L’UMJP : un outil attendu pour un meilleur accompagnement des victimes de violences

L’UMJP : un outil attendu pour un meilleur accompagnement des victimes de violences

25 avril 2025

Santé et social Société

Si l’inauguration de l’UMJP a eu lieu ce jeudi 24 avril, l’unité est en activité depuis le 9 septembre 2024.

Si l’inauguration de l’UMJP a eu lieu ce jeudi 24 avril, l’unité est en activité depuis le 9 septembre 2024.

Isabelle Champmoreau, membre du gouvernement chargée des sujets liés à la lutte contre les violences intrafamiliales et à l’égalité entre les femmes et les hommes et Claude Gambey, membre du gouvernement chargé de la santé, ont assisté jeudi 24 avril à l’inauguration officielle de l’unité médico-judiciaire de proximité (UMJP). Installée au sein du Médipôle, l’UMJP incarne une nouvelle étape dans l’accompagnement des victimes de violences en Nouvelle-Calédonie.

Une structure au service d’une justice de proximité

Projet initié de longue date, l’installation de l’UMJP au Médipôle constitue une avancée majeure pour les victimes, comme pour les professionnels du soin et de la justice. « C’est un sujet qui avait été abordé dans le cadre de la feuille de route du Grenelle contre les violences conjugales, a indiqué Isabelle Champmoreau. Il était important pour tous les acteurs impliqués que soit créé ce lieu unique de prise en charge, dont la Nouvelle-Calédonie est le dernier territoire de la République à être doté ».

L’UMJP, en activité depuis le 9 septembre 2024, permet de structurer le dispositif de médecine légale en un même lieu afin de faciliter le parcours des victimes de violences et d’assurer leur prise en charge par une équipe pluridisciplinaire. Elle regroupe en un seul lieu :

  • Des médecins légistes ;
  • Une infirmière ;
  • Un psychologue ;
  • Une assistante médico-administrative ;
  • Un cadre de santé.

Grâce à cette unité intégrée, les victimes bénéficient d’une prise en charge coordonnée, confidentielle et sécurisée, de l’examen médico-légal jusqu’à l’orientation vers les dispositifs d’aide existants (dispositif d’accueil des victimes, associations, partenaires de soins). « Nous bénéficions maintenant d’une forme de guichet unique qui est en capacité de prendre en charge les victimes dans le processus judiciaire, de la phase de l’enquête à celle du jugement, pour évaluer l’ensemble de leurs préjudices », a ajouté le procureur de la République Yves Dupas.

Les missions de l’UMJP

Sur réquisition de justice, l’unité peut procéder à :

  • l’examen d’une victime avec détermination d’une incapacité totale de travail (ITT), une valeur juridique qui évalue les conséquences des violences sur la vie quotidienne (sans lien avec l’activité professionnelle) ;
  • l’examen d’une victime de violences sexuelles ;
  • la compatibilité lors d’une garde à vue ;
  • la détermination d’ITT pendant une garde à vue ;
  • des prélèvements (toxico, alcool, etc.) ;
  • la prise charge du retentissement psychologique ;
  • un examen externe de corps ;
  • une levée de corps ;
  • une autopsie.

« Le service est calqué sur ce qui se fait dans l’Hexagone et dans les autres Outre-mer. Il permet une prise en charge optimisée des victimes, des gardés à vues et des corps, a précisé le docteur Céline Paret, médecin légiste responsable de l’unité. Nous avons tout l’hôpital avec nous et avons créé des protocoles avec l’ensemble des services du Médipôle en cas de besoins particuliers ».

Un lieu adapté à des situations difficiles

L’UMJP a été pensée pour accueillir, notamment les victimes, dans les meilleures conditions. Ainsi, son entrée donne directement sur un secrétariat permettant un accueil systématique par le personnel, avec une portée réservée aux gardés à vue. Une salle d’attente a été aménagée spécialement pour les mineurs et une salle d’audition « Amélie » (espace réservé à l’audition des jeunes mineurs victimes d’agressions sexuelles) est également disponible. « Il est primordial de mettre les victimes en confiance afin de recueillir le maximum d’éléments pour orienter nos examens, nourrir nos certificats et faire en sorte que la justice soit rendue correctement », a expliqué le docteur Céline Paret.

Une attention particulière est portée aux victimes qui représentent la majeure partie des personnes passant la porte de l’UMJP. «  Nous traitons beaucoup de violences intrafamiliales, que ce soit des violences conjugales, de la maltraitance, ou des violences sexuelles. La majorité de nos victimes sont des femmes et des mineurs », a confié la responsable de l’unité.

« Les chiffres des violences à l’encontre des mineurs notamment sont inquiétants et nous les surveillons de près parce que l’on sait que, dans le contexte actuel avec beaucoup plus de situations sociales délicates et de précarité, se créé un terreau favorable pour certaines violences, dont celles qui se passent au sein de la famille », a assuré Isabelle Champmoreau.

Un financement partagé

Le financement de l’investissement pour la création de l’UMJP, à hauteur de 300 millions de francs (204 millions de francs pour l’État et 96 millions de francs pour le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie), entre dans le cadre du contrat de développement État – Nouvelle-Calédonie 2024-2027. Ces fonds étaient destinés à l’aménagement des locaux et à l’équipement de l’unité.

Le financement du fonctionnement de l’unité, à hauteur de 120 millions de francs par an,  est porté par le ministère de la Justice, qui assure la prise en charge du fonctionnement courant de l’UMJP (personnel, frais liés aux expertises, matériel dédié).

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