Une appli calédonienne au secours des victimes

Une appli calédonienne au secours des victimes

25 novembre 2021

Société Sécurité et prévention

Steve Corroyer et Daphné Bailly, les concepteurs de l’appli mobile Dignity.

Steve Corroyer et Daphné Bailly, les concepteurs de l’appli mobile Dignity.

À la veille de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, l’application calédonienne de lancement d’alerte Dignity a été officiellement dévoilée, en présence notamment de la vice-présidente du gouvernement Isabelle Champmoreau. Cet outil innovant a été financé par la société Le Nickel (SLN).

« Alerte, je suis en danger ! » Conçue en Nouvelle-Calédonie par deux jeunes créateurs, l’appli mobile Dignity permet d’envoyer un message, téléphonique et SMS, avec la position GPS de l’appelant (si le paramètre est activé), à au moins deux contacts préenregistrés. Dans tous les cas, cet appel à l’aide est transmis à la plateforme SOS Écoute, via le SMS de signalement, 500 067, lancé par le gouvernement pendant le premier confinement et pris totalement en charge par l’OPT. Ce numéro d’urgence déclenche immédiatement une intervention des forces de l’ordre. Disponible gratuitement pour tout type de smartphones, l’application Dignity est un concentré de bonnes idées. « L’alerte peut être lancée discrètement, sans déverrouiller son téléphone, en appuyant plusieurs fois sur le bouton marche/arrêt, explique Steve Corroyer, l’un des porteurs de projet. Sur certains téléphones, l’appli peut être complètement masquée. Il est aussi possible de changer son logo et son nom ». Véritable innovation par rapport à des outils similaires, le message peut être « envoyé à toute personne sans qu’elle n’ait elle-même téléchargé l’application ». Enfin, à chaque lancement d’alerte, un enregistrement audio de 3 minutes de l’environnement de la victime est réalisé et sauvegardé sur son téléphone.

Initiative citoyenne et partenariat

L’idée de Dignity est née en mars 2020 alors que le territoire était confiné. « Je suis souvent confrontée à des femmes victimes de violences dans mon activité professionnelle, explique Daphné Bailly, kinésithérapeute. Le confinement m’a laissée du temps pour imaginer cet outil afin d’aider les familles et la Nouvelle-Calédonie ». Steve ajoute : « Nous souhaitions proposer une application concrète et opérationnelle sur le terrain ». Intéressée par cette initiative dans la lignée du Grenelle contre les violences conjugales de 2019, Isabelle Champmoreau met alors en relation les porteurs de projet avec la SLN, mobilisée pour l’élimination des violences faites aux femmes et l’égalité des genres. « Nous nous efforçons d’accentuer le partenariat entre le monde économique, les institutions et les associations car sur cette problématique, il est indispensable de fédérer les actions de chacun. Le projet Dignity s’inscrit dans cette démarche, rappelle Isabelle Champmoreau, vice-présidente du gouvernement chargée de la lutte contre les violences conjugales. C’est aussi une des raisons pour lesquelles il me semblait opportun d’y intégrer notre SMS de signalement d’urgence dont nous avons confié la gestion à SOS Écoute ». Pour Dominique Solia, coordinatrice de la plateforme téléphonique, cette initiative citoyenne est la preuve « que l’on peut être soi-même acteur et s’impliquer face aux violences ».

 

Dominique Solia, Isabelle Champmoreau, Laurent Fogliani (SLN) et les créateurs de Dignity.

Dominique Solia, Isabelle Champmoreau, Laurent Fogliani (SLN) et les créateurs de Dignity.

 

Évolution

La SLN a ainsi pris en charge le coût total du développement de l’application qui « répond à la fois à une problématique nationale, préoccupante dans notre société calédonienne, tout en s'inscrivant directement dans l'un des trois piliers de notre politique de Responsabilité Sociétale d'Entreprise (RSE) que sont la jeunesse, la femme et l'eau ». L’entreprise s’est également engagée à financer sa maintenance sur une durée d’un an. Une bonne nouvelle pour l’évolution du dispositif qui centralise par ailleurs les aides et contacts utiles, consultables même hors ligne, en complément du site d’information violences-conjugales.gouv.nc et de l’outil cartographique Cavad.nc, développés par le gouvernement. Constitués en association, les porteurs de projet ne manquent pas d’idées pour améliorer leur outil, en le connectant par exemple avec des objets connectés pour venir en aide aux seniors ou aux personnes en situation de handicap. « Je souhaiterais féliciter nos jeunes entrepreneurs qui ont développé un outil spécifique au territoire et innovant », a salué Isabelle Champmoreau.

 

Isabelle Champmoreau a rappelé que les déclarations de violences conjugales sont  5 à 6 fois supérieures en Nouvelle-Calédonie par rapport au sol national.

Isabelle Champmoreau a rappelé que les déclarations de violences conjugales sont 5 à 6 fois supérieures en Nouvelle-Calédonie par rapport au sol national.

 

Comment télécharger l'application ?

L’application est disponible sur le site internet de l’association Dignity : www.dignity-asso.com. Il sera possible de la télécharger sur le Play-Store dans les prochains jours, toujours sous le nom « Dignity », puis dans l'Apple store un peu plus tard.

 

Zoom sur l’application « Flag »

Le gouvernement, est également investi dans la lutte contre les violences et les discriminations LGBTIphobes*. À ce titre, il soutient l’application de signalement « Flag - En lieu sûr », lancée elle aussi cette semaine en Nouvelle-Calédonie. Ce dispositif offre un partenariat original et gratuit entre des services publics (bibliothèque, piscine, maison des associations, mairie, etc.), le monde économique (magasins, entreprises, cabinets médicaux, etc.), les locaux associatifs et les écoles permettant aux personnes en danger de trouver un endroit sûr pour se protéger, avant d’être en mesure d’appeler les secours.

L'appli permet aussi de signaler un acte LGBTIphobe, que l’on soit témoin ou victime, et de repérer les sites « en lieu sûr » sur la carte de Nouvelle-Calédonie.

 

* LGBTI : sigle anglophone pour désigner les personnes homosexuelles, bisexuelles, transgenres ou intersexes.

 

Sur le même sujet

Liens utiles