Stop à l'e-cigarette chez les ados

Stop à l'e-cigarette chez les ados

03 novembre 2021

Santé et social Jeunesse et sports

L’interdiction de vente des produits de vapotage aux mineurs doit être examinée prochainement par le Congrès de la Nouvelle-Calédonie.

L’interdiction de vente des produits de vapotage aux mineurs doit être examinée prochainement par le Congrès de la Nouvelle-Calédonie.

Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie propose de réglementer le vapotage en interdisant la vente de cigarettes électroniques aux mineurs, ainsi que leur l’utilisation dans les lieux collectifs. Alerté par le développement de la consommation de ces produits chez les jeunes, en particulier les modèles jetables, l’Agence sanitaire et sociale rappelle également l’importance de la prévention. 

Selon le dernier Baromètre santé jeune, réalisé en 2019, près d’un jeune Calédonien interrogé sur cinq déclarait avoir utilisé une cigarette électronique dans les trente derniers jours. Si la proportion augmente avec l’âge, elle représente tout de même 7,2 % chez les 10-12 ans. « Depuis un an et demi, nous avons constaté une augmentation des demandes de rendez-vous concernant les cigarettes électroniques, et plus particulièrement depuis janvier, avec la version jetable », signale Marie-Anne André, psychologue à Déclic. Ce service de consultation pour les jeunes est l’un des dispositifs de prévention en addictologie de l’Agence sanitaire et sociale (lire l’encadré). Ingrid Wamytan, responsable du programme, ajoute : « Les cigarettes électroniques jetables sont très accessibles pour les adolescents. On en trouve dans les stations-services, à côté des bonbons, ou dans les librairies, à des tarifs très abordables. »

Vide juridique à combler

 « Nous avons été alertés par de nombreux parents d’élèves, mais aussi des chefs d'établissement, qui ont signalé le développement de la consommation de cigarettes électroniques devant les établissements scolaires, notamment chez de très jeunes collégiens, dès la 6e, confirme Isabelle Champmoreau, vice-présidente du gouvernement, chargée de l’enseignement. Ces produits sont facilement disponibles à la vente. Il y a donc un vide juridique qu'il faut combler ». Pour y remédier, le gouvernement a arrêté lors de sa séance du 27 octobre, un projet de délibération du Congrès qui vise à interdire la vente de cigarettes électroniques (matériel et liquides) aux mineurs, mais aussi d’interdire le vapotage, à l’instar du tabac, dans les lieux collectifs, tels que les espaces de travail, les établissements scolaires, les transports, les restaurants, etc. Les sanctions pénales encourues seront les mêmes que pour les produits du tabac.

Marketing et dépendances

Dans le viseur de l’Agence sanitaire et sociale, les e-cigarettes jetables avec leurs « couleurs, leurs formes tendance, leurs saveurs de friandises, sont fabriquées pour séduire les jeunes, explique Ingrid Wamytan. Ils n’ont pas conscience de leur dangerosité, contrairement au tabac ». Ni de la présence ou non de nicotine alors que certains modèles affichent un dosage parfois important. « Nous avons eu affaire à des ados dépendants à la nicotine alors qu’ils n’avaient jamais fumé, s’alarme Marie-Anne André. De plus, la consommation, associée à des rituels, finit par créer une dépendance psycho-comportementale. Plus le consommateur est jeune, plus le risque d’avoir des comportements addictifs à l’âge adulte est important ». Ainsi, selon l’Organisation mondiale de la santé, les jeunes consommateurs de produits de vapotage seraient trois fois plus susceptibles de fumer par la suite.

Prévention

La réglementation à venir en Nouvelle-Calédonie est donc une bonne nouvelle pour l’Agence sanitaire et sociale. « C’est un premier pas. En parallèle, il faut mener un gros travail de prévention et d’information auprès des jeunes, des adultes, mais aussi des parents qui sont souvent démunis face aux produits de vapotage ». De même, il conviendrait de distinguer les cigarettes électroniques jetables des vapoteuses classiques, qui peuvent être utilisées comme alternative à la consommation du tabac, pour favoriser son arrêt. En attendant, le projet de délibération prévoyant notamment l’interdiction de vente de ces produits aux mineurs est désormais sur le bureau du Congrès pour examen et adoption.   

 

 

Ingrid Wamytan et Marie-Anne André avec l’une des œuvres « Spot toi bien sans tabac » réalisées par les stagiaires SPOT du GIEP-NC.

Ingrid Wamytan et Marie-Anne André avec l’une des œuvres « Spot toi bien sans tabac » réalisées par les stagiaires SPOT du GIEP-NC. 

« Moi(s) sans tabac »

Pour la deuxième année consécutive, l’Agence Sanitaire et Sociale lance un « défi du moi(s) sans tabac » dont le top départ a été donné le 2 novembre. Objectif ? Inciter le plus grand nombre de fumeurs à participer à ce défi collectif en leur apportant un soutien via la mobilisation de toute la société : professionnels de santé, associations, médias, réseaux sociaux. Dans le cadre de cette opération, un groupe privé Facebook est mis en ligne #NovembreSansTabac. En 2020, ce groupe privé avait enregistré 290 membres, âgé de moins de 18 ans et jusqu’à plus de 65 ans. « Nous avons également prévu des actions et des messages spécifiques sur la cigarette électronique pour cette nouvelle opération », précise Ingrid Wamytan, responsable du programme addictologie à l’ASS.

Déclic quèsaco ?

Déclic est un dispositif qui accueille, accompagne et soutient les jeunes de moins de 25 ans et leurs familles face aux consommations de cannabis, de tabac, de cigarettes électroniques, d’alcool, d’écrans, etc. Les consultations, gratuites, anonymes et confidentielles, sont proposées sur Koné, Koumac, Poindimié, Houaïlou, Bourail, La Foa, Païta, Mont-Dore, Dumbéa et Nouméa.

Pour tous renseignements : tél. : 25 50 78 ; mail : declic@ass.nc