Les perspectives s’éclaircissent pour le BTP

Les perspectives s’éclaircissent pour le BTP

06 décembre 2018

Économie Aménagement du territoire

En 2019, la commande publique devrait fournir plus de la moitié de la commande globale annuelle nécessaire au secteur du BTP pour se maintenir.

En 2019, la commande publique devrait fournir plus de la moitié de la commande globale annuelle nécessaire au secteur du BTP pour se maintenir.

Le gouvernement s’est mis en ordre de bataille pour apporter une visibilité claire et objective sur le carnet de commande du BTP pour 2019 et parallèlement, mettre en place des mesures, adoptées par le Congrès, pour déclencher de nouveau projets dans le secteur privé. Quelque 55,5 milliards de francs de commande publique et parapublique devraient être a minima engagés. 

Ce travail d’envergure a été mené par la cellule BTP (lire l’encadré), mise en place par le gouvernement, qui comprend des représentants des collectivités et des professionnels, couvrant l’ensemble de la chaîne d’activité du secteur (production, architectes, agents immobiliers et promoteurs), afin d’apprécier objectivement la situation. Premier constat pour le président du gouvernement, « la volonté politique forte, exprimée depuis trois ans, de relancer la construction de logements sociaux porte ses fruits ». En effet, la moitié du chiffre annoncé pour la commande publique et parapublique* susceptible d’être lancée au 1er janvier 2019, soit 28 milliards de francs, proviendra de l’activité des bailleurs sociaux qui annoncent la mise en chantier de 1 360 nouveaux logements (contre 737 en 2018). « Cette montée en puissance est une très bonne chose pour le secteur du BTP, mais aussi pour l’accès aux logement des Calédoniens », souligne Philippe Germain.

Des projets sur la longueur

« En 2019, la SIC va entamer plusieurs opérations de 100 à 200 logements », confirme Julie Doiteau, directrice adjointe de la SIC. Des projets lourds qui peuvent être longs à faire aboutir comme le rappelle Benoît Naturel, directeur de la Sem Agglo : « Entre le moment où l’on décide de lancer un programme et celui où les logements sont livrés, il peut s’écouler cinq à six ans. » Pour Jean-Loup Leclercq, directeur du FSH, « la première mission des bailleurs sociaux est d’apporter un toit à ceux qui en ont besoin, mais nous avons aussi un rôle à jouer envers le BTP. C’est un travail en partenariat avec le gouvernement et les entreprises. Grâce aux efforts menés ces dernières années, nous constatons des facilités. Avec 465 logements, les mises en chantier pour 2019 de la FSH n’auront jamais été aussi importantes ».

L’autre moitié des 55,5 milliards de francs inscrits pour 2019 est donc portée par les projets des collectivités. « Nous avons essayé d’être le plus précis possible afin d’indiquer les projets qui vont sortir dans les six mois à un an », assure Camille Kupisz, directeur de la direction des Achats, du patrimoine et des moyens (DAPM).

Relancer la commande privée

Les regards se tournent également vers la commande privée. Pour relancer la construction de logements neufs, le gouvernement a porté quatre mesures devant le Congrès qui ont été votées les 29 novembre et 3 décembre. Il s’agit de la baisse des droits d’enregistrement qui, pour une durée temporaire de trois ans, sont fixés à 0,5 % pour tous les acquéreurs d’un logement neuf. Ce coup de pouce peut générer une économie d’environ 1,05 million de francs sur l’achat d’un bien de 30 millions. Deuxième mesure, l’augmentation du plafond de déductibilité des intérêts d’emprunt, qui passe de 500 000 francs à 1 million, pour les acquisitions effectuées entre 2019 et 2021 dans les communes du grand Nouméa. Ensuite, le régime d’exonération des revenus locatifs (de 50 % sur le Grand Nouméa et de 100 % ailleurs), qui aurait dû prendre fin le 31 décembre 2018, est prorogé pour trois ans. Enfin, le dispositif du prêt à taux zéro (PTZ) a été réorienté uniquement vers la construction dans le Grand Nouméa. « Cette seule mesure est susceptible de générer une demande de 250 logements neufs en 2019, soit une commande supplémentaire de 7 milliards de francs », met en avant Philippe Germain. Par ailleurs, « l’intervention du gouvernement et des députés calédoniens a permis d’une part de prolonger la défiscalisation nationale jusqu’en 2025 et d’autre part d’obtenir la délocalisation en Nouvelle-Calédonie de l’instruction des dossiers de défiscalisation, notamment pour le logement social, réduisant ainsi les délais à quatre mois, contre 18 auparavant », ajoute-t-il. Et de décrocher l’agrément pour des projets majeurs comme le complexe cinématographique MK2 de Dumbéa (2,5 milliards de francs de travaux) ou l’hôtel Hilton Wadra Bay à Lifou (3,4 milliards de francs de travaux), dont la cérémonie de pose de la première pierre a eu lieu le 5 décembre.

* Inclut la Nouvelle-Calédonie, ses établissements publics, les provinces Nord et Sud, les communes de province Sud hors Grand Nouméa, l’État et les bailleurs sociaux.

Une cellule en renfort

La cellule BTP est composée de représentants de la Fédération calédonienne du bâtiment et des travaux publics (FCBTP), de l'Ordre des architectes, de la Fédération des agences immobilières du territoire de Nouvelle-Calédonie (FTAI), de la Confédération de l'immobilier en Nouvelle-Calédonie (CINC), des bailleurs sociaux, des services du gouvernement et de la province Sud. « En 2017, la cellule avait agi à court terme pour aider à débloquer plus d’une trentaine de permis de construire représentant un montant de 25 milliards de francs, rappelle André Boudart, animateur de la cellule au gouvernement. Pour l’année 2018, elle s’est attachée à formaliser un tableau de bord de suivi de la commande publique qui préfigure de ce que pourrait être l’Observatoire des marchés publics souhaité par la Fédération calédonienne du BTP. » 

Les projets en chiffres

Voici des projets menés pour le compte du gouvernement, de ses établissements publics et de l’État, avec les montants engagés pour 2019 :

- la poursuite de la mise aux normes de la route le long de l'aérodrome de Magenta : 300 millions de francs,

- l’extension du Musée de Nouvelle-Calédonie : 400 millions de francs (pour un montant total de 2 milliards de francs),

- le marché de l'aérogare de Koné : 1 milliard de francs,

- le marché de l'aérogare de Lifou : 860 millions de francs (pour un montant total de 1,5 milliard de francs),

- l'aménagement des locaux pour des services du gouvernement au Plexus à Ducos : 380 millions de francs,

- la rénovation de la bibliothèque Bernheim : 1,2 milliard de francs,

- le lancement du chantier du pont de la Dumbéa : 300 millions de francs (pour un montant total de 1,3 milliard de francs),

- le chantier de la cuisine centrale du lycée Petro-Attiti : 300 millions de francs,

- le centre de détention de Koné : 900 millions de francs (pour un montant total de 4 milliards de francs),

- la rénovation des locaux de la DAPM : 600 millions de francs,

- la voie de contournement de la piste de l'aérodrome de Koné : 600 millions de francs,

- la construction de locaux au lycée Escoffier : 850 millions de francs,

- l’école de police de Normandie : 350 millions de francs,

- la construction de nouvelles agences OPT (ZAC Panda et Koné) : 1,2 milliard de francs,

- le chantier du poste 8 au Port autonome : 1,3 milliard de francs,

- le terminal croisière : 1 milliard de francs,

- la fin du chantier du Néobus : 5 milliards de francs.

 

 

 

 

 

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