Climat détendu au gouvernement
La jeunesse du monde entier était appelée à défiler, ce vendredi 15 mars, pour réclamer aux adultes des actions fortes pour le climat. Un mouvement inspiré par l’adolescente suédoise Greta Thunberg qui, chaque vendredi depuis des mois, brandit seule une pancarte « grève de l’école pour le climat » devant le parlement à Stockholm. En Nouvelle-Calédonie, lycéens et collégiens ont participé à la mobilisation internationale. À Nouméa, le président du gouvernement a échangé durant près de deux heures avec plus d’une centaine d’entre eux.
« Pas de nature, pas de futur », « Quand c’est fondu, c’est foutu », « Ce qui risquait d’arriver a déjà commencé », « Ce n’est pas grave, c’est juste la fin de l’humanité », etc., ce vendredi matin, les pancartes et les slogans ont fleuri sous les fenêtres du gouvernement. Avec une précision : il s’agit bien d’une grève pour le climat, non pour sécher les cours !
Très vite, près de 120 jeunes venus de tout Nouméa et de sa périphérie grimpent les escaliers de l’immeuble et s’engouffrent dans une salle du premier étage où le président du gouvernement va les recevoir, les écouter et leur répondre précisément. Lycéens et collégiens ne sont pas venus les mains vides, mais chargés de propositions qu’ils déballent pêle-mêle : une taxe carbone sur les émissions de CO2 et les billets d’avion, l’obligation de trier tous ses déchets, une consigne pour les canettes, l’interdiction du suremballage, l’exclusion des 4 x 4 de la ville, des pistes cyclables vraiment séparées de la chaussée, une aide publique pour ceux qui empruntent des moyens de transport doux pour se rendre au travail, l’enseignement de l’écologie dès le primaire, la mise en place de groupes de travail entre politiques et jeunes, etc. Les idées fusent. Les jeunes demandent « de l’action qui générera de l’espoir ».
Un nouveau modèle économique
« Des propositions frappées du bon sens », acquiesce Philippe Germain, qui, après avoir rappelé les progrès spectaculaires effectués en matière de transition énergétique, enchaîne aussitôt : « On peut interdire, réglementer, taxer, pour faire évoluer les choses dans le bon sens. Mais ce ne sera jamais suffisant, on n’ira pas assez vite. Nous, nous proposons d’aller beaucoup plus loin, de construire un nouveau modèle économique autour de la préservation de la biodiversité ». Et d’argumenter son discours en faveur d’un modèle plus juste, plus vertueux et surtout plus durable pour la planète.
L’échange va durer près de deux heures. « Le regard porté par la jeunesse est sans appel, confie le président du gouvernement. Notre rôle est de lui offrir des filières de formation, une économie par lesquelles elle pourra conserver et concrétiser ses idéaux lorsqu’elle s’insérera dans la société, et c’est un vrai pari ».
« On nous a écoutés »
Il y a encore quelques minutes, Mathilda, 16 ans, en classe prépa littéraire au Lapérouse, prédisait qu’on allait tous mourir sacrifiés sur l’autel de la course à l’argent. Elle sort de la rencontre avec le président du gouvernement plutôt rassurée : « Je suis contente qu’on nous ait reçus, c’était franchement pas gagné. On nous a écoutés, sans nous prendre pour des gamins, et je n’ai pas eu l’impression qu’on parlait dans le vide. Après, il faudra voir si les actions suivent derrière. Mais franchement, c’était très, très intéressant ».