Campus N : construire les filières de formation numérique de la Nouvelle-Calédonie de demain

Campus N : construire les filières de formation numérique de la Nouvelle-Calédonie de demain

21 novembre 2025

Numérique Éducation et formation

La présentation du projet Campus N s'est déroulée à la Station N.

La présentation du projet Campus N s'est déroulée à la Station N.

Christopher Gygès, membre du gouvernement chargé de l’économie et du numérique a présenté ce 20 novembre, le projet Campus N, en présence des membres du gouvernement Naïa Wateou, chargée du travail, de l’emploi et de la fonction publique et Samuel Hnepeune, chargé de la formation professionnelle, ainsi que du consortium du Campus N. S’inscrivant dans le programme France 2030, il a pour ambition de développer massivement et de coordonner la formation au numérique pour augmenter le nombre de professionnels qualifiés en Nouvelle-Calédonie.

Afin de répondre à une tension sur les métiers du numérique et dans l’optique de soutenir la stratégie de reconstruction et de refondation de la Nouvelle-Calédonie, le gouvernement, en partenariat avec un consortium composé de l’Université de la Nouvelle-Calédonie (UNC), du Vice-rectorat, de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) et du Fonds interprofessionnel d’assurance formation (FIAF), lance le projet Campus N. D’un coût total de 356 800 000 francs (2,99 millions d’euros), ce projet est financé à hauteur d’environ 238 000 000 de francs (2 millions d’euros) dans le cadre du programme France 2030.

Christopher Gygès est revenu sur l’origine du projet : « Campus N est un projet du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, avec l’Université, la CCI, le FIAF et le vice-rectorat. On a candidaté à l’appel à projets France 2030 métier d’avenir. En concurrence avec de nombreuses collectivités métropolitaines, on a été lauréat ».

 

Campus N 1

 

Intitulé « Construisons ensemble les filières de formation numérique de la Nouvelle-Calédonie de demain », il entend :

  • former une main-d'œuvre qualifiée dans les métiers numériques en forte tension ;
  • accélérer la transition numérique des entreprises et de la fonction publique locale ;
  • structurer durablement la filière de formation sur le territoire.

Le membre du gouvernement a expliqué les ambitions du projet : « Campus N vise à participer à la diversification économique calédonienne en formant des jeunes Calédoniens aux métiers du numérique, tout en s’adaptant aux besoins des entreprises ».

Les trois axes stratégiques du projet

Le projet Campus N déploie un plan d’action massif et concerté sur 36 mois, structuré autour de trois piliers fondamentaux. L’objectif est de passer d’une offre de formation fragmentée à un écosystème numérique unifié, visible et performant.

            Axe 1 : Accompagner l’évolution de l’offre de formation

Cet axe vise à combler le déficit quantitatif et qualitatif de l'offre de formation, en créant de nouveaux parcours et en garantissant une montée en compétences dans les domaines cruciaux du numérique.

Action 1 : Adaptation de l’offre initiale et par alternance

  • Création de nouveaux diplômes : lancement d'une formation Bac+3 d’administrateur d’infrastructures sécurisées par alternance à la CCI, d'une licence MIASHS (Data Analyst) et d’une classe universitaire préparatoire aux grandes écoles (CPGE) à dominante informatique, facilitant l’accès aux écoles d'ingénieurs.
  • Fluidité des parcours : mise en place de passerelles facilitées entre les BTS (CIEL, SIO) et les licences de l’UNC pour augmenter le taux de poursuite d'études jusqu’au niveau Bac+5.
  • Modules transversaux : déploiement de modules courts et essentiels sur l’intelligence artificielle (IA), la cybersécurité et le numérique responsable pour les élèves de BTS, les étudiants universitaires et les alternants.

Action 2 : Formation continue des formateurs et enseignants

  • Montée en compétences experte : organisation d'événements intensifs comme la "Quinzaine de l'IA" et la "Semaine de la cybersécurité", avec l’intervention d’experts externes, pour former les enseignants et formateurs locaux.
  • Référentiel UNESCO : le programme IA s'appuiera sur le cadre de l’UNESCO, visant l'acquisition de compétences à différents niveaux pour garantir une intégration pédagogique réussie de l’IA.
  • Recherche et éthique : un projet de recherche de l’UNC analysera l’appropriation de l’IA par les enseignants, débutant par la rédaction d’une charte d’utilisation de l’IA.

Action 3 : Création de parcours de reconversion et de reclassement

  • Reclassement de salariés : le FIAF met en place un dispositif de reclassement permettant à 20 salariés d’accéder à des parcours diplômants en e-learning dans les métiers du numérique, renforcés par un mentorat et tutorat local.
  • Reconversion demandeurs d'emploi : un parcours de deux mois sera créé, utilisant la plateforme PIX pour l'acquisition d'un socle de compétences numériques, avec pour objectif la reconversion de 75 demandeurs d'emploi sur trois ans, un modèle documenté pour être reproductible.
Gilles Taladoire, maître de conférences en informatique et chargé de mission numérique à l’UNC.

