Un premier bilan post-Cook

Un premier bilan post-Cook

11 avril 2017

Sécurité et prévention

Les inondations n’ont pas épargné la côte ouest, ici la RT1 à la Ouenghi, au niveau des Paillottes.

Les inondations n’ont pas épargné la côte ouest, ici la RT1 à la Ouenghi, au niveau des Paillottes.

Ce mardi 11 avril, l'alerte 2 a été levée dès 6 heures sur l’ensemble du pays. Le cyclone tropical Cook s’est montré un peu moins méchant qu’on ne le craignait. À midi, un premier bilan était dressé. La côte est, là où le cyclone s’est engouffré à l’assaut de la Grande-Terre, a une nouvelle fois payé le plus lourd tribut. Et un septuagénaire, porté disparu, a été retrouvé noyé en fin d’après-midi.

Arbres couchés, routes bloquées, inondations et creeks en crue, Cook aura causé pas mal de dégâts sur son passage, mais un peu moins qu’on ne le redoutait. Une nouvelle fois, la traversée de la chaîne montagneuse a déboussolé le phénomène qui a cessé de gagner en puissance et a accéléré sa course dévastatrice. Entré sur la Grande-Terre à Poindimié après avoir longé Ouvéa, il en est ressorti à hauteur de Moindou, avant de filer plein sud. À 11 heures, redevenu dépression tropicale forte, il se situait à environ 260 km dans le sud sud-ouest de Nouméa et se déplaçait à 20 km/h vers le sud-est.

À 6 heures, l’alerte 2 a été levée sur l'ensemble du territoire et la reprise d'activité a été autorisée dans le cadre de la phase dite de “sauvegarde” qui a duré jusqu’à midi. Le premier bilan faisait état de quatre blessés légers (2 à Poindimié, 1 à Thio et 1 à Ouvéa), avant qu’on apprenne en fin d’après-midi qu’un septuagénaire de Kouaoua venait d’être retrouvé noyé. Au cours de la nuit, 350 personnes ont été accueillies dans les différentes structures communales d'hébergement d’urgence. Les deux adolescentes qui n’avaient pas regagné leur domicile respectif à Païta au cours de la nuit ont été retrouvées. Si aucun dégât majeur n’est à signaler aux Loyauté, les réseaux routiers et d’alimentation en électricité de la Grande-Terre ont fortement été impactés et le réseau routier secondaire de la province Nord a partiellement été coupé.

Dégâts à Canala, Kouaoua, Poindimié…

« Ainsi que nous le pensions, c’est surtout la côte est, là où est arrivé le cyclone, qui a été la plus durement touchée, a indiqué Philippe Germain, même si la côte ouest n’a pas été épargnée, notamment le réseau électrique entre Païta Nord et Moindou ». À 11 h, les communes de la côte est, de Thio à Touho, à l’exception de Ponérihouen et Poro, étaient encore privées d’électricité (voire de téléphone), et à midi les sorties en direction de La Foa et de Thio étaient bloquées à Canala, tout comme la route à horaires. Toujours à Canala, un agent communal est parti en reconnaissance dans deux tribus isolées dont on était sans nouvelles ce matin, alors que 250 personnes étaient coincées dans leur tribu de Nekeiai, à Poya, radiers infranchissables.

À La Foa, la circulation a été rétablie ce mardi matin sur le pont Marguerite, coupé lundi soir. Les pompiers ont déblayé la RT1 à Dumbéa, particulièrement dans le secteur de Tonghoué. Sur la Savexpress, un arbre est tombé au nord de Nakutakoin (dont l’aérodrome et le karting étaient aujourd’hui sous les eaux). Quant à la route des Koghi, elle était encore fermée en début d’après-midi.

 

Trois hélicoptères en reconnaissance

Pour se faire un point précis de la situation et des besoins, le gouvernement a affrété trois hélicoptères, un dans chaque province, avec des techniciens à bord. La direction de la Sécurité civile et de la gestion des risques (DSCGR) a déployé des moyens terrestres sur la côte est, puis un équipage de la Sécurité civile et des hommes des Forces armées (Fanc) se sont rendus au Mont-Dore pour dégager les voies d’accès à la demande de la commune.

Côté monde agricole, on signale d'importants dégâts sur les parcelles, notamment sur la zone située directement sur le passage du cyclone : Bourail, Moindou, Farino et La Foa. Les travaux préparatoires aux ensemencements ont été ravagés dans les secteurs ayant subi une forte montée des eaux.

