la Nouvelle-Calédonie dans la région Pacifique, mais aussi renforcer les liens avec l’Europe et les institutions internationales. « Nous proposerons au Congrès de la Nouvelle-Calédonie une politique extérieure pour la Nouvelle-Calédonie afin que le pays franchisse une nouvelle étape », a annoncé Louis Mapou.
À l’issue de près de deux heures de déclaration, le président du gouvernement a conclu sur la prochaine consultation en évoquant l’après et « la construction de la case de cette nouvelle Nouvelle-Calédonie (…) dans laquelle nous pourrons habiter, vivre et travailler en confiance, et que nous pourrons transmettre à nos enfants ».
Leçons de crise
L’ombre de la crise sanitaire, qui « nous a rappelés à l’humilité et l’abnégation devant la force de la nature », a plané tout au long de la déclaration de politique générale. Dès l’introduction, par un hommage : « Au nom du gouvernement collégial, nos pensées vont vers celles et ceux qui ont été touchés par la maladie ainsi qu’à leurs proches ». Puis des remerciements « à nos médecins, infirmiers, aides-soignants, agents administratifs et bénévoles qui se sont battus sans relâche pour sauver des vies et protéger les plus vulnérables ». Mais aussi aux élus, aux administrations, aux représentants des diverses institutions et de la société civile, au groupe d’experts. Sans oublier l’État, « pour son soutien et l’appui de l’armée, des soignants de la solidarité nationale et de la réserve sanitaire ». Cette crise nous invite à prendre « le tournant de la prévention avec rigueur » qui fera l’objet d’un programme présenté au Congrès, tandis que sont aussi envisagés « un plan d’urgence de développement des compétences sanitaires locales sur trois ans et la création d’une réserve sanitaire calédonienne ».
Engagement pour la cause féminine
En cette Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, le président du gouvernement n’a pas manqué de revenir à plusieurs reprises sur « cette cause, loin d’être portée à sa juste valeur, au regard de ce que la femme représente dans notre société et de la fonction sociale qu’elle occupe, notamment dans la société kanak ».
Une attention majeure continuera d’être portée à la lutte contre ces violences, dans la lignée du Grenelle contre les violences conjugales, réuni en novembre 2019 et de la charte d’engagement signée à cette occasion. La promotion de l’égalité des genres et de l’égalité professionnelle sera également très présente dans les actions du 17e gouvernement.