Gilles Taladoire, maître de conférences en informatique et chargé de mission numérique à l’UNC.

 

Axe 2 : Développer une offre de services mutualisée

Cet axe vise à optimiser les ressources et à coordonner les efforts des membres du consortium pour plus d'efficience et de qualité.

Action 4 : Gestion et suivi mutualisés des stages et mobilité

  • Plateforme mutualisée : création d'une plateforme unique pour mettre en relation les étudiants et les entreprises autour d’offres de stages, de projets tutorés et d’études de cas, en coordination avec la CCI et son réseau.
  • Junior Entreprise : mise en place d'un fonctionnement de type « prestation de consultant junior » pour encadrer les projets tutorés et apporter des solutions numériques concrètes aux entreprises non-numériques.
  • Mobilité : désignation d'un référent mobilité pour promouvoir activement les stages à l’international (Erasmus, Australie, Nouvelle-Zélande) et enrichir l’expérience des stagiaires.

Action 5 : Mutualisation de la conception et du déploiement de formations

  • Coordination pédagogique : le coordinateur pédagogique du Campus N pilotera l’ingénierie de formation pour harmoniser les contenus et optimiser la venue d’experts externes.
  • Plateforme LMS : acquisition d’une plateforme LMS (Learning Management System) mutualisée dès 2025 pour centraliser les modules de formation, diffuser les contenus et assurer le suivi des compétences par l'utilisation d'Open Badges.
  • Déploiement PIX : déploiement du dispositif et de la certification PIX à un public élargi (scolaires, étudiants, demandeurs d'emploi, salariés) avec un coordinateur dédié.

Action 6 : Mise en place d’équipements mutualisés

  • Plateaux techniques : partage des plateaux techniques existants des membres du consortium et mise en place d'une plateforme de gestion des ressources partagées.
  • Station N : la Station N est identifiée comme le futur lieu d’accueil et l’établissement support du campus des métiers et des qualifications (CMQ) (voir-ci-dessous), avec la création d’une salle de formation moderne et adaptée aux besoins du marché.

Axe 3 : Renforcer l’attractivité des métiers et des filières

Pour résoudre la tension sur l’emploi, il est indispensable de rendre les métiers du numérique plus visibles et attractifs.

Action 7 et 8 : Promotion et communication ciblées

  • Valorisation des événements : intégration accrue du monde éducatif aux événements phares comme le Hackagou (CTF), le Dataviz Challenge et le salon Numeriboost.
  • Rôle sociétal : mise en avant du rôle du numérique dans la société, notamment via le « Safe Internet Day » et la Semaine du numérique.
  • Diversité et stéréotypes : promotion de la diversité des profils en mettant en lumière des ambassadeurs de la filière et en développant l'adhésion à des associations promouvant la mixité (Elles bougent, Femmes numériques).

Un pilotage collaboratif

La réussite de ce projet repose sur la coopération et la mutualisation des moyens des membres du consortium. Deux instances assureront le suivi de ce projet :

  • un comité de pilotage qui se réunit mensuellement pour assurer le suivi de l'avancement des actions, ainsi que l’ajustement et la validation des indicateurs ;
  • un comité des directeurs/présidents qui, annuellement, valide le plan d’action global et assure la cohérence avec les stratégies internes de chaque structure membre.

Le recrutement d'un responsable de projet Campus N dédié et externe aux structures est prévu. Il assurera la coordination des huit actions réparties sur les trois axes.

Enfin, un processus d’amélioration continue sera mis en place, s'appuyant sur des indicateurs de suivi précis et des enquêtes de satisfaction régulières auprès des apprenants et des entreprises.

Vers un campus des métiers et des qualifications

L'ambition ultime du projet Campus N est sa pérennisation au-delà du financement France 2030 (2028). Les actions menées sur 36 mois sont la phase de structuration qui doit aboutir à la création du campus des métiers et des qualifications (CMQ) dédié au numérique.

  • Labellisation CMQ : le responsable de projet travaillera, dès 2026, à la constitution du dossier de labellisation du CMQ.
  • Structure d'accueil : le futur CMQ sera hébergé au sein de la Station N, qui fournira le support logistique et l'équipement mutualisé (notamment la nouvelle salle de formation numérique).
  • Financement durable : dès 2028, un poste de directeur opérationnel du CMQ sera co-financé par le Vice-rectorat et le gouvernement, garantissant la poursuite des synergies et des actions développées.

En consolidant l’offre, en renforçant l’attractivité et en assurant une gouvernance partagée, Campus N représente l'acte fondateur d'une filière numérique calédonienne solide, innovante et durablement compétitive.

Sur le même sujet