La capitale, elle, a plutôt été épargnée. Le PC communal qui avait engagé 150 sapeurs-pompiers et policiers municipaux durant toute la nuit a enregistré 526 appels dont 15 ont nécessité une intervention. Près de 40 techniciens des services techniques municipaux sont en œuvre depuis 6 h ce matin pour dégager les voies publiques jonchées de débris végétaux et sécuriser la ville. En raison des fortes précipitations, la baignade a été interdite sur toutes les plages de Nouméa pendant 48 heures.

 

L’action de la DSCGR saluée

À l’heure où Cook continuait de s'affaiblir malgré des vents de secteur ouest assez soutenus, le président Germain saluait « le professionnalisme, la solidarité et l’engagement auprès de la population » de l’ensemble des services de secours et d’urgences (pompiers, Samu, ambulanciers…), techniques (directions du gouvernement, services provinciaux et communaux) et de l’État (gendarmerie, Fanc…) qui ont œuvré à dégager les chaussées, mettre en sécurité les réseaux électriques à terre ou venir en aide aux habitants. Au cœur du dispositif, la DSCGR, et son directeur Eric Backès, qui a assuré la coordination des secours. « Depuis le transfert de la compétence sécurité civile en 2013, elle gérait pour la première fois un cyclone grandeur nature, après des années de préparation théorique, a souligné le président du gouvernement. Elle s’est globalement montrée à la hauteur de la situation, même si de petits détails restent à régler ». Philippe Germain a également tenu à remercier la population pour son comportement citoyen. « Les habitants ont respecté les consignes de sécurité liées à l’alerte 2. Cette nuit, les rues de Nouméa étaient désertes, personne n’est allé faire le tour des baies par curiosité. »

Tout au long de la nuit, gouvernement, Sécurité civile et Météo France ont suivi l’évolution du phénomène.

Tout au long de la nuit, gouvernement, Sécurité civile et Météo France ont suivi l’évolution du phénomène.

Retour à la normale à la Tontouta

Une bonne nouvelle, les tours de contrôle de La Tontouta, Magenta, Lifou et Koné n’ont pas subi de dommages. Aucun dégât non plus constaté sur les pistes. Seule difficulté, l'aérogare de La Tontouta était privée d’énergie. Le problème a été résolu à 13 h et l’aéroport international a pu rouvrir et assurer dès ce mardi soir l’atterrissage des vols en provenance de Melbourne et Wallis et le décollage de celui en partance pour Auckland.

Par ailleurs, depuis ce matin, les équipes d’Enercal et d’EEC sont mobilisées pour assurer le retour à une situation normale. À 16 h, 9 200 clients d’Enercal étaient toujours privés d’électricité. La faute, en partie, à la chute d’une ligne à haute tension à Boghen. À 9 h, 9 484 des abonnés d’EEC étaient eux aussi sans courant, dont 5 921 sur la seule commune du Mont-Dore. À 14 h, les techniciens d’EEC avaient ramené ce chiffre à 4 760 : 2 884 au Mont-Dore, 1 343 à Bourail, 519 à Dumbéa et 14 à Nouméa

Cook, Pam et Erica

Durant l'épisode, on a observé des rafales à 180 km/h à la Montagne des Sources, 165 km/h à Bouraké, 145 km/h sur l'extrême Sud et autour de 120 km/h à Nouméa. Des vents proches de 200 km/h ont très certainement soufflé en dehors des zones de mesure, en particulier sur l'axe Houaïlou-Bourail. Des cumuls exceptionnels de précipitations ont été relevés avec plus de 250 mm en 24 heures sur le sud-est et le relief sud, voire 400 mm en 24 heures sur la région de Thio. Au plus fort du cyclone, la pression enregistrée au centre de Cook s’est élevée à 961 hPa.

À titre comparatif, celle de Pam était descendue à 896 hPa avec des vents soutenus à 270 km/h, lors d’un cyclone qui avait fait seize victimes au Vanuatu les 14 et 15 mars 2015. Lors du passage d’Erica au-dessus de la Nouvelle-Calédonie les 13 et 14 mars 2003, la pression au centre avait atteint 920 hPa et les vents moyens maximum avaient été estimés à 215 km/h avec des rafales pouvant atteindre 320 km/h à l’approche d’un cyclone dont le bilan s’était établi à trois morts, dix blessés graves, 118 blessés légers et 2 500 personnes sinistrées.

 

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