La sécurité en Calédonie, une priorité nationale
À l’occasion de la toute première Conférence nationale pour la sécurité Outre-mer, à laquelle participait le président du gouvernement Philippe Germain, la montée de la délinquance a été au cœur des échanges. En marge de la conférence, le directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur, Bruno Le Roux, a annoncé de nouveaux moyens pour les forces de l’ordre en Nouvelle-Calédonie.
La première Conférence nationale pour la sécurité Outre-mer s’est déroulée lundi 6 mars à Paris, au ministère des Outre-mer. « L'organisation d'une journée entière d'échanges et de réflexions consacrés aux questions de sécurité au sein des Outre-mer revêt à plus d'un titre un caractère inédit », a affirmé Ericka Bareigts, ministre des Outre-mer, qui a souligné l'ampleur de la mobilisation des pouvoirs publics, « jusqu'au plus haut niveau du gouvernement », regard tourné vers le Premier ministre Bernard Cazeneuve.
Plusieurs tables rondes étaient organisées durant la journée : prévention de la délinquance, sécurité routière, Conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance, etc. « Assurer la sécurité partout et pour tous est le premier devoir des pouvoirs publics, a ajouté Ericka Bareigts. L'ambition de cette conférence est de réunir tous les acteurs pour, de manière trans-partisane, avancer ensemble de manière cohérente et pragmatique, et obtenir des résultats concrets ».
Bilan d’étape du Plan sécurité Outre-mer
Rue Oudinot, les échanges entre les différents participants – préfets, parlementaires, magistrats, élus locaux, fonctionnaires de police, militaires de la gendarmerie et représentants d’associations – ont permis de dresser le bilan des actions entreprises dans le cadre du Plan sécurité Outre-mer lancé en juin 2016, et de partager les bonnes pratiques. Tous les acteurs ont insisté sur la nécessité de co-construire les politiques de prévention de la délinquance avec les acteurs de terrain, notamment les associations, pour permettre une adaptation fine aux spécificités et aux enjeux de chaque territoire.
Des moyens supplémentaires pour la Calédonie
Dans le prolongement de la conférence, en fin d'après-midi, une réunion de travail spécifique, entre le directeur de cabinet de Bruno Le Roux et les représentants calédoniens – Philippe Germain, Philippe Michel, président de la province Sud, et Éric Gay, maire du Mont-Dore – a permis de faire le point sur les annonces faites lors du dernier comité des signataires en novembre 2016. Au total, près de 130 gendarmes (75) et policiers (53) ont déjà rejoint la Nouvelle-Calédonie en moins de six mois. Par ailleurs, l’antenne GIGN (Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale) de Nouméa sera renforcée par un détachement venu de Métropole. L’État a décidé d’autre part de rehausser de 18 à 25 % le taux des subventions accordées aux collectivités pour la construction de casernes de gendarmerie. Une décision qui devrait leur permettre de financer les travaux de celles de Païta, Dumbéa-sur-Mer, Boulari et Bourail.
D’autres moyens supplémentaires devraient être affectés à la gendarmerie, comme une dizaine de véhicules blindés (six commandés en janvier, quatre annoncés pour fin mai) et une caméra thermique bientôt installée sur un de ses hélicoptères. Pour le ministère de l’Intérieur, « la Nouvelle-Calédonie est une priorité nationale ».
Une brigade pour les mineurs
En 2016, pas moins de 2 130 mineurs ont été mis en cause en Nouvelle-Calédonie dans des faits de délinquance, principalement pour des vols. 43 % d’entre eux avaient entre 13 et 15 ans. Des chiffres suffisamment inquiétants pour entraîner la création à Nouméa, au sein de la gendarmerie nationale, d’une unité spécialisée. Une brigade de prévention de la délinquance juvénile (BPDJ) est ainsi opérationnelle depuis le 1er février. Ce dispositif de terrain a démontré son efficacité en Métropole.
Saint-Louis en chiffres
Saint-Louis a évidemment été au centre des échanges entre élus calédoniens et représentants du ministère de l’Intérieur. À ce jour, 70 opérations ont été menées à l’intérieur de la tribu, 160 témoins ont été entendus, 57 personnes placées en garde à vue, 11 incarcérées, 10 placées sous contrôle judiciaire et 18 autres sont en attente de mise en examen, alors que les enquêtes et les investigations se poursuivent. Parallèlement, le haut commissaire mène un travail en collaboration avec les autorités coutumières et le maire du Mont-Dore afin de persuader les individus encore recherchés de se rendre.